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France-Croatie : six milieux sur la mer

Par Mathieu Rollinger
5 minutes
France-Croatie : six milieux sur la mer

Le sort de cette finale pourrait plus que jamais se jouer dans l’entrejeu. Car s’ils sont arrivés jusqu’ici, Français et Croates le doivent beaucoup à leur attelages respectifs au milieu. Certainement les meilleures triplettes de la compétition.

L’esthétisme ne s’oppose pas inéluctablement au réalisme, la puissance ne se départ pas forcément de la finesse, l’intelligence peut aussi trouver un écho dans la hargne. Non, parler de confrontation de style n’induit pas forcément une comparaison binaire des forces en présence. Ainsi, avant la finale de Coupe du monde entre l’équipe de France et celle de Croatie, il serait hasardeux de caricaturer l’un après l’autre deux milieux pour en faire des entités diamétralement opposées. Qu’il s’agisse du trio Modrić-Brozović-Rakitić ou Pogba-Kanté-Matuidi, chacun a au fil des matchs démontré sa complémentarité, son équilibre et surtout son rôle crucial dans le collectif.

Le roi, le cavalier et la tour du Damier

Côté croate, l’artiste Luka Modrić a trouvé son alter ego en la personne d’Ivan Rakitić. Dix ans que ces deux-là se fréquentent en sélection, profitant des 5262 minutes de jeu en commun – soit la bagatelle de 74 matchs – pour affiner leur complicité. Malgré des profils proches, le Madrilène et le Barcelonais ne se marchent pas pour autant sur les pieds. Quand l’un monte pour donner de la couleur aux offensives des Vatreni, l’autre pense toujours à compenser pour couvrir et laisser la folie créatrice du premier s’exprimer. Pas étonnant, donc, de les voir émarger à plus de dix kilomètres parcourus par match en moyenne depuis le début de la compétition. Sans compter que si le capitaine Modrić est l’âme de cette équipe, il sait aussi partager une partie de son leadership avec son vice-capitaine : Rakitić. Une osmose parfaite sur laquelle s’est reposé Zlatko Dalić, pensant même qu’installer cette doublette seule au centre du terrain suffirait pour avoir l’emprise sur le milieu.

Une confiance absolue en leurs maîtres à jouer qui les a desservis, notamment contre la Russie. Le moteur de la Croatie semblait en sur-régime, car trop occupé par les tâches défensives pour pouvoir peser devant. Et la solution s’est bien souvent nommée Marcelo Brozović. Le récupérateur de l’Inter, bien qu’en concurrence avec Badelj, Kovačic ou encore Kramarić dans le onze, a été l’homme idoine pour que le Damier retrouve sa régularité. En plus de soulager la paire Rakitić-Modrić des basses œuvres, il s’est illustré en muselant Léo Messi dans un match face à l’Argentine qui est, jusqu’à aujourd’hui, la plus belle performance croate de la compétition. C’est donc probablement avec ces trois-là que Dalić cherchera à perturber la machine française.

Triangle magique

Car si le triangle dalmate est isocèle, celui des Bleus est formé avec des angles plus complexes. Didier Deschamps n’a pas intronisé d’emblée ce dispositif en 4-2-3-1, avec N’Golo Kanté et Paul Pogba composant le 2 et Blaise Matuidi étant placé sur la gauche de la ligne de 3. Tolisso a été essayé dans un milieu à plat, mais c’est lors du match face au Pérou que la Dèche a trouvé sa formule. Avec le joueur de Chelsea en sentinelle infatigable à ses côtés, le Mancunien n’est jamais aussi performant que lorsqu’on lui dégage de l’espace face à lui pour sortir la balle en dribble ou en envoyant de belles ouvertures. Positionné plus haut sur le terrain, Blaise Matuidi s’est imposé comme indispensable dans ce rôle de poil à gratter, contenant le côté gauche, mais y apportant aussi de l’impact offensif malgré une qualité technique plus limitée.

Au bout de ça, une complémentarité optimale que cherche à analyser Bernard Genghini, lui, l’ancien membre du carré magique : « Deschamps a choisi cette option justement pour avoir cette sécurité, avec Matuidi qui va défendre beaucoup plus bas que Lemar par exemple. C’est un choix tactique pour aider Hernández à fermer son côté. Après, effectivement, on pourrait attendre plus de finesse technique à ce poste dans les phases offensives, mais ça ne fait rien, Matuidi est un joueur dont vous avez besoin. Surtout qu’il est très complémentaire avec les deux autres milieux. N’Golo Kanté coordonne tout le milieu, assure l’équilibre. Il me fait beaucoup penser à Deschamps et qui n’est peut-être pas assez mis en avant. Paul Pogba fait aussi une très bonne Coupe du monde. Lui, plus il avance, meilleur il est. Alors oui, on pourrait penser que ce milieu manque de créateurs, mais il joue sur d’autres qualités et peut compter sur Antoine Griezmann pour être ce meneur. Et puis, les résultats montrent que Didier Deschamps a trouvé le bon équilibre. »

Premier et ultime test

Que ça soit l’Argentine et son entrejeu en mousse, l’Uruguay où ce secteur de jeu n’est qu’une courroie entre un bloc défensif âpre et une attaque létale, ou encore la Belgique dont les plans ont rapidement été contrecarrés (Fellaini, Witsel et Dembélé n’avaient pas semblé assez accordés ce soir-là), rares sont ceux à avoir tenu tête à ces trois-là. Et ce dimanche au stade Loujniki face à leurs homologues croates, les trois milieux français feront face à une configuration qu’ils n’ont jusqu’ici que très peu connue : devoir ferrailler avec un milieu qui pourra rivaliser techniquement et tactiquement avec eux. La clé peut se trouver dans le domaine physique, où la balance penche du côté bleu de manière intrinsèque, mais aussi au vu des efforts déjà consentis par les Croates avec leurs trois prolongations. Mais le propre des magiciens est de pouvoir bazarder les idées préconçues en un instant. Donc Messieurs, ne les quittez pas des yeux.


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Par Mathieu Rollinger

Propos de Bernard Genghini recueillis par MR

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