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Fluminense, l’autre sens de la fête

Par Maxime BRIGAND

En démonstration face à River Plate cette semaine en Copa Libertadores, le Fluminense de Fernando Diniz est devenu en l’espace d’un an l’un des fiers représentants d’un football qui se définit comme apositionnel. Explications.

Fluminense, l’autre sens de la fête

Le mois de juillet 1982 est celui d’Imagination, mais c’est aussi celui d’un retour de bâton. Le monde du foot danse alors sous un soleil de plomb, en Espagne, et à Séville, un groupe de romantiques s’amuse à en mettre plein la vue à ses victimes. Elle rit en jaune, a dessiné dix buts lors des trois premières rencontres qu’elle a eu à disputer dans ce qui est la douzième Coupe du monde de l’histoire et propose, surtout, un football que son guide, Telê Santana, veut vivant et instinctif. « Il nous a simplement donné la liberté de tenter tout ce qu’on voulait tenter », résumera plus tard Falcao, l’un des cerveaux principaux d’un sélectionneur déboulé sur le banc du Brésil pour prendre la suite de Cláudio Coutinho ayant échoué aux portes de la finale en Argentine quatre ans plus tôt. En d’autres termes, Telê Santana est un type qui n’est pas venu au bord des terrains pour menotter ses joueurs à des rôles fixes, mais plutôt pour réveiller des fondamentaux simples – contrôle, passe, course – chez des artistes (Zico, Socrates, Falcao, Eder, Cerezo) qui ne demandaient que ça. L’ensemble scintille : au Mundial, le Brésil ne laisse jamais le ballon ralentir, fait rêver les suiveurs et réussit dans un premier temps à passer outre le paquet d’occasions mal ficelées par un Serginho posté à l’avant de la machine telêsantanesque. Puis la Seleção confirme face à l’Argentine avant de voir ses faiblesses longtemps masquées lui revenir dans les dents contre l’Italie.

Comme en 1958 et en 1970, le Brésil se voyait réussir un combiné spectacle étoile, mais il va plutôt prendre un vol direct en classe perdants magnifiques alors qu’un nul lui suffisait pour basculer dans le dernier carré. Son erreur ? Avoir cherché à gagner à tout prix un match face à l’Italie d’un Bearzot plus malin que jamais, qui a envoyé Gentile sur le dos de Zico pendant 90 minutes et qui lâchera ces mots après sa capture du monstre : « Les joueurs brésiliens ont cru qu’ils pourraient battre l’Italie facilement en s’amusant, mais c’était une très grave erreur. » Dans son coin, le capitaine Sócrates philosophera : « Il existe une grande tendance à valoriser le succès et les résultats plutôt que l’art et la beauté. La victoire est trompeuse. Celui qui gagne croit qu’il sera aimé comme un demi-dieu. C’est logique de vouloir gagner, mais, moi, je vois la défaite d’un point de vue positif, d’un point de vue humaniste. » Devant son écran, Fernando Diniz a alors huit ans.

La vie apositionnelle

Diniz n’a pas grandi seul, mais avec huit frères autour de lui. Il est ensuite devenu un milieu voyageur chez lui, au Brésil, où il a notamment porté le maillot des Corinthians, de Palmeiras, de Flamengo ou de Fluminense, avant de ranger ses crampons et de devenir coach au début des années 2010 avec un objectif clair et net : suivre les pas de Telê Santana en remettant la créativité des joueurs au centre de son projet de jeu et en réveillant en eux les gosses qui sommeillent. Dans le rapport au foot et aux hommes, il y a du Roberto De Zerbi en Diniz, le premier expliquant, par exemple, un jour dans une interview donnée à El Pais ceci : « Moi, je veux aider les joueurs dans tout ce qui peut les aider à jouer à un jeu où il faut vivre ensemble. Il y a onze personnes qui ont besoin d’une autre pour se coordonner, mais sur le terrain, le choix d’une touche, d’une passe, d’une course, d’un tir, de l’occupation d’une position au détriment d’une autre, je veux qu’il corresponde à 100% aux footballeurs. Dans le football et dans la vie, il y a aujourd’hui beaucoup moins de courage et de personnalité qu’il y a 20 ans, et nous en sommes arrivés là aussi à cause des entraîneurs qui ont voulu des soldats. Quand, via un système, vous ne laissez pas de liberté de choix, de pensée et d’action, avec le temps, vous trouverez plus de soldats et moins de joueurs avec de la personnalité. »

