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Kazuyoshi Miura, le vieux Samouraï

Par Nicolas Jucha
Kazuyoshi Miura, le vieux Samouraï

Le championnat du Japon reprend ce week-end, mais l'événement se joue en seconde division, où la légende Kazuyoshi Miura s'apprête à entamer sa 30e saison professionnelle sous les couleurs de Yokohama FC. À 48 ans, le bel âge.

Jeudi 26 février au centre d’entraînement du Yokohama FC, c’est l’affluence. Le club de division 2 japonaise accueille nombre de journalistes à la fin de l’entraînement pour célébrer l’anniversaire de l’un de ses joueurs. La raison de l’engouement médiatique ? Le joueur en question s’appelle Kazuyoshi Miura et fête ses 48 printemps. Avec seulement deux apparitions la saison passée, l’ancien attaquant international n’est plus tout frais, mais il continue de courir après les records de longévité : 30e saison pro qui s’annonce, et toujours une envie intacte, comme il l’indiquait au Yomiuri Shimbun il y a peu, « ma passion pour le jeu, mon attitude à l’entraînement, rien n’a changé en 30 ans » . Tremble Stanley Matthews, car King Kazu l’a indiqué à la presse : « ce n’est pas clair pour moi où se trouve ma limite » . Traduction, le vétéran n’a pas encore l’intention de raccrocher les crampons même si son temps de jeu diminue drastiquement.

Le joueur qui a inspiré le manga Captain Tsubasa

Pour comprendre le cas Miura, savoir pourquoi un club de D2 continue de le payer pour de la figuration, il faut se pencher sur son passé. Né le 26 février 1967 à Shizuoka, Kazuyoshi a révolutionné le football japonais en partant au Brésil en 1982, à 15 ans, histoire d’apprendre le joga bonito et aussi suivre son père devenu persona non grata dans la mère patrie pour une sombre histoire de drogue (voir So Foot n°121). Sur place, alors que tout le monde lui prédit un fiasco, le Japonais s’intègre et se fait respecter. D’abord à la Juventude de São Paulo, puis à Santos. Pour ses entraîneurs et coéquipiers de l’époque, Kazu Miura est le meilleur joueur asiatique qu’ils aient connu – il faut rappeler que São Paulo compte une grosse communauté nipponne – et surtout, le seul à s’être imposé dans le monde pro. Non sans difficultés, à cause de la barrière de la langue, du déficit physique du Nippon, ou encore de l’esprit de compétition des Brésiliens qui, de l’aveu du Japonais, « se métamorphosaient les jours de matchs » . Quelques prêts, notamment au XV de Jau où il devient le partenaire d’attaque de Sonny Anderson en 1987, et Kazu Miura se fait sa place, jusqu’à faire la Une du journal Placar alors qu’il joue ailier gauche pour Coritiba. On est en 1990, Kazu Miura a réalisé son rêve et même inspiré le personnage d’Olivier Atton dans Olive et Tom (Captain Tsubasa pour les puristes). Yoichi Takahashi, le créateur du manga : « Même si je me suis surtout inspiré de Kempes et Maradona pour les actions fantasques, je voulais vraiment que le personnage d’Olivier Atton ait beaucoup de similitudes avec Kazu Miura, car c’était le premier footballeur japonais à jouer à l’étranger. »

Prophète du football au Japon

Premier footballeur nippon à s’imposer à l’étranger, et donc le premier à revenir au pays en tant que star en 1990 pour le lancement de la J-League. Le Yomiuri FC – actuel Tokyo Verdy – lui offre un pont d’or et l’opportunité de devenir prophète en son pays. Quelques titres de champion du Japon et un sacre en Coupe d’Asie des nations (1992) plus tard, King Kazu a validé l’essai : le football a pris pied dans le Pays du Soleil Levant et l’attaquant a désormais un statut comparable à celui des plus illustres Sumotoris locaux. Il épouse une actrice, vit comme une pop star et enchaîne les performances en club comme en sélection (55 buts en 89 sélections). L’histoire semble parfaite, mais elle compte quelques zones d’ombre qui renforcent la légende : le 28 octobre 1993, alors que le Japon lutte pour disputer la première Coupe du monde de son histoire, Kazu Miura vit aux premières loges la « Tragédie de Doha » , sorte de France-Bulgarie sauce wasabi. Alors que les Blue Samouraï doivent l’emporter sur le Qatar pour valider leur billet pour les États-Unis 1994, ils se font rejoindre au score dans les arrêts de jeu (2-2) et doivent se résoudre à regarder la Coupe du monde à la télé… Quatre ans plus tard, King Kazu participe activement à la campagne de qualification, participe au stage d’avant-Mondial – le premier du Japon -, mais le sélectionneur Takeshi Okada décide de lui faire une « Ibou Ba » . Toujours pas de Mondial pour Kazu Miura, pour qui le train est définitivement passé : en 2002, quand Philippe Troussier emmène le Japon en 8es de finale, l’ancien de Santos a 35 ans et n’est déjà plus dans les plans de la sélection.

Du derby de Gênes au Mondial de futsal

Peu importe, Kazuyoshi Miura a terminé sa mission d’évangélisation, maintenant il se fait plaisir en jouant une saison au Genoa – un seul but, mais lors d’un derby contre la Samp – en Croatie et même en Australie. Histoire de boucler la boucle et de disputer une Coupe du monde, le vieil attaquant se met au futsal en 2012, l’occasion de prendre une rouste en huitièmes de finale avec la sélection japonaise. On se console comme on peut, et visiblement Kazu Miura sait y faire : à 48 ans, il est toujours là, même si ses passements de jambe et ses buts décisifs se font plus rares. Et aux mauvaises langues qui diront qu’il n’est plus vraiment joueur professionnel avec moins de 10 minutes de temps de jeu la saison passée, il lui suffit de montrer son CV : 10 ans au Brésil, 55 buts en sélection japonaise, 157 autres en J-League, et surtout le mérite d’avoir popularisé le ballon rond au Japon en devenant son premier héros. Cela mérite bien de disputer une petite prolongation…

Par Nicolas Jucha

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