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Hooligans, d’Est en Sud

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Hooligans, d’Est en Sud

Sorte de « connaissance du monde » à la mode hooligan, la série Hooligans FC continue de nous faire découvrir les bandes de supporters les plus violentes de la planète.

Nous avions laissé Danny Dyer, l’inénarrable présentateur de la série, aux Pays-Bas. Depuis notre précédente chronique, Danny n’a pas chômé. Ces deux dernières semaines, il a mis le cap à l’Est pour deux épisodes saisissants consacrés à la Pologne et à la Russie.

L’occasion de mettre en évidence les diverses facettes de la violence autour du football. L’accent est d’abord mis sur les transformations du comportement des supporters comme des hooligans depuis la chute du bloc communiste. Dans les années 1970 et 1980, les stades, bien que particulièrement contrôlés, pouvaient se muer en lieux d’expression politique, comme à Gdansk, où les violences des supporters étaient ouvertement tournées contre le régime communiste.

Depuis, la motivation politique a disparu ou elle s’est transformée en nationalisme, comme en témoignent les nombreuses croix celtiques accompagnant les tags des différentes firms. Surtout, Danny pointe les formes d’expression opposées que peut prendre le hooliganisme dans un même pays.

D’un côté, la violence haineuse, brutale et armée, illustrée par le derby de Cracovie entre le Wisla et le Cracovia. Affrontements quotidiens, guet-apens dans les cités, attaques aux arrêts de bus, coups de couteaux, écharpes incendiées dans les stades et morts, tel est l’ordinaire glauque de ce derby.

De l’autre côté, les bagarres organisées et réglées (nombre équivalent, pas d’armes, pas d’acharnement) entre bandes rivales affirmant haut et fort leur respect réciproque. Certains hooligans russes parlent de “fair-play”, ces bagarres qui ressemblent fortement à un affrontement sportif avec des groupes se ruant les uns sur les autres après s’être motivés chacun dans leur coin, puis se serrant la main une fois la partie de plaisir achevée comme dans cette vidéo polonaise d’une bagarre en plein champ.

Des formes de violence qui attirent aussi des jeunes femmes comme Svetlana, membre d’une firm féminine de hooligans et par ailleurs adepte du kick-boxing. Au passage, Danny n’épargne pas les polices locales. L’ampleur de leurs dispositifs éloignerait largement la violence des stades. Mais elles confondraient, comme à Cracovie, ultras et hooligans, réprimant pareillement les uns et les autres, et, par leur agressivité excessive, elles envenimeraient certaines situations comme, une fois encore, lors du derby de Cracovie auquel Danny assiste, impressionné.

Après la froideur de l’Europe de l’Est, où il a pu poser en boucle ses deux questions favorites ( « En quoi vous inspirez-vous des hooligans anglais ? » ; « Alors, qu’est-ce qu’on éprouve pendant une bagarre ? » ), Danny s’embarque pour l’Argentine pour la septième étape de la série. Il nous y montre des bandes argentines, les “barras bravas”, au statut quasi professionnel, bien loin de la clandestinité des hooligans anglais. Danny nous entraîne d’abord dans la tribune des “Diablos Rojos” (les diables rouges) de l’Independiente, lors du derby qui oppose leur club au Racing Club de Avellaneda. Belle scène de stade ! Chants, tambours, fumigènes, danses, puissantes gestuelles, descentes de tribune…Quand l’Independiente marque son deuxième but, la barra du Racing, humiliée, provoque la police, jette des projectiles et tente d’envahir le terrain, à la barbe des forces de l’ordre, dont les canons à eau n’ont aucun effet dissuasif : les hinchas du Racing chantent sous les jets d’eau. Au grand dam de la police, mal organisée et débordée.

Danny part ensuite à la découverte de la barra du club de Velez Sarsfield, “La Pandilla” (la bande d’amis), dont les membres l’accueillent, à sa grande surprise, sur le terrain. Ils ont les clés du stade et ont même accès à la salle des trophées ! Danny n’en revient pas : un serveur en tenue va jusqu’à apporter des bières pendant qu’ils discutent sur la pelouse ! Selon les membres de la Pandilla, « Chez nous, il n’y a pas de chef. On est une bande de potes ! » . Y compris le président du club ?

En Argentine, les présidents de clubs sont élus par les supporters, comme en Espagne. Chaque candidat à la présidence d’un club mène campagne comme un homme politique. Contrairement aux groupes Ultras européens, et en particulier français, qui revendiquent une certaine autonomie financière et idéologique par rapport à la direction de leur club, les barras argentines entretiennent des rapports plus étroits avec leurs dirigeants. Et plus ambigus… « Chaque président de club a besoin de sa bande d’agitateurs pour faire le sale boulot à sa place » , souligne l’une des journalistes interrogées : intimider un arbitre, faire pression sur un joueur, menacer les dirigeants adverses, contrôler les trafics et leurs propres supporters, etc.

En échange, la direction du club leur concède de nombreux avantages : billets d’entrée, frais de déplacements et d’avocats, cautions en cas d’interpellation par la police, etc. De vraies « petites mafias » , conclut Danny. Scène récurrente de la série, notre reporter flippe à l’arrière de son van : cette fois-ci, il attend fébrilement celui qu’il appelle le “parrain” des barras ! Alias Rafa, leader de la “Doce” (douze), le plus grand groupe de supporters argentins, du club de Boca Juniors.

Pour le plaisir du frisson, Danny confond parfois les hinchadas (groupes de supporters organisés) et les barras bravas (bandes de hooligans). Témoignant à visage découvert, Rafa évoque, dans une banale pizzeria, le pouvoir politique des barras. Images du bouillant derby Boca-River à l’appui, on le voit orienter la police, planifier l’arrivée des supporters au stade, dont la descente du bus est retransmise à la télé et commentée par les journalistes comme celle des joueurs ! Si Rafa ne minimise pas les faits de violence, il élude cependant certaines questions de Danny : « On lave son linge sale en famille » .

Face à une violence endémique (environ 200 morts liés au football depuis 1939), Danny se demande pourquoi l’Argentine n’applique pas les mesures de sécurité britanniques. Les journalistes interrogés critiquent l’absence de véritable volonté politique, chaque acteur (autorités politiques, dirigeants du football, joueurs) se renvoyant la patate chaude. Mais ils expliquent aussi que la nécessaire lutte contre les violences ne doit pas se faire au détriment de la passion suscitée par le football. Eternel problème de la délicate conciliation entre les impératifs sécuritaires et le souci de préserver l’ambiance festive des stades !

Par Nicolas Hourcade, à l’Est, et Antoine Lech, au Sud.

Hooligans FC tous les lundis soirs à 22h35 sur Discovery Channel.

Rediffusion à 0h20 dans la nuit du samedi au dimanche.

Cette semaine : Argentine.

La semaine prochaine : Brésil.

Précédentes chroniques :

Présentation générale de la série et Angleterre :

Ecosse :

Balkans :

Pays-Bas :

Monaco : trop bon, trop con

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