- Coupe de France
- Blanc-Mesnil-FC Nantes
Le Blanc-Mesnil attend les Canaris
Qualifié pour la première fois en 32es de finale de la Coupe de France, le Blanc-Mesnil est tombé sur le FC Nantes. Le club francilien qui a formé Jonathan Biabiany ou encore Raphaël Guerreiro reçoit ce samedi après-midi au stade Bauer, devant les caméras d’Eurosport 2 (coup d’envoi 15h30). Récit de la préparation de la rencontre vécue par le BMSF.
« Quand j’ai appris le tirage au sort ? Je me suis dit :« Oh, la merde ! » » Le 7 décembre dernier, l’entraîneur du Blanc-Mesnil, Alain MBoma (frère aîné de Patrick), vient de recevoir un appel en provenance du Pavillon Cambon-Capucines, dans le 1er arrondissement de Paris. Maxime Bossis, Bernard Diomède et Manuel Amoros ont eu la main lourde : en 32es de finale de la Coupe de France, le BMSF affrontera le FC Nantes. Une affiche de gala pour un club amateur de Division d’Honneur comme la compétition en offre tous les ans. Mais pour le club de Seine-Saint-Denis, c’est une première. C’est même la toute première fois depuis sa création en 1997 que le Blanc-Mesnil Sport Football se hisse à ce stade de la compétition.
Le derby gagné contre Drancy
En réalité, au sein du club, tout le monde se réjouit d’avoir « l’honneur » d’affronter une Ligue 1. Même si « ça aurait été encore mieux de tomber contre le PSG » , rigole le capitaine, Demba Traoré, supporter des Rouge et Bleu à l’instar d’une bonne partie du vestiaire. En 2009-2010, le défenseur était déjà au club lorsque L’Équipe TV avait suivi l’équipe tout au long de la saison dans une série intitulée 93 150 Un autre football. Maillot de la Juve sur le dos, posé dans une chambre exiguë, le même sourire aux lèvres, Demba amorçait le reportage : « Ça fait trois ans qu’on est en DH, tout ce qu’on veut, c’est la montée en CFA 2, sortir de l’Île-de-France. Faut arrêter que notre plus gros déplacement, ça soit Palaiseau (Essonne). » Raté, Le Blanc-Mesnil n’a pas décollé de la DH depuis 2007-08 et pointe actuellement en milieu de tableau (avec deux matchs en moins).
Mais le parcours en Coupe de France confirme la bonne dynamique du moment. La formation séquano-dionysienne (!), composée pour plus de la moitié de joueurs formés au club, est invaincue depuis le 30 août. Entré en lice au 2e tour de la Coupe, le Blanc Mesnil a dû attendre les tirs au but (0-0, 4-5 t.a.b) pour venir à bout de Versailles à l’extérieur au 7e tour, avant de dominer nettement (3-0) Mainvilliers, pensionnaire de DHR en 64es de finale. Le coach et ses adjoints, Mehdi François et Jérémy Maytraud, sont unanimes : le tournant, c’était le derby au 5e tour. « Contre Drancy, j’avais la pression parce que nous avions une série d’invincibilité à préserver » , se rappelle Alain Mboma, arrivé il y a tout juste deux ans. Entre un but refusé et deux cartons rouges dégainés par l’arbitre, Le Blanc-Mesnil domine alors l’équipe de CFA à l’arrachée (1-0) devant ses supporters.
« Chez les petits, le match de Nantes est dans toutes les conversations »
« Malheureusement, contre Nantes, on ne jouera pas tout à fait à domicile » , note Alain MBoma, qui retrouvera tout de même en Bauer une enceinte familière, puisqu’il entraînait le Red Star entre 2009 et 2011. Contrairement aux tours précédents, la tribune latérale du stade Jean-Bouin n’est pas homologuée pour accueillir l’octuple champion de France. Du coup, le club s’est rabattu sur le stade Bauer de Saint-Ouen, à une dizaine de kilomètres. Tandis que des posters de la rencontre tapissent tous les commerces de la ville située à mi-chemin entre la capitale et l’aéroport de Roissy, en début de semaine, la moitié des 3000 billets s’était déjà écoulée (pour 10 euros). « À chaque fois que je sors dans la rue, on me demande des places » , assure l’entraîneur. « Chez les petits, le match de Nantes alimente toutes les conversations » , renchérit Medhi, l’entraîneur des gardiens qui se fait chambrer quand il entre dans le champ de la caméra d’une consœur : « Tu vas passer sur Infosport ! »
Après une semaine de coupure, l’équipe a repris l’entraînement dimanche dernier. Avec forcément un peu d’excitation. « Déjà, tout le monde est à l’heure » , se marre Demba Traoré. « Mais on travaille de la même façon » , explique l’attaquant Fabien Henriet. « Est-ce qu’on analyse beaucoup de matchs du FC Nantes ? Non, on regarde juste Jour de Foot » , poursuit le capitaine. Quand, au début de l’entraînement, les frappes s’envolent, Alain MBoma, bonnet de l’Inter aux couleurs des Blanc-Mesnilois, hausse le ton : « Ayez faim de marquer ! On n’en aura pas 10 000, les gars. » Sur le bord du terrain synthétique (comme à Bauer), Daniel, jogging et petite polaire, ne dit pas autre chose : « On a une chance sur 1000. Ça va être la fête de la Seine-Saint-Denis. Bon moi sur le banc, je vais rester calme, je serai le délégué du match » .
« Il nous laisse faire la fête au jour de l’An, mais… »
À deux soirs du réveillon de fin d’année, l’entraîneur n’est pas du genre à instaurer un couvre-feu au sein du groupe. Au contraire, il souhaite que les joueurs « fassent la fête au jour de l’An » . « Mais il sait qu’on ne la fera pas, coupe Demba Traoré. Contrairement aux joueurs de Ligue 1, c’est un match qu’on attend vraiment. » Petit motif d’espoir, les Canaris sont en panne de victoires sur les sept derniers matchs de Ligue 1. Et ces dernières années, les supporters nantais ont déjà goûté à l’élimination surprise : contre Concarneau (CFA 2) en 2009-10, La Tour d’Auvergne Rennes (DH) en 2011-12 et Épinal (National) en 2012-13.
Comme tous ses coéquipiers, Wesley Ngo Baheng, qui a porté les couleurs de Newcastle pendant trois ans et est devenu une star dans une partie de Football Manager d’un jeune geek anglais, espère une courte victoire du Blanc-Mesnil. « Des fois, on s’ennuie devant la Ligue 1. Mais entre regarder un match de L1 et jouer contre une équipe de L1, il y a un fossé. » S’il marque face à Nantes, le buteur attirera peut-être une nouvelle fois l’attention de Sam Allardyce. En 2007, c’est Big Sam qui l’avait ramené chez les Magpies.
Par Florian Lefèvre, au Blanc-Mesnil