le 30/06/2018 à 16:00
Coupe du monde
Diffusion sur
Antoine Griezmann est-il
asado ?
Tout est prêt. Le barbecue est chaud, les bières fraîches, les copains bien installés et la télé savamment mise en évidence pour suivre le match. Bien entendu, beaucoup d’entre eux rêveraient d’être à la place des joueurs, participer à une telle compétition, vivre ces émotions. Il y en a même qui pensent pouvoir faire mieux que ceux qui se décarcassent sur le pré. Mais pour Antoine Griezmann, c’est tout l’inverse. Avant même d’avoir réalisé un match satisfaisant au cours de son séjour russe, l’attaquant français se prend à envier ceux qui sont de l’autre côté de l’écran, préoccupés autant par le score que la cuisson de leur côtelette. Un jeu de dupe où l’on veut toujours ce que les autres ont. Interrogé cette semaine par d’autres sportifs pour le
Figaro sur son « rêve absolu » d’après-carrière, Grizou se verrait «
couper vraiment, [avoir] une petite brioche au niveau du ventre, avec [ses] bières dans la glacière à faire des barbecues et profiter de la vie » .
Une simplicité rafraîchissante, mais qui n’a rien à faire dans une déclaration à deux jours d’un huitième contre l’Argentine. Affront ultime : le garçon joue encore la carte du gringo en vantant les saveurs de l’asado (qui se traduit par « rôti » ou « grillé » ). « Attention, je ne parle pas de saucisses et de merguez. Je vous parle d’un vrai barbecue sud-américain avec de bonnes viandes et des côtes de bœuf. » Bref, une belle promotion pour une spécialité argentine, qu’il a dû découvrir avec ses copains latinos de l’Atlético, à quelques heures de se cogner l’Albiceleste à l’heure du goûter. Si on te dérange Antoine, dis-le, il reste des brochettes au frigo.
Est-ce à bâbord qu’on boîte le plus fort ?
Avec le forfait de Benjamin Mendy et Lucas Hernandez revenant in extremis d’une contracture musculaire, la coque bleue déplore une fuite sur son côté gauche au pire des moments. À l’heure d’affronter les vagues argentines, dans une zone où pourrait naviguer Lionel Messi, mieux vaut que le poste de latéral soit rapidement colmaté. Didier Deschamps a beau assurer que «
Lucas est prêt » , il faudra croiser les doigts pour que la rustine tienne. Le défenseur de l’Atlético a pour le moment été rassurant à chacune de ses sorties et en cas de rechute, c’est tout un équilibre qui devra être repensé.
Certes, l’intérim pourrait être assuré par un des centraux gauchers que sont Presnel Kimpembe ou Samuel Umtiti, chacun ayant déjà été amenés à occuper cette position. Djibril Sidibé pourrait aussi basculer et retrouver le poste qu’il occupait à Lille. Mais seraient-ils capables d’apporter surnombre et écartement en phase offensive, alors que les Bleus devraient évoluer dans un dispositif en 4-2-3-1, avec un Blaise Matuidi plus attiré par l’espace central que par la ligne de touche. Les candidatures sont ouvertes.
Quelle ancienne gloire convier pour le match des tribunes face à Maradona ?
El Diez a fait le spectacle dans le carré VIP à chaque match de l’
Albiceleste. Mais si Diego Armando Maradona se met dans tous ses états, jure à la face du stade entier, semble être possédé et sue lors de chaque action, mettant sa santé en péril, il apporte surtout un vrai supplément d’âme à l’
Albiceleste. Une situation qui oblige la France à organiser la riposte : samedi, il ne faudra pas laisser toute la lumière au
Pibe de Oro et lui flanquer un mec au marquage. Michel Platini
persona non grata, Zinédine Zidane en RTT, Éric Cantona pouvant décider à tout moment de supporter l’équipe adverse, un homme pourrait prendre cette responsabilité : Dominique Rocheteau.
Bien que de nature calme aux côtés des présidents stéphanois au Chaudron, l’Ange vert pourra se rappeler les bons souvenirs du Mondial 1978 en Argentine, lorsqu’il a manifesté son opposition à la dictature de Videla. Un type capable de se frotter à une cause plus grande que lui, trouvant du soutien auprès de Bernard-Henri Lévy et appelant ses coéquipiers à le joindre dans sa lutte (même s’il ne fut suivi que par quatre d’entre eux), pour faire respecter ses convictions humanistes. Bref, un type qui sait porter ses cojones, histoire de ne rien céder sur ce terrain aux chiens de la casse argentins.
Ngolo Kanté donnera-t-il une leçon de management au petit chef Javier Mascherano ?
La continuité, la constance et la confiance se concentrent du côté français en un seul homme : Ngolo Kanté. Tout l’inverse de son homologue argentin Javier Mascherano. À 34 ans, le milieu s’accroche à son titre de
Jefecito alors qu’il ressemble plutôt à un capitaine abandonné depuis le début de la compétition. C’est d’ailleurs sur une de ses erreurs que l’Argentine a failli rentrer à la maison, se faisant avoir comme un bleu sur l’égalisation nigériane quand Balogun s’est effondré dans ses bras.
Ni Kanté ni Mascherano ne portent pas le brassard, mais quand l’un s’octroie le leadership en braillant plus fort que les autres, en surjouant la gniaque avec du sang séchant sur sa joue et pensant tenir sa légitimité en étant une des stars du championnat chinois, l’autre abat une quantité incroyable de travail sans faire de bruit. Un roi sans couronne, adepte d’une gestion horizontale, travailleur de l’ombre, mais qui ne fuira jamais ses responsabilités. Une gestion moderne qui pourrait rendre définitivement désuète celle de l’ancienne école.
Les jokers de luxe seront-ils utilisés ?
Deschamps comme Sampaoli ont la tête dure. Et au moment d’apporter du sang neuf à leur équipe, les sélectionneurs se tournent souvent vers les mêmes hommes. Douzième joueur par excellence pendant ce Mondial, Nabil Fekir est entré trois fois en cours de jeu, toujours à la place de Griezmann, en apportant toute sa technique et sa percussion. Ousmane Dembélé sait lui aussi qu’il aura du temps de jeu pour dynamiter un côté en fin de partie. Le troisième changement varie selon les besoins. En face, c’est Cristian Pavón qui est le plus souvent sollicité, alors que Gonzalo Higuaín vient régulièrement suppléer Sergio Agüero, quand les rôles ne sont pas inversés. En résumé : il y a de la ressource sur les bancs.
Mais deux hommes traînent dans la manche des techniciens et pourraient bien entrer avec fracas sur le terrain pour changer le cours de la partie : Paulo Dybala et Florian Thauvin. Le premier a pu se dégourdir les jambes 22 minutes contre la Croatie quand la partie était déjà jouée. Difficile de comprendre comment il est possible de se passer d’un tel atout. Pour Flotov, la donne est différente puisqu’il n’a même pas pu profiter du match des coiffeurs face au Danemark. Gonflés de frustration et avides de vouloir faire leurs preuves, ils pourraient être redoutables si on daignait leur ouvrir la cage. Et si c’était eux ?
Papu Gómez raconte son mal-être concernant sa suspension de deux ans