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Le choc des civilisations
Rien n'arrête l'armée bleue et noire de Mourinho. Neuf victoires en onze matchs, meilleure attaque avec 28 buts, sept points d'avance sur son premier poursuivant, la Juve. Ce soir, sur son terrain, l'Inter a l'occasion d'enfoncer un peu plus la Roma. Et de démontrer au reste de la Botte que Milan est la capitale foot du pays.
Allez demander à un Interiste ce qu’il pense d’un Romain : au mieux, un clown, au pire, un provincial. Oui, les Milanais aiment à penser qu’ils sont en réalité LA capitale du pays et que le reste de la Santiag’ n’est que terroir, boue et pire encore, sud. Forcément, un match contre l’équipe dite de la capitale constitue un événement.
Il faut dire qu’un monde entier sépare les deux clubs. À gauche, le méchant Inter. Soit le club plutôt snob de Milan, une ville plutôt snob, supporté par des gens plutôt snob, son président de gauche à lunettes plutôt snob, son génial José Mourinho et ses scudetti remportés avec uniquement des joueurs étrangers. À droite, Rome la populaire, la gouailleuse, sa manie de parler avec les mains, sa propension à raconter des blagues un peu nases et son AS Roma suivie par l’énorme majorité des habitants de la ville éternelle. La Louve n’a pourtant pas le droit de déconner ce soir à San Siro. Sa quatorzième place n’est pas du goût des dirigeants ni des supporters, ses six points d’avance sur le premier relégable encore moins. L’improbable remontée contre Fulham en Europa League (menée 0-1, la Roma est parvenue à remporter le match 2-1) a ramené un peu d’espoir et d’enthousiasme, mais rien de bien consistant avant d’aller affronter l’ogre de la Serie A.
Inutile de préciser que le match a déjà commencé en conférence de presse et dans les différentes gazettes du pays. C’est Ranieri qui a dégainé son colt le premier : « Ils ont la meilleure attaque, nous avons la plus mauvaise défense. Mais nous y allons pour lutter jusqu’à la dernière seconde » . Avant de rendre à Mourinho ce qui appartient à Mourinho : « Nous ne sommes ni amis, ni ennemis, moi je l’ai simplement toujours estimé. C’est un grand entraîneur qui gagne partout où il passe. Les vannes qu’on se fait ? Elles pimentent la vie, mais je n’ai pas envie d’en faire une maintenant » .
Le Mister portugais a préféré laisser la winchester au placard et d’ailleurs, il n’a même pas daigné aller voir les journalistes : cette semaine, Mourinho s’est contenté de travailler dans un secret tout relatif, laisse planer le doute sur une titularisation ou non de Balotelli mais devrait selon toute vraisemblance aligner Sneijder juste derrière Eto’o et Milito, est content d’avoir gagné un match en Champion’s même contre une équipe ukrainienne, se met à parler le dialecte milanais en conf’ avec les journaleux locaux, savoure d’un air aussi hautain que fabuleux les sept points d’avance que compte son équipe sur la Juventus. Bref, José ne se porte pas trop mal, merci pour lui.
Surtout, il n’a pas l’intention de faire de cadeaux à ses adversaires. Sept points de plus que la Juventus, donc, mais aussi que la Samp’, neuf de plus que le Milan AC, quatrième, dix de plus que la Fiorentina, 28 buts pour, 9 buts contre, 11 journées. La machine bleue et noire est lancée, il serait bête qu’elle s’arrête en si bon chemin. Surtout face à ces rigolos de Giallorossi.
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