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Le bordel de Riyad
Absent durant deux semaines en raison d’un transfert avorté à Manchester City, Riyad Mahrez s’est offert sa petite bouderie. Mais Leicester n’aurait quasiment rien à gagner en sanctionnant sévèrement son joueur majeur, qui devrait faire son retour dans le onze de départ en FA Cup.
Voilà quinze jours que ses coéquipiers ne l’avaient pas vu lors d’une séance d’entraînement. Quinze jours que les médias comptaient les heures pour savoir combien de temps encore durerait sa grève. Cette dernière s’est arrêtée le 9 février, date de son retour dans les vestiaires. « Tous les joueurs l’ont accueilli avec un bon feeling » , a assuré Claude Puel, son entraîneur, en conférence de presse. Lui aussi l’a reçu à bras ouverts. Étonnant : en général, un joueur qui fait la gueule et qui se permet de sécher ses heures de boulot en raison de sa mauvaise humeur a le droit à un savon avant, éventuellement, de reprendre sa place dans l’équipe. Sauf que là, c’est différent. Car on parle de Riyad Mahrez. Et qu’il s’agit du joueur phare de Leicester City.
Riyad Mahrez has today returned to training with the #lcfc squad: https://t.co/WbW3QaoB0f pic.twitter.com/SUeLUAguAV
— Leicester City (@LCFC) 9 février 2018
Le talent impatient
Le 9 février correspondait aussi à la veille d’un déplacement à Manchester City comptant pour la 27e journée de Premier League (défaite 5-1 ; une demi-heure de jeu pour Mahrez, remplaçant). Manchester City. La raison même du mal-être de Riyad. À la fin du mercato estival, les Sky Blues ont en effet tenté de recruter l’Algérien. Lequel était très chaud à l’idée de rejoindre le (très) probable futur champion d’Angleterre. Certains médias locaux ont carrément parlé d’une offre de 90 millions d’euros – qui serait en fait plus proche des 70. Proposition refusée par les Foxes, qui en réclament au moins cent.
Devant ces chiffres jugés exagérés et l’impossibilité d’un accord, le natif de Sarcelles a donc pris la mouche. Après avoir demandé son départ depuis deux ans, le garçon estime que c’en est trop. Lui veut évoluer dans une équipe au standing plus huppé que celui de son club actuel, et doit donc digérer la déception. Chose que beaucoup acceptent, à commencer par Kasper Schmeichel. « Je comprends qu’il soit déçu, a compati le portier pour Sky Sports. Je pense que tout le monde sait que Riyad a la capacité de jouer au plus haut niveau, alors je comprends sa déception de ne pas avoir pu rejoindre un club capable de soulever quatre trophées cette saison. »
Une petite tape financière
« Au cours des dix derniers jours, de nombreuses personnes qui prétendent être mes amis ont parlé de moi et de choses dont elles ne savent rien. C’est pourquoi je tiens à préciser que toutes ces prétendues suppositions sur la raison de mon absence sont totalement fausses, s’est défendu Mahrez dans un communiqué sans la moindre excuse ou le moindre regret.Leicester City a toujours été au courant de mes déplacements et avait connaissance de mes pensées, soit directement, soit par l’intermédiaire de mes conseillers. » Reste que Puel, de son côté, a bien reconnu une faute, déclarant que « certains joueurs peuvent commettre des erreurs. C’est la première fois pour lui et c’était une erreur, mais la chose la plus importante est d’aller de l’avant et d’arranger la situation. » Pour la forme, Leicester a tout de même infligé une amende de 273 000 euros, correspondant à deux semaines de salaire, à son employé de 26 ans. Le strict minimum. Mais c’est tout. Alors, pourquoi ne pas l’avoir sanctionné plus sévèrement ?
Tout simplement parce que Leicester n’a rien à y gagner, si ce n’est davantage de crédibilité pour l’entité. D’abord, Mahrez, neuf buts et huit passes décisives toutes compétitions confondues en 2017-2018, demeure toujours, avec Jamie Vardy, l’élément phare de l’effectif des Foxes. « Il est évident que nous sommes plus forts avec notre meilleur joueur, a ainsi très vite rappelé Puel. C’est un joueur fantastique pour nous, pour ses coéquipiers et pour les supporters.(…)Il était important qu’il conserve une bonne forme physique et qu’il revienne rapidement dans l’équipe. Nous avons perdu du temps et il est maintenant primordial de regarder vers l’avenir. »
Incontournable sportivement parlant, celui qui va louper le Mondial 2018 représente également une vraie valeur économique pour le prochain mercato estival. Dans ces conditions, grossir le clash et créer une fracture définitive entre les deux parties en activant les leviers du rapport de force n’aurait pas arrangé grand monde. Et personne n’a envie de voir le meilleur joueur 2016 du Royaume sur la touche. Pep Guardiola encore moins.
Par Florian Cadu