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Ils ont marqué le foot africain (60 à 51)

Par Flavien Bories, Mathias Edwards, Romuald Gadegbeku, Christophe Gleizes et Florian Cadu
7 minutes
Ils ont marqué le foot africain (60 à 51)

Après l'Europe et l'Amérique du Sud, voici le classement des joueurs qui ont marqué le football africain. Aujourd'hui, de la 60e à la 51e place.

60. Pierre Ndaye Mulamba

Ou la lutte contre la dictature. Lorsque le recordman de buts dans une Coupe d’Afrique des nations – neuf pions en 1974 – reçoit une médaille de la part de la Confédération africaine de football pour l’ensemble de son œuvre en 1984, l’attaquant retraité voit sa vie virer au drame. En effet, Mobutu Sese Seko, dictateur du Congo qui est alors rebaptisé Zaïre, fait tuer son fils de onze ans devant l’ex-joueur avant de blesser par balle et balancer Mulamba par-dessus un pont. La raison ? Ce dernier a refusé d’offrir sa médaille au président… Retrouvé par des passants, Pierre Ndaye s’en sort et se réfugie en Afrique du Sud. Annoncé invraisemblablement mort en 1998 alors qu’il gagne sa vie en tant que gardien de parking (une minute de silence lui sera même dédiée à la CAN), le vainqueur de la Coupe africaine des clubs champions 1973 et de la CAN a aujourd’hui soixante-huit ans. Toujours debout. FC


59. Mahamadou Diarra

Jean-Michel Aulas et sa clique ont parfois des inspirations sorties de nulle part. Rembobinons la cassette jusqu’au mois de juin 2002. L’Olympique lyonnais vient de remporter son premier titre de champion de France et compte bien le conserver. Marc-Vivien Foé parti, les Gones sont dans l’obligation de lui trouver un successeur. Mais au lieu de recruter un gars sûr, Bernard Lacombe insiste pour faire venir Mahamadou Diarra, anonyme milieu du Vitesse Arnhem. JMA sort les six millions demandés et accueille le Malien. La suite, on la connaît : Diarra marche sur les milieux adverses, forme un superbe triangle en compagnie de Michael Essien et Juninho (sans doute le meilleur entrejeu du monde à l’époque) et accroche cinq Ligue 1. Transféré au Real Madrid, il reste en Espagne cinq années, décrochant deux Liga. Un monstre. FC


58. Sunday Oliseh

Sunday Oliseh, c’est en vrac : quarante sélections avec le Nigeria, un titre de meilleur joueur de la CAN 1994, une médaille d’or à Atlanta, deux participations à la Coupe du monde, un titre de champion avec l’Ajax, un titre de champion avec Dortmund, une finale perdue de Coupe UEFA, un nom à faire la une des magazines, des passages remarqués à Liège, la Reggina, le FC Cologne, puis un bide de huit matchs à la Juventus. Mais dans le cœur des amateurs de football, Sunday Oliseh, c’est avant tout une demi-volée. Celle qu’il envoie à la 78e minute du match contre l’Espagne dans le petit filet de Zubizarreta, qui rentrera la tête basse au vestiaire. Vaincue 3-2 au terme d’un match irrespirable, l’Espagne sera éliminée dès le premier tour de la Coupe du monde 1998. En golf, on appelle ça un super eagle. CG


57. Jacques Songo’o

À l’été 1989, lorsqu’il fait venir du Canon de Yaoundé ce gardien déjà âgé de vingt-cinq ans, Rolland Courbis est persuadé d’avoir déniché un portier de grand talent pour son Sporting de Toulon taillé pour la baston. Un sentiment qui se vérifiera loin du Var, où Jacques Songo’o ne s’imposera jamais. Ce sera le seul échec de la carrière du sosie d’Eddie Murphy. Cédé quatre saisons plus tard au FC Metz, le grand Jacques entame en Moselle un seconde partie de carrière qui le mènera vers les sommets. En Lorraine, il arrache aux tirs au but une Coupe de la Ligue en battant Lyon, avant de s’envoler pour l’Espagne et le SuperDepor. En cinq saisons en Galice, il est élu deux fois meilleur gardien de la Liga, et champion d’Espagne en 2000. Dans le même temps, il est international à quarante-trois reprises avec les Lions indomptables, mais peut nourrir quelques regrets. Victime de la concurrence de Joseph-Antoine Bell, Thomas N’Kono et Alioum Boukar, il remporte les CAN 1988 et 2002 sans jouer, et ne participe en tant que titulaire qu’à une Coupe du monde, celle de 1998. ME


