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La sortie de grotte de Latza

Par Côme Tessier
La sortie de grotte de Latza

Eins, zwei, drei. Danny Latza a frappé trois fois ce week-end, pour permettre à Mayence de redresser la tête et enfoncer encore une fois Hambourg dans la crise (3-1). Mais au fait, qui est cet ancien champion d'Europe des U19 habitué à l'ombre ?

Danny Latza est un homme de l’ombre, des cavernes, des égouts. Un homme qui regarde les autres profiter de la lumière. Remarqué dans ses jeunes années pour sa terrible coupe mulet pleine de disgrâce, le joueur de vingt-sept ans n’a jamais trop fait parler de lui. Il préfère jouer au football au gré des transferts à différents échelons du football dans la Ruhr et se fondre dans le collectif comme le « bon joueur d’équipe » que l’on aime avoir dans un groupe, même si son apport ne saute jamais immédiatement aux yeux. Et pourtant, quelques semaines après son retour de blessure, Danny Latza vient de frapper fort : trois buts, trois frappes similaires qui mettent Hambourg KO debout et donnent un sacré coup de fouet à une équipe de Mayence qui en avait bien besoin. Latza est enfin sorti de son trou dans son club actuel, l’espace d’un week-end. Avant cela, il avait disputé vingt-neuf matchs sous le maillot de Mayence sans jamais marquer le moindre but. Mais parfois, les joueurs ordinaires ont aussi le droit à leur quart d’heure warholien.

Un parcours du combattant

À ses débuts, Danny Latza a plutôt une place de choix dans le football. L’enfant de Gelsenkirchen intègre logiquement à ses neuf ans le centre de formation de la Knappenschmiede, l’un des meilleurs d’Allemagne. Mieux, international dans les équipes de jeunes, il est de l’épopée de la bande à Zieler, Gebhart et des frères Bender au championnat d’Europe U19 de 2008. Son premier titre. Le seul. Dans le même temps, il entre pour la première fois en jeu avec Schalke, en Bundesliga, à seulement dix-neuf ans. Sur le terrain de Bochum, les Königsblauen perdent après avoir mené 2-0. À l’heure où il doit intégrer l’équipe professionnelle, sa route est soudainement barrée. La folie des transferts façon Felix Magath ne lui laisse pas sa chance. Avec seulement trois apparitions en pro, il doit se reconstruire au début de la saison 2011/2012 avec Darmstadt, nouveau venu en D3 avec Kosta Runjaic pour entraîneur. Latza résume en janvier 2016 son parcours à la FAZ : « J’ai été souvent blessé, je n’ai joué qu’en Regionalliga et devait beaucoup me battre. Pour moi, tout ne devait pas prendre un chemin si direct. » Avec Runjaic, Latza se trouve un mentor. Son jeu gagne en régularité et prend surtout une tournure étonnamment efficace, puisqu’il inscrit dix buts en deux saisons. Insuffisant pour qu’il ne réagisse autrement qu’avec nonchalance au site liga3-online.de : « Lorsque je vois une chance de marquer un but, je tente le coup, évidemment. » Certaines ouvertures ne sont pas si évidentes.

Recruté par Bochum après 45 minutes d’essai

Si, dans cette interview, il admet vouloir retrouver la Bundesliga « comme n’importe quel autre footballeur » , la suite du parcours de Darmstadt n’est pas forcément rose. La seconde saison de Latza est marquée par des changements récurrents de coach et une relégation en mai. Désormais à Duisbourg, Runjaic reprend Latza sous son aile. Bien évidemment, tout ne se déroule pas sans accroc. Les Zèbres connaissent des difficultés pour l’obtention de leur licence professionnelle, descendent administrativement et Latza n’a plus de club au début de l’été. Bochum, alors en quête d’un remplaçant de choix pour Goretzka (parti à Schalke, tiens tiens), se met sur le coup et le signe de suite après un essai de 45 minutes contre Odense. Grâce à Peter Neururer, l’ancien international s’avère un joueur parfait pour le club, avec une flexibilité à toute épreuve et un amour certain pour le jeu collectif. En deux saisons, Latza réussit enfin son pari de retrouver la Bundesliga, à quelques mois de ses vingt-six ans… sans Bochum, sans Schalke, ni Runjaic. C’est l’heure de sa « deuxième formation » , celle qui doit l’intégrer pour de bon au plus haut niveau.

Dans le groupe de Martin Schmidt, Latza ne s’attend pas à être titulaire. Il se révèle pourtant en trois mois comme un rouage essentiel dans la saison pleine de surprises de Mayence. Lancé très tôt dans le grand bain, contraint de remplacer Fabian Frei blessé au bout de sept petites minutes de jeu, Latza enchaîne les bonnes performances dans un environnement qui lui plaît : « calme » , « très organisé » , « où l’on peut se concentrer sur son travail » et avoir du temps, comme il le dit à la FAZ. Danny Latza y trouve ainsi un terrain favorable, sans pression, pour continuer de s’épanouir sans le stress de la performance collective ou individuelle. Pourtant, un léger détail intrigue : si Mayence atteint la Ligue Europa, lui, le milieu défensif capable de marquer des buts de dingue, fait chou blanc. Toute la saison. La belle montée en régime est même interrompue par une longue période de blessures, avec des adducteurs récalcitrants en pré-saison, façon Marco Reus. Jusqu’en novembre, Latza disparaît. Pour mieux revenir contre Hambourg, avec ce triplé pour sa deuxième titularisation de la saison. « Moi-même, je ne sais pas ce qui s’est passé. Je n’en sais rien. Déjà, je me suis dit au premier,« un but aujourd’hui, super ! »Avec le deuxième, puis le troisième, c’est un sentiment indescriptible. » Bien que discret et joueur sobre sur un terrain, grâce à son parcours en dents de scie et propice aux exploits, Latza ne lasse personne. Encore moins lui-même.

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