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Ibra : une dernière danse ?
Un grand joueur de petit match. On serait putassier à souhait, c'est ainsi que l'on qualifierait Zlatan Ibrahimović en Ligue des champions. Un mec qui plante des buts en phase de poules – quand ça ne sert à rien – et qui se rate souvent quand les matchs comptent, c'est-à-dire au printemps. Ce soir, à Stamford Bridge, le numéro 10 du PSG peut changer l'histoire. Son histoire.
Il faut en avoir, pour douter d’un mec qui vient de coller 94 caramels en 119 matchs avec le PSG depuis son arrivée en 2012. Pourtant, ils sont peu à miser sur un but de Zlatan Ibrahimović à Stamford Bridge, ce soir, en huitième de finale retour de Ligue des champions. Quand on papote avec des fans de Paris pour savoir qui fera la différence chez les Blues, on entend du Javier Pastore, du Cavani, du David Luiz et même du Lavezzi. Ibra ? Jamais. Le Suédois n’est pas connu pour briller dans les rencontres à élimination directe. Incroyable pour un mec qui pèse 43 buts en Ligue des champions (en 107 matchs). Seulement voilà, sur les 43 buts, seulement 7 ont été inscrits quand les matchs comptaient pour de vrai (Ibra a disputé 34 rencontres à élimination directe en C1). Pis, il aura fallu attendre six saisons de LDC pour voir son nez se la raconter après un but dans un match à élimination directe. C’était le 23 février 2010 face à Stuttgart, avec la liquette du Barça sur le dos (1-1).
Avant ce but, l’actuel numéro 10 du PSG avait passé dix-sept matchs à chercher la faille comme un vulgaire amateur. Dix-sept matchs disputés avec l’Ajax, la Juventus et l’Inter Milan sans que l’ogive ne trouve la cible. Cela semble presque irréel tant l’homme marche sur l’eau depuis qu’il a rejoint Paname. Dans la capitale, Zlatan a joué 21 matchs de C1 pour 15 buts et 7 passes. Des stats de seigneur qui ne l’aident pourtant pas à faire de lui un crack quand le printemps européen pointe son blase. On doute de lui. Encore. Toujours. Mais au sein du vestiaire, on a envie de croire en son Cyrano. Sur les ondes de RMC, Yohan Cabaye a clamé haut et fort que leur attaquant numéro 1 était dans le coup malgré tout : « Ibra a eu les occasions pour marquer au match aller, mais il n’a pas réussi malheureusement. Là, il va être très motivé. Ça va être un grand match, et les grands joueurs sont toujours là dans les grands matchs. J’espère qu’Ibra sera la clé et qu’il va pouvoir nous qualifier. »
Un buteur de championnat
Au vrai, à bientôt 34 ans, c’est sans doute la dernière fois que Zlatan Ibrahimović aura la possibilité de faire basculer une double rencontre européenne de son côté. Aussi génial et talentueux qu’il puisse être, Ibra n’a jamais joué une finale de C1. Son CV comporte, au mieux, une demi-finale disputée avec le Barça en 2010. C’est mince pour un mec aussi talentueux. Mais voilà, là où CR7, Messi ou Drogba savent se montrer dans les grandes soirées européennes, Ibra n’a jamais su le faire. Même quand il surfait avec l’AC Milan, il a trouvé le moyen de saloper ses deux matchs face aux Spurs de Tottenham en 8es de finale 2011 (0-1, 0-0). Nerveux, planqué, maladroit, inefficace, contre-productif, égoïste, quand la pression monte sur la scène européenne, le natif de Malmö en perd son football. C’est presque un cas d’espèce.
Et si, au fond, Ibrahimović n’était pas fait pour ses soirées européennes. Sinon, comment expliquer qu’un homme avec neuf titres de champions dans 4 pays différents (Pays-Bas, Espagne, Italie, France) puissent à ce point se planquer en Europe ? Après tout, cela coïnciderait bien avec le personnage. Un mec qui ne fait jamais rien comme tout le monde. Qui préfère tenter une aile de pigeon aérienne quand d’autres mettent simplement le crâne pour pousser la balle dans le but vide. Même s’il ne marque pas à Stamford Bridge, ce soir, Ibrahimović laissera une trace unique dans l’histoire du PSG. Mais le Suédois voit toujours plus grand. Et si c’était enfin son heure ? Si son talent ne devait briller qu’une seule fois ? Éliminer José Mourinho, chez lui, avec un but, serait historique. On en oublierait ses ratés précédents et sa blessure de l’an dernier qui l’avait privé du match retour du quart de finale. Car, aujourd’hui, le meilleur match de Ligue des champions du Suédois avec la tunique parisienne n’est pas Anderlecht, ni Lisbonne ou Leverkusen. Non, c’est Barcelone. En 2013. Ce soir-là, le géant avait envoyé ses copains au but par quatre fois. Quatre caviars. Seul Pastore ira au bout. Hasard ou pas, c’est sans doute le meilleur match du PSG à l’extérieur en Ligue des champions face à un cador européen. Une rencontre où Ibra avait été grand. Pour une fois.
Par Mathieu Faure