Italie : Milan assez

Bari vient d’accéder à la Serie A. Bari vient surtout de dominer le Milan chez lui. Dans le jeu, les intentions, la possession. Dans tous les aspects de ce jeu qu’on appelle le football. Pour lui, comme il l’a montré aux dépens de l’OM, Milan n’a plus que la réussite, l’expérience, la sérénité et Pippo Inzaghi. C’est déjà pas mal certes, mais ça ne suffit pas toujours. Le Milan ne peut se contenter de jouer (si on peut appeler ça jouer) comme une Juve de série B.

Voir les Rossoneri se faire dominer sur leur pelouse, c’est rare. Bari n’est pas Barcelone. Pourtant le Milan a été bouffé. Obligé de jouer le contre. Incapable de se montrer dangereux, de prendre de vitesse une équipe bénigne, de la déséquilibrer, de la dominer. De la vaincre. Le Milan était dans son camp. Impuissant. Indigne. Incapable. Son meilleur joueur était son gardien, Storari. Sans lui, Bari serait reparti de San Siro avec les 3 points, Milan avec une humiliation. Tant pis pour eux, une défaite aurait peut-être définitivement ouvert les yeux de tous et permis une remise en cause. Quoique, avec le club de Berlusconi, on ne sait jamais. Pas de remise en cause donc. (et puis quelle cause d’abord ?) Les dirigeants ne s’affolent pas. Plusieurs fois annoncés sur le déclin, ils ont toujours fait le dos rond –voire les malins-, avant de revenir au sommet. Question d’ADN, de culture, de mentalité. De pognon aussi. Sauf que là, Berlu n’investit plus. Il semblerait même qu’il en ait plus grand-chose à foutre. Faut dire que les blagues sur Obama, les teufs, les mineurs, les implants, tout ça, ça prend du temps. Faut dire surtout qu’il n’a plus besoin du Milan…

Flavio Roma, Onyewu, Huntelaar. Tu parles d’un mercato. Le Hollandais ne trouve pas ses marques (on va attendre avant d’être méchant et d’affirmer qu’il est nul, et puis bon, on ne sait jamais, on pourrait passer pour des cons). L’Américain lui, ne joue même pas. Et heureusement. Le Milan n’est pas tombé si bas. Mais pas loin. Le physique n’y est plus. Pire, l’envie non plus. A l’image du club, Ronnie n’est plus que l’ombre de lui-même. ne s’agit pas non plus d’une retraite anticipée, il est tout de même titulaire au Milan, mais il le doit bien plus à son standing qu’à ses performances. Merde Ronnie, on t’a tellement aimé… Tête à claques (la ressemblance avec les personnages du programme québécois est tout de même frappante) est le seul à pourvoir sortir le Milan de son apathie. Problème, la sienne est peut-être encore plus grave que celle du club. Et pourtant, Dieu sait que le Milan, toujours classe avec ses joueurs, fait vraiment ce qu’il peut pour ne pas trop accabler R80 et se mettre au diapason de ses médiocres performances. Histoire que ça ne se voit pas trop.

C’est sans doute ça, la véritable explication de la tristesse du jeu lombard. Parce que bon, Inzaghi a tout de même besoin de demi occasions pour marquer. Las, Pato est encore un peu juste. Seedorf commence à faire son âge (43 ans). Pirlo ne supporte plus le moindre pressing. Ambrosini et Gattuso sont limités. Jankulovski et Zambrotta incapables d’animer un couloir. Seules satisfactions, Thiago Siva, Storari donc, et le plaisir de revoir la classe de Nesta sur un terrain. Leonardo est dans la mouise. Il parlait de jouer comme le Brésil de Télé Santana, il passe surtout pour un Télétubbie. Heureusement, il semble avoir du crédit auprès de ses dirigeants. Tant mieux. Quelque part, ça a du bon que Berlusconi s’en tamponne.