L1 : L’OM en décompression
En s'imposant contre Saint-Étienne ce dimanche (2-0), Marseille a fait le métier. L'enjeu était hautement important puisque Nancy s'était imposé samedi contre les fantômes monégasques (2-0). Contrat rempli, l'OM revient à trois points des Lorrains. Retour sur une rencontre pas vraiment folichonne.
Bon, il va falloir enfin admettre que cet OM-là ressemble de plus en plus à une équipe de football. Une constance presque surréaliste tant Marseille cultive la schizophrénie footballistique depuis une bonne décennie, rigueur tactique, un jeu qui repose sur des automatismes de plus en plus huilés, des paires qui fonctionnent, des latéraux qui créent le décalage et montent en permanence apporter le surnombre en attaque, et enfin des individualités qui s’épanouissent au service d’un collectif extrêmement solidaire. Pour toutes ces raisons, Marseille fait à nouveau au moins peur sur la scène nationale.
Les résultats parlent d’ailleurs d’eux-mêmes. Sur ses neuf derniers matches à domicile toutes compétitions confondues, l’OM a aligné neuf succès consécutifs, pour une moyenne de buts flirtant avec les 3 unités par match. Et après chacun de ces pions, toujours le même cérémonial, évocation révélatrice de l’état d’esprit prôné par le lion de Rekem. Soit des mômes surexcités qui viennent se jeter dans les bras du pater familias pour lui témoigner leur reconnaissance voire leur profonde affection. Il y a des signes qui ne trompent pas…
Et ce vieux filou de Gerets a pour le moins fait preuve de bon sens ce dimanche après la première mi-temps en demi-teinte voire insipide de ses ouailles, sans doute un peu éprouvées par un calendrier pour le moins démentiel. Car Marseille a mis un certain temps à se mettre en route. En gros une mi-temps. Explication de texte.
Outre Givet, suspendu, Gerets devait se passer de Niang le Terrible et voulait faire souffler Iron Valb après ses 15 rounds disputés en terre moscovite. Et autant dire qu’avec les titularisations de Banga Coupé-Akalé et de Karim Ziani, footballeur claustrophobe masochiste, l’OM a éprouvé un certain mal à emballer le match.
Le premier cité, malgré quelques gri-gri sympas, n’a pas vraiment le profil d’un dynamiteur de défenses tandis que le second n’aligne plus un pied devant l’autre depuis qu’il “eut foulé” la pelouse du Vélodrome. Si quelqu’un a aperçu récemment le talent du joueur algérien, qu’il se manifeste au plus vite auprès de l’office du tourisme de la ville de Marseille. Ça pourrait servir un de ces quatre. Un jeu ultra stéréotypé, sans surprises ; en résumé : je décroche sur la droite-je m’enferme à double tour-je suffoque-et je tente le carreau sur l’oreille de la Bonne Mère.
Quant à Nasri, hormis quelques élégantes foulées, rien de bien transcendant au cours de la première période. Opposez à cela un bloc stéphanois bien en place, et vous imaginerez aisément le genre de première mi-temps proposée par les Marseillais. Pas vraiment du grand spectacle, mais du solide et de l’application.
Et c’est là qu’intervient Maitre Gerets. Il sort à la mi-temps les deux stars du ghetto précitées, et lance le gendarme de Libourne, Mathieu kinder Valbueno. De deux choses l’une : soit ce mec est l’imposture du siècle, soit c’est un génie absolu !
Comment un type taillé de la sorte peut-il être aussi bon ??? 1m42 au garrot, lourd comme un moucheron, la confiserie ludique marseillaise est en outre constamment dévorée par les crampons adverses. Au vrai, malgré un improbable attelage, Valbuena, à l’image de ses stigmates frontales, ne touche pourtant plus terre depuis l’avènement de Gerets, et pourrait même bientôt marcher sur l’eau du port de la cité phocéenne…Resterait pas un peu de schnouff pour les copains ???
Accompagné de Charlie Kaboré, futur parrain du milieu marseillais à n’en pas douter, la meneur (?) de poche va dès son entrée sur le pré insuffler une bonne dose de glucose au jeu des Olympiens.
A la 47ème minute, il sert Nasri dans la surface, qui contrôle pied droit, se monte tranquille la boule et enchaine sur une volée croisée qui vient embrasser la barre du portier vert Viviani.
Dix minutes plus tard, parti comme une petite fouine dans le dos de Sal après un dégagement monumental de Mandanda, le lutin de Libourne exploite l’erreur du défenseur stéphanois et claque un petit extérieur au dessus de Viviani. 1-0.
A la 64ème minute, Tatayet Taiwo, plein axe, tire une seconde cartouche décisive de la tête quasiment à bout portant sur un coup franc magistral de Cheyrou – encore impeccable mais est-il nécessaire de le rappeler – côté droit. La messe est dite. Marseille fait tourner, gère sa fin de match, et peut penser librement à son périple en Chapkasie. Côté stéphanois, ben…pas grand chose à vrai dire exceptée la bonne prestation d’Ilan, sorti à la mi-temps pour cause de Canaïte aigue.
Et si l’OM avait finalement trouvé son vrai rythme ? Les matches des Bleu et Blanc présentent ainsi désormais des airs de vieille ritournelle. Marseille commence ses matchs tranquille avant d’enclencher la vitesse supérieure. En gros, de la 35ème à la 65ème minute, les Olympiens sont souvent irrésistibles, tuent (presque) le match en deux temps, trois mouvements, prennent un pion en fin de rencontre, puis jouent à se faire peur sur les 10 dernières minutes de jeu. Un hobby certes rigolo, mais un tantinet dangereux. Attention toutefois à ne pas trop déconner avec le feu. Il suffirait d’une étincelle…
Par Obafemi Rigatoni
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