Fernando Diniz, débarqué sur le banc de Fluminense en avril 2022 au bout d’une décennie d’expériences et après un premier passage éphémère au club début 2019, ne veut pas non plus de soldats. Son souhait est plutôt de pousser ses joueurs à s’assembler pour créer, déséquilibrer et avancer sur le terrain comme d’autres montent des escaliers ou grimpent des cols tout en s’écartant des principes du sacro-saint jeu de position qui a dévoré tous les terrains du monde depuis une quinzaine d’années. Diniz, lui, est parmi les représentants d’un autre courant de pensée : un courant qu’il a qualifié lui-même un jour d’« apositionnel » (il est aussi appelé par certains jeu fonctionnel, jeu d’approximations ou même plus récemment relationnisme par le blogueur tactique Jamie Hamilton), qui est partagé au Brésil par Renato Gaúcho (Grêmio) et en Argentine par Lionel Scaloni, mais aussi en Europe par le Real Madrid de Carlo Ancelotti, le Naples de Luciano Spalletti ou encore le Benfica de Roger Schmidt. Mais que veut dire Fernando Diniz, dont l’équipe reste la plus extrême dans sa proposition, par « apositionnel » ? Simple : le Brésilien, comme ses partisans, ne voit pas – ou plus – le football sous le prisme d’un système (Spalletti disait d’ailleurs en octobre dernier que « les systèmes n’existent plus en football » et que « tout dépend plutôt désormais des espaces que l’adversaire vous laisse ») et avance plutôt le désir de voir ses hommes se réunir le plus possible autour d’une zone – celle où il y a le ballon – là où d’autres entraîneurs, comme Pep Guardiola, préfèrent voir leurs joueurs occuper l’espace de façon rationnelle. Si l’espace est relativement fixe dans le jeu de position, il est toujours en mouvement dans le jeu apositionnel.

En partant de cette idée, Diniz, qui accepte de n’avoir qu’une prise relative sur les circuits de son clan et dont la proposition peut être jugée comme bordélique si on la regarde avec les codes du jeu de position en tête, mise sur la créativité individuelle au service du brio collectif : chacun se prend alors par la main pour faire avancer en meute la locomotive, ce qui n’empêche pas Fluminense d’afficher régulièrement un taux de possession de balle dépassant 60%. Cette proximité entre les individus favorise surtout un nombre de passes important (en moyenne, près de 600 tentées par match, pour plus de 85% de réussies) et place pour le moment Fluminense parmi les équipes qui affichent un nombre de buts inscrits très élevé (plus de deux par match). Le bilan global est jusqu’ici très flatteur : sur 67 matchs dirigés, Fernando Diniz a vu ses joueurs en remporter 70% (43) avec 138 marqués et 62 encaissés pour un titre remporté (le championnat de l’État de Rio en balayant brillamment Flamengo 4-1 en finale retour après une défaite 2-0 à l’aller).

 

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Imprévisibilité permanente et connexion émotionnelle

Cette semaine, Fluminense était particulièrement attendu au tournant et passait un test clé en Copa Libertadores face au River Plate de Martín Demichelis. Résultat : Diniz, surexcité dans sa zone technique, a regardé ses joueurs sortir un feu d’artifice (5-1) qui a permis de mettre en lumière tous les pinceaux d’un gang qui s’éclate à faire voler les pots de peinture : le « passe et va » ; l’utilisation fréquente du une-deux ; la densification massive d’une zone du terrain en demandant à l’ailier droit de toujours venir évoluer à proximité de l’ailier gauche et inversement, avec Ganso aussi royal que libre dans son rôle de passeur de plats, ainsi que Germán Cano, utilisé en pointe pour fixer la ligne défensive adverse et jouer la planche ; des rotations incessantes pour griller petit à petit les fusibles adverses en le coinçant contre la ligne de touche… Au bout, Fluminense, qui affiche un 100% de succès après les trois premières journées de Copa Libertadores, a tiré seize fois au but (dont treize tentatives dans la surface de River), généré 3.39xG et reçu un seau de louanges. Tout ça après avoir, entre autres, présenté une qualité précieuse pour briller dans le foot : l’imprévisibilité permanente.

Séquence modèle de ce que peut être le Fluminense de Diniz en phase offensive à la suite d’une attaque placée : alors que Marcelo a sorti le ballon vers Keno et qu’il s’apprête à être retrouvé, Alexsander grimpe d’un cran, Arias – ailier droit sur le papier – se rapproche du côté gauche et Ganso arrive tout doucement pour s’associer avec ses coéquipiers.

Trente secondes plus tard : Samuel Xavier – arrière droit – s’est placé en marquage préventif, alors que ses neuf coéquipiers sont concentrés sur une moitié de terrain.