56. Victor Ikpeba

Victor Ikpeba est un précoce. Arrivé en Europe à seize ans, il s’y distingue presque aussitôt. À peine élu Soulier d’ébène (meilleur joueur africain) en Belgique, il s’envole pour Monaco, où Arsène Wenger insiste pour l’avoir. Il y devient l’idole de deux jeunes espoirs, Henry et Trezeguet, et participe à l’épopée du club de la Principauté jusqu’en demi-finales de la Ligue des champions 1998. Mais Ikpeba n’oublie pas les Super Eagles du Nigeria. Il fait partie de l’équipe légendaire qui triomphe lors des JO d’Atlanta en 1996. L’équipe Pro Evolution Soccer du Nigeria, composée entre autres de Babayaro, Babangida, Jay2, et Ikpeba donc, dispose de l’Argentine en finale. Dans la foulée en 1997, Super Victor devient Joueur africain de l’année, avant d’aller deux ans plus tard promener ses accélérations fulgurantes près de la Ruhr, du côté de Dortmund. Pas une grande réussite. Mais la carrière de Victor est faite, et bien faite. Un regret peut-être ? Cette couronne de roi d’Afrique, qui lui manque tant. RG


55. Ahmed Hassan

À ne pas confondre avec les frères Hossam et Ibrahim Hassan, qui ne sont pas de la même famille. Malgré un beau passage en Turquie et en Belgique, ses faits d’armes sont liés à son pays d’origine, l’Égypte. Attention les yeux : le palmarès d’Ahmed Hassan est riche de quatre Coupes d’Afrique des nations (1998, 2006, 2008, 2010). En 2006 et 2010, il en fut même le meilleur joueur. En club ? Trois championnats et deux Ligues des champions de la CAF. Et ce n’est pas fini : du point de vue statistique, le milieu est le recordman absolu de sélections dans le monde, avec 184 capes ! On va s’arrêter là, non ? FC


54 ans. Stephen Keshi

8 juin 2016. Le Nigeria est en larmes. Face à la mauvaise nouvelle, c’est tout un pays qui pleure son Stephen Keshi. Décédé d’un malaise cardiaque au bout de cinquante-quatre trop courtes années, l’ancien défenseur des années 1990 est une idole. Autant pour sa carrière de joueur (65 sélections, une CAN, huitièmes de finale de Coupe du monde 1994) que pour sa carrière d’entraîneur, qui l’aura vu qualifier le Togo au Mondial 2006. Il amena également les Super Eagles en huitièmes de finale de la Coupe du monde 2014 et remporta la CAN un an avant. The Boss, littéralement. FC


53. Samuel Kuffour

Samuel Osei Kuffour et le Bayern Munich, c’est une histoire de cœur. De celle qui ne s’arrête jamais, même si les deux parties sont séparées. Taulier du club allemand pendant plus de dix ans, l’imprenable défenseur compte six Bundesliga et une Ligue des champions dans sa besace. L’aventure devint moins belle dès qu’il quitta le Bayern. Et avec le Ghana, ce ne fut pas non plus la même idylle, malgré la médaille de bronze gagnée aux Jeux olympiques de 1992. Clairement l’un des meilleurs défenseurs centraux que Munich ait connu. Et ce n’est pas rien. FC


52. David Efford Chabala

Sa vie est à la fois belle et tragique. Dix ans en sélection, une troisième place à la CAN en 1990. Gardien, grand artisan de la qualification de son équipe aux JO de 1988 au détriment du Ghana. Quand on demande au dernier rempart des Black Stars son secret, il répond : « Tu dois juste croire en toi-même. » Chabala et l’équipe zambienne, c’est aussi une fin tragique. Pour le deuxième tour des qualifications pour la Coupe du monde contre le Sénégal, le voyage s’effectue en avion et des problèmes de moteur surviennent. Il s’écrase le 27 avril 1993 à 500 mètres des côtes gabonaises. FB


51. Chérif Souleymane

Ballon d’or africain en 1972, Chérif Souleymane est ce que la Guinée a fait de mieux au top niveau. Le chef de file incontesté d’une génération dorée, qui aura roulé sur le continent dans les années 70. Avec son club, le mythique Hafia FC de Conakry, l’attaquant « dur sur le ballon » remporte trois Coupes d’Afrique des clubs champions en 1972, 1975 et 1977. De quoi susciter des intérêts sur le Vieux Continent, même si le transfert en Europe ne se fera jamais, la faute à un imbroglio judiciaire qui le retient au pays. « Partir ne m’a jamais vraiment tenté » , relativisait-il au micro de RFI en 2013 : « Pour la simple raison que j’ai appartenu à une bande de copains. Si on avait quitté le Hafia à l’époque, ça aurait été une trahison. » Les regrets de Chérif sont plutôt à trouver du côté de cette CAN 1976. Invaincus, les Guinéens ne sont plus qu’à quatre minutes de soulever la coupe, grâce à un but de leur héros. Mais à la 86e minute, le Marocain Baba égalise, condamnant le Sily à la deuxième place de la poule finale. Terrible. Chérif le sait : « C’est cette CAN qui manque au palmarès du football guinéen. » Après sa retraite en 1980, l’ancienne gloire du Hafia va de l’avant, avec ambition. Il reprend ses études, entame une carrière d’entraîneur et devient finalement DTN de la Fédération en 2004. Joli… Comme il le dit lui-même : « Grimper n’est pas le plus important. Ce qui compte, c’est de se maintenir au sommet. » CG

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