- Français de l'Etranger
«Je ne rêve pas de la Ligue 1»
Le passage à l'Ajax de Julien Escudé a suscité des vocations. Pour Edouard Duplan, 26 ans, milieu de terrain au Sparta Rotterdam depuis deux ans, par exemple. Baladé anonymement de banlieue parisienne en CFA jusqu'au jour où...
Le premier article sur toi qu’on trouve sur Google est titré « Edouard Duplan, footballeur-philosophe » . Une explication ?
Ça remonte à quelques années. Je faisais partie de l’équipe de France universitaire et je suivais en même temps des études de philo. J’ai validé mon DEUG puis le premier semestre de la licence mais Clermont m’a fait signer le 31 janvier pour jouer en Ligue 2 et c’est devenu trop compliqué de suivre les cours en même temps. Depuis, je ne m’y suis pas remis, il me manque encore un semestre. Peut-être que je terminerai plus tard, je n’en sais encore rien.
A quoi ressemble la vie dans un club d’Eredivisie ?
Le quotidien n’est pas différent de la France. L’organisation de mon club est complètement pro. On s’entraîne une ou deux fois par jour, match de championnat le week-end, c’est du classique.
Comment un milieu de terrain inconnu de Clermont se retrouve à Roosendaal ?
Rien de compliqué. Clermont descendait en National et moi, je voulais trouver un entraîneur en Ligue 2 qui me ferait confiance. Pas évident du haut de mes 22 ans et ma petite expérience. Un contact de mon agent m’a trouvé une opportunité à Roosendaal qui était en D2 néerlandaise. J’y suis parti dans l’idée de monter. L’équipe tournait bien mais on raté la montée au dernier match de play-off. A la fin de la saison, le Sparta est venu me chercher.
Il existe un fan-club à ton nom. T’es carrément devenu une star ?
C’est un peu bizarre mais pas si étonnant que des joueurs émergent à l’étranger. Quand tu connais le fonctionnement du foot français, tu sais que t’es noyé dans la masse. Il y a tellement de joueurs, de divisions… Je me sens bien aux Pays-Bas où l’individu est davantage mis en valeur. Et puis le jeu d’ici correspond mieux à ma façon de jouer. Tactiquement, les équipes ont une vision assez claire, elles essaient toutes de construire même les dernières du classement qui osent se mettre en danger. Ici, ça joue en 4-3-3 presque partout.
Il paraît que Feyenoord veut te débaucher. La classe non ?
Ça fait plaisir. Bon, l’entraîneur de Feyenoord (Mario Been) a déclaré dans la presse qu’il était intéressé par moi. Après, je ne sais pas du tout ce qui va se passer, je ne connais pas leurs plans pour la saison prochaine. Et je suis encore sous contrat jusqu’en 2011.
Tu joues le milieu de tableau aux Pays-Bas dans un club pas trop dégueu. T’as forcément des échos de France ?
Pas que je sache. Les entraîneurs qui me connaissaient il y a quatre ou cinq ans continuent peut-être de regarder ce que je fais. Mais les recruteurs français ne déplacent pas en Hollande. Il y a régulièrement des Allemands et des Anglais. De toute façon, ce n’est pas ma priorité de revenir un jour en France. Je ne rêve pas de la Ligue 1 même si le niveau est bon.
Ça donne quoi la vie à Rotterdam ?
Quand tu débarques la première fois, tu penses que ce n’est pas une jolie ville. Mais si tu regardes de plus près, c’est vraiment génial : on trouve toutes sortes d’architectures, un quartier ancien qui n’a pas été détruit pendant la Guerre et tout le reste qui a été reconstruit. A première vue, Rotterdam semble chaotique mais j’ai découvert pas mal d’endroits où ça bouge beaucoup grâce aux étudiants, les bars et les restos. Il y a souvent des festivals, pas mal de musées… C’est sûrement la ville hollandaise que je préfère même si Amsterdam reste intéressante.
Et sinon, c’est déjà la fièvre pour le grand départ du Tour 2010 ?
Ah non, pas vraiment. Je n’ai vu ni affiches ni rien.
Les supporters de La Haye sont fêlés, ceux d’Ajax et Feyenoord se mettent sur la gueule dès que possible. Et ceux du Sparta alors ?
C’est différent, ici les supporters forment une sorte de famille. C’est l’ambiance la plus décontractée dans un stade néerlandais. On joue souvent à guichets fermés, devant 11 à 12.000 personnes. Il n’y aura jamais de problèmes. Le Sparta est le plus vieux club du pays. Toute la Hollande connait notre chanson et la chantent quand on se déplace. Ça fait genre « Sparta est le club de Rotterdam » mais je ne te fais pas la mélodie. En gros, il s’agit de narguer Feyenoord qui a beaucoup d’ennemis à travers le pays.
Et justement, le derby entre Sparta et Feyenoord, ça saigne ?
Le truc c’est que le Sparta est trop petit pour faire de l’ombre à Feyenoord donc il nous voit comme un petit frère plus qu’un ennemi. En même, ça fait trois ans de suite qu’on les bat à domicile. Les supporters ont fabriqué une écharpe pour l’occasion ! Dans le pays, personne ne veut voir le Sparta descendre en D2 car ce club a une histoire riche, une atmosphère et suscite le respect.
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