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La nouvelle (Ib)ère

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La nouvelle (Ib)ère

Losers éternels du continent européen, les Espagnols ont cravaché durement pour obtenir leur billet pour l'Euro 2008. Après un début plus que navrant et une défaite historique contre les Nord-Irlandais (3-2), les Ibères ont fini en trombe face aux vikings danois et suédois. Pour une fois, donc, la Roja est montée en puissance, avec un jeu parfois séduisant. Ce soir la Seleccion aura donc à cœur de rester crédible face à son éternel bourreau, dans la ville natale d'Antonio Banderas. Analyse de la new wave espagnole.

Le pays de la Liga de las Estrellas, du Real Madrid et du Barça a bien du mal à s’intéresser à une équipe qui a toujours endossé le rôle de perdant magnifique sur la scène internationale.

Si les régionalismes et/ou les nationalismes représentent toujours une raison trop simpliste pour expliquer l’avalanche de débâcles que subit depuis la nuit des temps la Roja, il convient cependant de s’intéresser au véritable problème de cette équipe : le style de jeu.

Et là les choses se compliquent sérieusement, puisque la définition même de style reste pour l’heure un peu floue chez nos chers voisins, qui ont tendance à confondre cette notion essentielle avec l’idée d’attitude. Explications.

Depuis bientôt 58 ans et la victoire contre la perfide Albion en 1950, les Espagnols ont fait de la Furia leur leitmotiv. Or l’ancêtre de la garra ou de la grinta, c’est selon, a créé une confusion dans la manière de jouer de la Roja.

En clair, les Espagnols ont longtemps joué avec leur cœur, alors que leurs principales qualités restent essentiellement techniques. La Furia, sorte de fighting spirit made in Spain, a donc été la seule exception culturelle espagnole au niveau footballistique.

Un héritage assez pauvre qui se caractérisait souvent par un festival d’errements défensifs et une innocence tactique indigne d’une grande nation du football.

Depuis peu, les Ibériques semblent néanmoins avoir compris que la Furia n’était pas antagonique avec le jeu tout en toque. L’Espagne, souvent pointée pour son manque de cojones lors des moments cruciaux, a ainsi réalisé de grands matchs (décisifs) contre le Danemark et la Suède lors des dernières qualifications.

Le maitre-mot depuis quelque temps semble donc être la complémentarité. Il n’y a qu’à voir l’intensité et la virtuosité des actions menées par l’escouade rouge lors des confrontations contre les Nordiques. Deux des six buts marqués lors de ces matchs avaient été amenés après 27 et 45 passes respectivement. Des bijoux et un nouveau style de toque vitaminé, le tiqui-taka.

Tiqui-Taka

La Seleccion d’aujourd’hui, c’est avant tout un mix de théories Cruyfiennes alliées à un zest de créativité sud-américaine. Alors que le toque réside dans une possession de balle à outrance mais stérile, le tiqui-taka correspond à une volonté farouche de faire tourner le ballon toujours vers le but adverse afin de fatiguer l’adversaire, et si possible de le rendre dingue.

Xavi, l’un des métronomes du jeu espagnol, résume à la perfection le style de jeu imposé par Luis Aragones : « Notre nouveau style, c’est d’avoir toujours le ballon, de reprendre le plus rapidement possible la balle à l’adversaire, et de la faire circuler sur toute la surface du terrain pour créer des brèches, notamment sur les ailes. En fait, nous avons repris la philosophie de la Dream Team de Cruyff » .

Ultra doués techniquement, vifs, intelligents dans la lecture du jeu, et en perpétuel mouvement, les Espagnols n’ont pas su cependant gommer les failles du mythique schéma de jeu de l’entraîneur hollandais. La Roja, à l’instar de la dream team de Yohann Ier, continue à souffrir devant l’impact physique, et contre des équipes bien en place qui n’aspirent qu’à placer des contre-attaques meurtrières face à des défenses souvent livrées à elles-mêmes.

Lors de sa prise de fonction, Luis Aragones avait déclaré qu’il comptait s’inspirer du jeu du Barça pour bâtir son équipe. Tout le monde s’était alors bien foutu de sa gueule. Aujourd’hui, il semble que ce soit la seule promesse qu’il ait vraiment tenue.

L’éclosion de la golden baby boom espagnole a obligé le vieux sage à faire confiance à un milieu de terrain élevé à la Masia. Cesc, Iniesta et Xavi se partagent ainsi la distribution du jeu et les tâches défensives. Les trois Barcelonais semblent avoir convaincu depuis peu le septuagénaire de leur complémentarité.

