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  • Angleterre – Championship – Play-offs – Leicester/Watford

Knock knock Knockaert !

Par Régis Delanoë
Knock knock Knockaert !

Viré du centre de formation lensois parce que trop chétif, relancé à Guingamp par le père Gourvennec, le très convoité Anthony Knockaert a surpris son monde l'été dernier en signant à Leicester, en D2 anglaise. Un gros pari en passe de réussir : il est devenu international espoir, vient d'être élu meilleur espoir du championnat et a qualifié son équipe pour les play-offs d'accession à la Premier League d'un but miraculeux. Attention, gros talent.

Ne parlez pas à Anthony Knockaert du RC Lens, il risque de bêtement s’énerver et franchement ce serait dommage. Car les couleurs sang et or, ça lui évoquera son enfance en centre de formation, pas loin de son Roubaix natal, à lutter contre un corps qui refuse de grandir. Le ch’tio a déjà du ballon, mais à 14 ans, on lui fait comprendre que ça ne suffira pas pour s’imposer au plus haut niveau. Merci, au revoir. Les couleurs sang et or, ça lui évoquera aussi son premier départ avorté pour l’Angleterre, quelques années plus tard. Entre-temps, Knockaert avait séché ses larmes et s’était acharné à croire en son rêve de professionnalisme, quitte à devoir redescendre un temps dans le milieu amateur. D’abord en Belgique, puis retour de l’autre côté de la frontière à Lesquin, où il fait la navette entre les U18 et la A. Parfois deux matchs dans le même week-end. En 2008, Leeds United le fait venir en test, est épaté par le talent technique du Nordiste et souhaite le garder. À 17 ans, Knockaert aussi est partant pour tenter sa chance, même si le club blanc et jaune est à l’époque en grosse galère financière et sportive. Problème : le RC Lens, via la fédé, réclame 130 000 euros d’indemnité de formation (à partager avec Lesquin). C’est trop pour Leeds, qui lâche l’affaire.

Un furieux

Xavier Gravelaine, alors recruteur pour Guingamp, repère ce gamin qui ne demande qu’à s’exprimer au plus haut niveau et convainc les dirigeants bretons de le signer. L’entraîneur de la réserve, Coco Michel, se rappelle avoir vu débouler un forcené de travail, avec une envie de tout casser : « N’importe quel petit jeu que tu lui proposais à l’entraînement, il te le faisait avec un esprit de compétition de furieux. À la fin de certaines séances, il fallait l’obliger à s’arrêter sinon il était toujours actif. J’ai rarement vu un jeune avec une telle rage. » Pour l’ancien capitaine mythique de l’EAG, ce tempérament trouve évidemment une source dans son échec au RC Lens : « Des ados comme lui qui ont une maturité plus lente, malheureusement il y en a plein. La chance d’Antho, c’est d’avoir su transformer sa déception en source de motivation. Il se nourrit de cet esprit de revanche. » Et ne tarde pas à s’imposer en équipe première, d’abord en National, puis la saison dernière en Ligue 2, avec une feuille de stats très encourageante : 11 buts, 4 passes. De quoi attirer les regards de recruteurs français et étrangers. Tout juste champion de France, Montpellier le souhaite, mais Guingamp se montre trop gourmand. Pas grave, une autre offre arrive rapidement sur le bureau du président Desplat, successeur de Le Graët. Bingo, elle vient d’Angleterre.

Milieu inversé

« Le foot anglais, ça a toujours été son truc, il a la mentalité parfaite pour s’y imposer » , affirme Coco Michel. Quatre ans après son faux départ pour Leeds, voici donc « Knocki » avec un contrat signé en faveur de Leicester, contre une indemnité d’1,5 million plus bonus. Tant pis si ce n’est que le Championship, il a encore le temps de songer à la Premier League. Et puis pour un jeune qui a failli voir filer le train du foot pro, l’antichambre de l’élite anglaise a déjà de quoi motiver. Et ça tombe bien, Knockaert carbure à la motivation. Après quelques matchs débutés sur le banc, son entraîneur Nigel Pearson lui offre la possibilité de s’exprimer en tant que titulaire sur le flanc droit du milieu de terrain, dans un dispositif en 4-4-2. À chacune de ses trois premières titularisations, il délivre une passe décisive. Lors de la quatrième à Huddersfield, il inscrit les deux buts de la victoire. Et pas n’importe quels buts : un énorme cachou hors surface d’abord, une aile de pigeon géniale ensuite. « Antho, dans les trente derniers mètres, il est totalement imprévisible, admire Coco Michel. Sa prise de risque est grande et il peut parfois agacer à gâcher quelques occasions, mais il peut aussi marquer ou amener une situation de but à tout moment. Il faut être tolérant avec ce genre de joueurs car ils sont rares. »

Polyvalent à Guingamp, Knockaert s’est stabilisé comme milieu droit à Leicester, où sa patte gauche lui permet d’exprimer au mieux ses qualités de percussion. Devenu international espoir depuis l’an dernier, il est suivi par des clubs de Premier League, notamment Arsenal, Newcastle et Aston Villa. Mais c’est peut-être avec Leicester qu’il découvrira l’élite. En tout cas il a tout fait pour, car c’est lui qui a inscrit le but de la victoire à Nottingham face à Forest, à la dernière minute d’un match décisif pour l’accession aux play-offs. Grâce à cet exploit – Leicester n’avait pas marqué sur cette pelouse depuis plus de quarante ans – les Foxes ont récupéré in extremis la 6e et dernière place qualificative et disputent à partir de ce soir les demi-finales de barrage face à Watford, avant une éventuelle finale de promotion à Wembley face au vainqueur de l’autre demi-finale opposant Crystal Palace à Brighton & Hove. Knockaert a de quoi être motivé : Watford joue en jaune et rouge.

Par Régis Delanoë

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