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La Juve est-elle sans rivaux ?

Eric Maggiori
5 minutes
La Juve est-elle sans rivaux ?

Double championne d'Italie, la Juve est en train de préparer sa prochaine saison. Les dirigeants s'activent pour faire venir des grands joueurs et ainsi renforcer l'équipe. Problème, si l'équipe la plus forte est la seule à vraiment se renforcer, quid de la concurrence ?

La vie ressemblerait presque à un long fleuve tranquille pour la Juventus. Championne d’Italie 2012, vainqueur de la Supercoupe la même année, championne d’Italie 2013… La Vieille Dame a retrouvé de sa superbe, après les années post-Calciopoli où elle a dû tout reconstruire. Depuis deux ans, et l’arrivée d’Antonio Conte sur le banc, l’équipe turinoise règne sur le football italien. Les statistiques sont d’ailleurs là pour le confirmer : en deux ans, la Vieille Dame n’a perdu que 9 matchs toutes compétitions confondues : 5 en Serie A, 2 en Coupe d’Italie, et 2 en Ligue des champions. Surtout, sur le plan national, la Juve n’a jamais semblé en danger. Lors de la première saison de Conte, elle a été à la lutte avec le Milan AC, avant de larguer les Rossoneri lors du sprint final. Mais lors de cette deuxième saison, jamais personne n’a été en mesure d’inquiéter l’armada blanche et noire, à tel point que les Napolitains, deuxièmes du classement, ont affirmé à plusieurs reprises que la deuxième place était pour eux « comme un Scudetto » . Le problème (pour les autres), c’est que la Juve ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Après avoir reconquis l’Italie, elle veut reconquérir l’Europe. Et pour ce, elle a l’intention de recruter du lourd cet été. Et comme les autres clubs italiens ne semblent pas avoir les moyens financiers pour faire des folies, le gap risque de se creuser encore un peu plus.

Augmentation de capital

En deux ans, depuis l’arrivée de Conte, la Juventus a dépensé 116,6 millions d’euros sur le marché des transferts (152,9 millions investis pour recruter, 36,3 millions encaissés des ventes de certains éléments). En Italie, aucun autre club n’a été en mesure de dépenser autant, et le club piémontais se place d’ailleurs parmi les premiers investisseurs européens (derrière les intouchables PSG, Chelsea et City) sur cette période. Ceci a été rendu possible par une augmentation du capital de 120 millions d’euros décidé à la fin de la saison 2010/2011, qui s’était ponctuée par une très décevante 7e place. Il faut dire que, contrairement à ses rivaux, la Juve a derrière elle les ressources financières du groupe FIAT. Forcément, ça aide. Cet été, encore, le double champion d’Italie souhaite investir. Si l’effectif semble déjà compétitif, Conte a demandé à ses dirigeants des garanties pour avancer. Et ces garanties portent des noms, bien écrits sur une petite liste.

En tête, celui de Stevan Jovetić. Le Monténégrin va partir de la Fiorentina, c’est désormais une certitude (le type a même été enlevé des photos pour la campagne d’abonnement 2013/2014). À la base, les dirigeants florentins auraient souhaité qu’il évite de partir à la Juve (on se souvient d’ailleurs qu’au moment de renégocier le contrat du joueur, les dirigeants avaient émis l’hypothèse d’inclure une clause qui l’empêche de partir à la Juve), mais les sirènes turinoises semblent trop fortes. Jo-Jo ne devrait assurément pas être le seul. Llorente a déjà été recruté, tandis que les tractations sont déjà bien engagées avec Gonzalo Higuaín. L’Argentin a déjà donné son accord, ne reste plus qu’à se mettre d’accord avec le Real Madrid sur les termes économiques. Lundi matin, le toujours très modéré Corriere dello Sport titrait : « Juve-Higuaín : OUI » . Le deal de base : 25 millions d’euros répartis sur trois ans. Avant de le lâcher, Florentino Pérez attend tout de même de connaître le nom de son nouveau coach. Ne sait-on jamais.

Des choses qui avancent doucement

Mais en réalité, pour le moment, la vraie question que tout le monde se pose, c’est : « Qui va bien pouvoir enquiquiner cette Juventus si souveraine ? » En Italie, comme dans tous les autres championnats d’ailleurs, les habituels prétendants au titre se comptent sur les doigts d’une main. Le Milan AC, l’Inter et le Napoli. Les autres, Fiorentina, Lazio, Udinese et Roma étant pour le moment peu enclins à aller disputer le Scudetto (même s’il faudra faire gaffe à cette Fiorentina de Montella, avec Giuseppe Rossi en plus). Cette saison, la seule formation qui a réussi à tenir le pas de la Juve, c’est le Napoli. Et encore, les Napolitains n’ont jamais été en mesure de réellement inquiéter le leader. Naples va connaître cet été une petite révolution. Mazzarri, qui a ramené le club en haut du football italien, s’en est allé, laissant la place à Benítez. Le coach espagnol ne garde pas un très bon souvenir de sa dernière expérience italienne, mais, qui sait, Naples est peut-être l’endroit qui lui correspond. Sur le marché des transferts, tout est plus ou moins lié au futur de Cavani. Si l’Uruguayen part, Naples aura un joli pactole à réinvestir (on parle d’ailleurs d’un échange avec Fernando Torres). Pour le moment, patience, donc, pour savoir à quoi ressemblera le Napoli de la saison prochaine.

Ensuite, il y a les Milanaises. Les deux seules autres équipes en mesure de emporter le Scudetto lors de la décennie qui vient de s’écouler. Les Rossoneri restent sur une deuxième partie de saison excellente, où ils ont pratiquement marqué le même nombre de points que la Juve. Il faudra repartir de là, avec pratiquement les mêmes hommes, puisque les Milanais ne semblent pas franchement décidés à investir (compte en banque oblige). Les deux vraies recrues, au final, ce sont Balotelli, qui sera là dès le début du championnat, et Allegri, qui a accepté de repartir pour une année. Le point d’interrogation, c’est l’Inter. Le champion d’Europe 2010 sort de deux saisons pourries, et doit repartir à zéro. Pour ce, Moratti s’en remet à Mazzarri, qui a devant lui un sacré chantier. Le coach a l’intention de faire bouger les choses, et de faire venir certains joueurs (on a évoqué Inler, mais aussi l’éternel Paulinho) pour que l’Inter redevienne compétitive. Il faudra surtout récupérer les blessés, dont les absences ont tant pénalisé l’Inter la saison dernière. Pour le moment, donc, les choses bougent au ralenti pour les adversaires de la Juve. Tout bon pour la Vieille Dame, qui fait sa vie de son côté, et se renforce pour d’autres choses. Oui, on l’a compris : double champion d’Italie, c’est bien, mais désormais, le club piémonais veut plus. Et qui dit plus, dit gros parcours en Ligue des champions. Un strict minimum.

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