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Gasperini, des confessions qui font jaser

Par Éric Maggiori
Gasperini, des confessions qui font jaser

Lors d'une interview à la Gazzetta dello Sport, Gian Piero Gasperini a raconté avoir, lui aussi, contracté le Covid-19. Sauf que le coach a précisé qu'il l'avait visiblement eu la veille et le jour du match Valence-Atalanta. Et qu'il avait donc effectué le déplacement en Espagne en étant conscient d'être malade. Ce qui, forcément, provoque un tollé en Espagne, mais aussi en Italie.

Gian Piero Gasperini ne pensait certainement pas recevoir un tel boomerang en pleine tronche. Ce dimanche, la Gazzetta della Sport a publié une interview exclusive du coach de l’Atalanta. Dans celle-ci, le Gasp raconte les trois derniers mois qu’il a vécus à Bergame, l’un des épicentres de l’épidémie Covid-19 en Italie et en Europe.

La veille du match contre Valence, je me sentais mal. L’après-midi, encore pire. C’était le 10 mars.

Surtout, il admet avoir lui aussi contracté le nouveau coronavirus. « Il y a 10 jours, les tests sérologiques m’ont confirmé que j’avais eu le Covid-19, assure-t-il. J’ai développé des anticorps, ce qui ne veut pas dire que je suis immunisé. » Jusque-là, rien de surprenant. Ce sont plutôt les circonstances dans lesquelles l’entraîneur a été malade qui ont provoqué de vives réactions en Italie… et un tollé en Espagne. « La veille du match contre Valence (disputé en Espagne le 10 mars, alors que l’Italie, et surtout la Lombardie, était déjà en plein dans l’épidémie, N.D.L.R.), je me sentais mal. L’après-midi, encore pire. Sur le banc, j’avais vraiment une sale tête. C’était le 10 mars. Les jours suivants, j’ai peu dormi. Je n’avais pas de fièvre, mais je me sentais éreinté, comme si j’avais 40 de fièvre. La nuit, j’entendais des sirènes toutes les deux minutes. Je me disais : « Si je vais là-dedans, que m’arrivera-t-il ? Je ne peux pas partir maintenant, il me reste tellement de choses à faire. » »

Confessions intimes

Nous sommes très surpris du fait que l’entraîneur de l’Atalanta, la veille du match et le jour de la rencontre à Mestalla, était conscient d’avoir des symptômes vraisemblablement compatibles avec le coronavirus et n’a pas pris de mesures préventives.

Derrière ce récit, Gasperini admet donc ouvertement être allé à Valence alors qu’il était malade et qu’il se savait malade. Avec tous les risques sanitaires de contagion que cela peut entraîner. Forcément, le FC Valence, dont l’effectif a été le plus touché d’Espagne par la maladie (dix joueurs et quinze personnes du staff l’ont contracté), a vivement réagi à ces confessions via un communiqué lapidaire. « Nous sommes très surpris du fait que l’entraîneur de l’Atalanta, la veille du match et le jour de la rencontre à Mestalla, était conscient d’avoir des symptômes vraisemblablement compatibles avec le coronavirus et n’a pas pris de mesures préventives. Il a ainsi mis en danger en premier lieu son propre cas, mais aussi ceux de nombreuses personnes pendant son voyage et son séjour à Valence.(…)Ce match a été joué à huis clos, entouré de mesures rigoureuses, de façon à prévenir le risque de contagion, notamment parce qu’ils (les joueurs de l’Atalanta, N.D.L.R.) venaient d’une zone à risque. »

Plus que le FC Valence, c’est, depuis ce dimanche, toute l’Espagne et une grande partie des Italiens qui s’indignent des paroles et du comportement de Gasperini. Car au-delà du témoignage d’un homme qui a logiquement eu peur pour sa santé et pour sa vie, il y a là un véritable aveu de grave négligence. De fait, en Lombardie, le Covid-19 a frappé dès la fin du mois de février (il a d’ailleurs été évoqué à plusieurs reprises que le match aller Atalanta-Valence, disputé à Milan, avait pu être le « match zéro » du coronavirus). Le 8 mars, le Premier ministre, Giuseppe Conte, ordonnait le confinement à l’ensemble du territoire. Le 9 mars, près de 10 000 cas de Covid-19 étaient déjà déclarés en Italie, la plupart en Lombardie, Bergame étant alors en zone rouge. Autant dire que si Gasperini a bien ressenti des symptômes comme de la fièvre, de la fatigue, il ne peut pas ne pas avoir pensé au virus. Et à un moment où l’Italie toute entière se confinait pour ralentir la propagation du virus, lui n’a rien trouvé de mieux à faire que de trimbaler ses symptômes et sa contagiosité dans un autre pays. Sans en avertir qui de droit, qui plus est.

Injures, exclusion et gros mytho ?

Personnage déjà peu apprécié en Italie (l’homme, pas le coach), Gasperini ne va certainement pas faire remonter sa cote de popularité avec ces déclarations. Les réseaux sociaux se sont embrasés avec des milliers de messages injurieux à l’encontre du coach (notamment après que Gianluca Di Marzio a reposté le communiqué du FC Valence), quand les sites espagnols ont pointé « l’irresponsabilité de l’entraîneur de la Dea », allant même jusqu’à demander l’exclusion de l’Atalanta de la Ligue des champions pour « non-respect des normes de sécurité ».

Certains tifosi, encore plus suspicieux, sont même allés jusqu’à remettre en cause la véracité des propos du coach. Avec, à l’appui, une vidéo de l’entraîneur italien en train de danser à l’aéroport après la rencontre.

Autant dire que la semaine qui arrive risque d’être plutôt agitée pour Gasperini. Qui, après la publication de cette interview, va désormais devoir se justifier sur la place publique. Bon courage, mister.

Par Éric Maggiori

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