Dix secondes plus tard, Fluminense est toujours au même endroit et manipule River Plate avec un enchaînement de passes courtes dans l’attente d’une ouverture…

… ouverture qui va finalement arriver : Marcelo fait alors sortir Aliendro du milieu à trois de River et peut trouver Alexsander dans son dos…

… et en une touche, Keno va pouvoir être trouvé et va démarrer sur son côté. Son centre sera repoussé.

Autre séquence, autre facette : celle du Fluminense de Diniz en transition offensive. On note d’abord à la récupération que le bloc est très compact, mais aussi que Ganso demande à ses coéquipiers de temporiser.

Fluminense va alors sortir le ballon côté opposé avec Samuel pendant que Ganso vient s’associer et jouer son rôle de cheville pour assurer la montée des escaliers jusqu’au but adverse…

… il va alors tenir le ballon, temporiser, puis retrouver Samuel lancé…

… avant que Samuel ne cherche Cano en première intention…

… moins de dix secondes plus tard, Fluminense peut s’installer et préparer son attaque placée…

… les une-deux s’enchaînent alors…

… une densité s’est créée, Arias attire Casco et ouvre un espace, Samuel Xavier se prépare à l’attaquer…

… un classique de Ganso : la passe demi-espace. 

Un classique d’ailleurs vu sur le but du 2-1.

Sur plusieurs séquences, comme par exemple sur les relances mi-longues du gardien vers des zones de forte densité pour manger les seconds ballons (une arme qui a été très utilisée contre Flamengo), ce Fluminense réveille des souvenirs de l’Ajax de Ten Hag, mais cette équipe, très à l’aise sur phases arrêtées, est surtout un parfait reflet de l’essence du football brésilien : un foot qui respire sur des zones étroites et via un entassement de passes courtes, où la qualité technique est reine (aucune équipe n’a plus dribblé que Fluminense lors des trois premières journées de Libertadores), où les individus viennent chercher la supériorité numérique – parfois à huit ou neuf – pour voyager dans l’espace et où chaque passe est faite vers un joueur en mouvement – le seul joueur du onze de Fluminense qui est « autorisé » à être parfois statique est Ganso, mais quand il le fait, il y a un but très précis, ce qu’on a vu sur les séquences précédentes. Sur son approche, Diniz disait il y a quelques semaines : « Je préfère que la vie soit plus un art qu’une science, car ce qui est artistique marque à jamais. Cela émeut les gens. J’essaie simplement de promouvoir un environnement où nous pouvons créer des choses collectivement, où tout le monde peut s’exprimer et où chacun a l’impression de faire partie du projet. Ça donne un ensemble très vivant. Au fond, le football est un art, comme la peinture ou la musique, et le cœur de mon travail est qu’il soit considéré comme tel par les joueurs, qu’ils se sentent bien, libres d’oser et de faire des erreurs sans se faire agresser. »

Parfois, cela donne également un ensemble qui peut vaciller lorsqu’un adversaire réussit à attaquer le côté opposé ou à sauter le pressing à la perte qui est naturellement féroce compte tenu de la très forte densité générée autour du ballon. C’est ce qu’on a, par exemple, vu lors de la récente défaite à Fortaleza (4-2), concédée avec un effectif remanié alors que la Serie A vient juste de reprendre et que Fluminense, qui n’a jamais remporté la Libertadores et n’a plus raflé le championnat national depuis 2012, ne peut cacher ses ambitions. Voir cette troupe se marrer de la sorte est surtout une confirmation au cours d’une saison où le Napoli a roulé sur son championnat et où le Real Madrid d’Ancelotti continue de danser sur l’Europe du foot en misant sur une approche similaire. Une approche qui permet, par sa radicalité, une variété extraordinaire lors des phases avec ballon et une connexion émotionnelle très forte entre les différents boulons de la machine. On est ici loin d’un jeu mécanisé, où les mouvements sont souvent préconçus, ce que Cesc Fabregas avait résumé un jour en évoquant ses mois passés avec Antonio Conte : « Jouer avec Conte, c’était comme aller à l’école. Il vous dit exactement comment il veut que les choses se passent du gardien jusqu’au but. Il vous dit tout ce que vous devez faire. Absolument tout. » Diniz, qui a toujours cherché à faire sauter les codes et dont le nom tourne régulièrement pour devenir sélectionneur du Brésil, a fait un autre pari. Qu’il gagne ou qu’il glisse sur l’autel des résultats rois, ce qui arrive à tous les entraîneurs du monde, son équipe, où de vieux héros (Marcelo, Felipe Melo, Ganso) hurlent encore et qui est sans doute le plus gros nœud du moment pour les analystes vidéo adverses, vaut le coup d’œil pour une raison simple : elle ose la différence et pourrait se faire une place au chaud dans les crânes. Au fond, c’est peut-être avant tout ça, le succès.

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