En résumé, Xavi distribue, Iniesta perfore, et Cesc donne de la verticalité au jeu. Le trio est peut-être l’un des meilleurs milieux de terrain du monde. Sur le côté gauche, Aragones a également opté pour le petit mais électrique David Silva (un milieu de terrain qui peut jouer excentré) pour imprimer de la vitesse et de la technicité sur l’aile. David Villa, à l’image de Ronaldinho au Barça, est lui aussi souvent repositionné à gauche lorsque Torres joue seul en pointe (et que Silva est blessé ou absent comme aujourd’hui).

Côté gauche, c’est le déséquilibrant Joaquin qui habituellement occupe le rôle de sniffeur de ligne de touche. Irrégulier, il sera absent ce soir contre la France. Comme le Barça de Rijkaard, qui évolue avec Samuel Eto’o en 4-5-1, l’animation offensive est confiée aux Jugones (les manieurs de ballons) pour alimenter en galettes Fernando Torres ou David Villa, bizarrement peu en vue comme tous ses coéquipiers de Valence cette saison. Au fil du match, la Seleccion peut également évoluer dans un classique 4-4-2, lorsque Riera est titulaire sur le côté gauche à la place de Silva.

La défense, talon d’Achille de la Roja

A vrai dire Aragones a le choix en attaque, comme au milieu de terrain (Bojan, Guiza, Tamudo, Xabi Alonso), mais semble hésiter sur le choix de ses hommes. Les places de titulaires risquent effectivement d’être chères pour l’Euro…C’est en défense que se trouve le vrai point faible de l’équipe. Souvent prise à défaut, les seuls vrais titulaires sont Casillas, Puyol et l’immense Sergio Ramos, replacé sur le couloir droit avec la Seleccion à cause du manque alarmant de talents à ce poste.

Pour accompagner le capitaine blaugrana dans l’axe, Aragones a alors le choix entre la lenteur de Marchena, la maladresse de Pablo, ou l’inexpérience d’Albiol. Côté gauche, Aragones fera débuter demain Fernando Navarro, un joueur qui est loin d’avoir le niveau international. Et c’est un euphémisme…Le vieux fou continue ainsi ses expériences peu convaincantes après avoir placé aux oubliettes le malheureux Pernia et l’éphémère Del Horno.

Encore en chantier à quelques mois de l’Euro, Aragones peine à trouver son équipe type. Une chose est sûre toutefois, il semble plus qu’improbable que Raul participe à la fête cet été. Au nom de la complémentarité de son équipe, il a dejà déclaré que Raul n’avait plus sa place : « Il n’est pas aussi rapide que Torres, ni aussi mobile que Villa, et Iniesta peut parfaitement reproduire ce qu’il (Raul) sait faire de mieux » .

Il y a quelques mois, Aragones, qui n’avait pas été convaincu par les prestations du Merengue lors du dernier mondial, avait demandé à la Fédération espagnole d’organiser un hommage au numéro 7 (décliné par le joueur argumentant qu’il n’était pas à la retraite).

Depuis, les deux hommes ne se parlent plus et ce n’est pas le nouveau DTN, Fernando Hierro, ami et ancien coéquipier du meilleur buteur de l’histoire de la Roja ainsi qu’ennemi de l’entraîneur xéno, qui arrangera les choses.

A vrai dire, la transition est en marche et Raul n’en fait pas partie. Symbole d’une Espagne qui rentre très tôt à la maison lors des grandes compétitions internationales, l’opinion publique ne cesse pourtant de réclamer la présence du meilleur joueur espagnol des vingt dernières années.

Pour camoufler l’affaire, le contradictoire sélectionneur ibérique a donc trouvé la parade en convoquant Albelda, l’habituel titulaire, malheureusement devant la défense (souvent à l’origine d’énormes bourdes !). Une décision polémique puisque le joueur a été écarté du groupe valencian par Koeman…Aragones avait pourtant clamé à qui voulait bien l’entendre que seuls les titulaires auraient l’opportunité de jouer.

En marge de toutes ces polémiques, David Villa a, lui, allumé le premier pétard du match en conférence de presse : « L’Espagne va prendre sa revanche sur la France et lui montrer de quoi elle est vraiment capable » . Du pire ou du meilleur ?

Par Javier Prieto Santos

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