- C1
- 8es
- Real Madrid-PSG (3-1)
Hala Modrić
Considéré à tort comme un Ballon d’or par défaut en 2018, Luka Modrić vient de démontrer lors de cet affrontement face au Paris Saint-Germain que sa science du jeu était un avantage majeur dans un match à enjeu. Dans le bon tempo pendant tout le match, le Croate a confirmé qu’il était toujours, et ce malgré sa petite taille, un immense footballeur.
La soixante-seizième minute de jeu s’écoule dans le stade Santiago-Bernabéu. Le Real Madrid est virtuellement éliminé de la Ligue des champions, tenu en échec par le Paris Saint-Germain sur sa pelouse. C’est à ce moment précis que Luka Modrić décide de prendre le commandement des opérations. Depuis sa propre moitié de terrain, le numéro 10 des Blancos observe Neymar dans son rétroviseur, prend de vitesse Idrissa Gueye et donne le tournis à Presnel Kimpembe. Le chef d’orchestre envoie Vinicius Junior dans la profondeur, mais continue d’avancer à vitesse grand V malgré ses 36 ans au compteur. Bien lui en prend : le voilà servi de nouveau à l’entrée de la surface. Modrić reçoit, Modrić analyse, puis Modrić régale Benzema d’une passe parfaite dans un espace ultra réduit au sein de la défense parisienne. Grâce à cette offrande, Benzema inscrit le deuxième but madrilène et fait basculer le match dans la folie. Un scénario rendu possible grâce à un meneur de jeu d’un mètre 72. Et non, il n’est ni brésilien ni argentin.
Ambidextrie et élégance
À vrai dire, le natif de Zadar avait déjà prévenu le PSG qu’il était actuellement dans une forme olympique. C’était le week-end dernier lors de la réception de la Real Sociedad, balayée comme un vulgaire sparring-partner (4-1). La Maison-Blanche était déjà menée d’un but, et la Real a fini par mordre la poussière sans avoir la capacité de réagir. Le tournant du match ? Le deuxième but merengue inscrit juste avant la pause par… Modrić, auteur d’une somptueuse frappe du pied gauche dans le petit filet opposé d’Alex Remiro. Le pied gauche, c’est décidément le dada du métronome madrilène ces derniers temps. Lors du choc face aux Parisiens, c’est également grâce à son pied considéré comme faible que Modrić a bien failli ajouter un quatrième but dans la sacoche déjà bien pleine des Parisiens.
Hélas pour lui, sa frappe enroulée est venue tutoyer la lucarne droite d’un Gianluigi Donnarumma complètement hypnotisé (89e). Cinq minutes avant cela, Modrić venait jouer de l’épaule avec un Marco Verratti prêt à tomber dans le panneau de la provocation. Et avant de définitivement peser dans la rencontre par la passe, Modrić avait remplacé au pied levé l’absent Casemiro pour placer un tacle glissé impeccable devant un Leo Messi sans réaction (73e). Si l’objectif est de faire preuve de mauvaise foi, la seule remarque négative sur la partition du Ballon d’or 2018 serait d’avoir fait preuve d’impolitesse vis-à-vis de La Pulga. Comme il y a quatre ans lorsqu’il a été élu meilleur footballeur de l’année, Modrić pourra lire les critiques sur son incapacité à peser par des statistiques dans les matchs qui comptent. Mais la littérature et les chiffres, Modrić n’y a jamais porté une attention particulière. Chez ce type de footballeur, seules les émotions comptent, et on ne parle pas d’âge au moment de les produire. Et ce soir, le Real Madrid a vécu des sensations fortes.
Par Antoine Donnarieix