Franck Jurietti : « A mon âge, je relativise »
Fini l'image du bad boy psychotique déchirant les pelouses de Ligue 1. Fini aussi les prises de bec avec les corbeaux. Franck Jurietti, à 34 ans, n'est pas celui que l'on croit. Non, ce type est bien plus intéressant et bien plus drôle que ça. Posé, détendu, souriant et plein d'humour, « Francky ça glisse » endosse la chasuble du réserviste expérimenté irréprochable, et s'en accommode avec classe. Un vrai bon mec, ce Jurietti, on vous dit.
Tout d’abord, comment va le moral ?
Ça va… et très bien même ! Nous réalisons un bon début de saison, donc tout va bien.
Pas trop dur de ne pas jouer actuellement, parce que ça fait un petit moment que ça dure…
Ben, c’est sûr que l’on a toujours envie de jouer, mais bon, quand j’ai attaqué la saison, je connaissais ma position, et je savais quel rôle j’aurais à tenir. Je savais donc que je ne partirais pas titulaire, et que j’étais là pour remplacer des joueurs s’il y avait des suspendus ou des blessés. A mon âge, je relativise et je prends ça du bon côté. Et vu la fin de saison dernière, je savais à quoi m’attendre. C’est pour cela que je prends ce rôle avec beaucoup de plaisir, et ce, au sein d’un bon groupe. Je me tiens prêt, au cas où l’on aurait besoin de moi.
Lors de l’intersaison, as-tu eu des propositions d’autres clubs ?
Non, non, non… Rien du tout ! Aucune sollicitation.
Alors, l’Équipe de France, c’est définitivement mort pour toi ?
On ne sait jamais… Il y a tellement de surprises (Rires) ! Disons alors en Équipe de France Vétérans, si ça existe !
Tout ça conjugué, regrettes-tu tes dernières vacances ?
Non, non, j’en ai bien profité, et la petite rentrée des classes, ça fait toujours plaisir ! Tout se passe super bien dans le groupe, sachant que l’on travaille dans la joie et dans la bonne humeur.
Quels sont tes potes à Bordeaux ?
Vu mon âge, je côtoie plus Matthieu (Chalmé), Marc (Planus) que je considère un peu comme étant de ma génération, même s’ils sont beaucoup plus jeunes, mais sinon, c’est vraiment un groupe dans lequel tout le monde s’entend bien, que ce soit avec les Brésiliens, les jeunes et les autres. Personnellement, en stage de préparation, j’étais avec Pierre Ducasse. Il y a des affinités, et c’est bien.
La prochaine échéance bordelaise, c’est Nice, ce dimanche soir, en championnat. Comment l’abordes-tu ?
Ben… on est confiants, mais il ne faut pas tomber dans la facilité. Je pense que le groupe l’a bien compris. Nous avons commencé par deux victoires, dont l’une un peu trompeuse face à Lens, car cela a été plus serré que ce que reflète le score, puis l’autre, à Sochaux, où après avoir maîtrisé le match, on s’est un peu mis en difficulté tout seuls. Si l’on garde le même état d’esprit, on peut continuer cette série de victoires (13 consécutives en L1, ndlr). Nous avons un groupe compétitif, qui aime gagner. Après, on sait que Nice a des qualités, et qu’il réalise aussi un bon début de saison. A nous de ne pas perdre de points face à nos rivaux à domicile.
Vas-tu jouer ce match ?
Euh… non, je ne pense pas, il n’y a pas de raison pour que je joue. Mon heure viendra surtout lorsqu’il y aura des enchaînements de trois matches par semaine. Là, il n’y a pas de blessés, tout le monde est prêt, et l’on gagne : donc, non, je ne crois pas !
Bon, l’avantage, c’est que tu es tranquille : les arbitres te foutent enfin la paix !
Oui, mais même moi, je leur fous la paix ! Disons que je traîne un peu une étiquette, même si ce sont ceux qui connaissent moyennement le foot qui pensent ça, et que ceci fait partie du passé ! Mais c’est vrai que quand je prends un peu de recul, c’est surtout moi qui leur ai posé des problèmes en leur râlant dessus… Puis ce n’est pas évident d’être arbitre, c’est vrai, et je le comprends, malgré certaines erreurs parfois flagrantes. Mais c’est comme ça, il faut s’y faire et passer à autre chose.
Justement, autre chose, c’est aussi l’avenir. Quel est le tien ? Comptes-tu faire comme d’autres, en partant jouer au Qatar, voire au Vietnam, à l’image de ton ancien coéquipier Denilson ?
Il n’y a rien de précis pour l’instant, mais j’ai plein d’idées. Tout dépend de mon envie de continuer, des éventuelles blessures, car à mon âge, si une grosse tuile arrive, après c’est dur de repartir. Faut aussi avoir des offres, car c’est bien beau d’avoir envie, mais s’il n’y a aucune proposition, c’est pas terrible ! Donc là, je serais un peu poussé vers la sortie !
Oui, mais tu parlais aussi « d’idées » …
Effectivement, j’ai d’autres idées, hors foot. J’ai récemment monté à Bordeaux un complexe de foot en 5 conte 5 et 4 contre 4, avec Jorkyball aussi, parc enfants et restaurant (qui ouvrira début septembre). Donc, par la suite, je pourrai me réfugier là-dedans. Mais ceci n’est pas mon objectif prioritaire. J’ai également d’autres projets, plus familiaux… Après, sportivement, pourquoi pas oui, aller jouer dans d’autres pays comme les États-Unis, par exemple, voire je ne sais où… A Dubaï, tiens ! Mais je ne suis vraiment pas bloqué là-dessus, car ma priorité, c’est de rester à Bordeaux. On attend, et on verra bien ce qu’il se passera…
Ligue 1, Bordeaux-Nice, 17h
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