Flowers of Scotland : au ras des pâquerettes…?
Une punition. La France entière exige le juste châtiment d'Ecossais trop ramenards. La France entière exige que les Bleus expient tout à fait le péché de médiocrité qui les a conduits à subir leur défaite la plus humiliante du XXIème Siècle (0-1 à Glasgow, à l'aller) ! La France entière exige que l'Ecossais subisse ce à quoi l'Argentin fourbe et cruel a échappé vendredi soir ! Dieu merci, la France a déjà gagné.
Ah ! L’Ecosse à Paris ! Ce bon vieux Rod Stewart qui revient à Bercy, le 18 octobre ! L’aurait pû être footballeur, Rod. L’avait le niveau en équipes de jeunes ! Il a fait de la daube, Rod, c’est vrai. Il l’a même confessé. Mais à ses débuts avec Jeff Beck, en 68, Rod était très bon. Y’a un critique qu’avait dit : « On jurerait qu’il laisse mariner toute la nuit ses cordes vocales dans du vieux whisky et qu’il les passe au papier de verre au réveil » .
Bon, c’est des trucs de vieux, tout ça. Aujourd’hui, le rock écossais, c’est quoi : Texas ? Beuuuuh. Franz Ferdinand ? Ouais, pas mal leur pop mécanique à tiroirs, mais un peu lourdingue à la longue. Sinon, l’Ecosse, c’est quoi ? Tony Blair (le vicelard d’Ecossais qu’est allé foutre l’Angleterre dans la merde en Irak…) ? Gordon Brown, son cardinal ? Ewan Mc Gregor ? Alex Ferguson ? Ouiiiiiiiiii ! Alex Ferguson ! Vu qu’en foot, l’Ecosse ne produit plus que des bons coaches, qui bossent même en Premiership. Mais, attention, y’en a moins qu’avant. Aujourd’hui, y’a Sour Alex à MU, Billy Davies à Derby County (bof!) et David Moyes à Everton (très bon taf : Everton, bonne adresse !). Y’a eu des pertes : Dalglish est hors circuit, comme Souness (autrefois à Blackburn) et Gordon Strachan, qui pointe au Celtic, où il bosse bien (le Celtic est en C1, cette année).
Des bons coaches, donc. Et les joueurs ? Ouarf, ouarf, ouarf !!… Hum, hum, soyons sérieux.. Contre la Lituanie, samedi soir, le capitaine des Scots était Darren Fletcher (25 ans), remplaçant à MU. Ca calme, non ?! Y’a quelques années, les Scotishs nous avaient vendu leurs deux futurs next big things : l’attaquant Kenny Miller et le milieu Barry Ferguson. Mais, nibe ! A 28 ans sonnés, le premier fait le ramier à Derby County (dernier de L1 anglaise) et le second, 29 ans, s’est surtout distingué aux Rangers en battant Paul Le Guen sur le terrain du vice.
Sinon, y’a la nouvelle vague, des jeunes : le milieu Scott Brown (22 ans, Celtic), le défenseur Gary Caldwell (25 ans, Celtic), le bon gardien Craig Gordon (24 ans, Sunderland), l’attaquant Gary O’Connor (24 ans, Birmingham City), et le pas mauvais attaquant James Mc Fadden (24 ans, mais remplaçant quand même à Everton). Mais bon, le tout est très faiblard. C’est même quasi miraculeux que les Scots soient encore en course pour participer à l’Euro 2008. Avec la vraie justice de Dieu, l’Ecosse serait 4ème et larguée, derrière France, Italie et Ukraine. Mais grâce à la stupide et relativiste incertitude du sport, les Scots sont là et nous narguent : « Les Français sont arrogants ! Ils ne parlent jamais de nous et ne savent probablement pas qui nous sommes » , a balancé cette langue de pute de Barry Ferguson ! A charge pour les Bleus de les punir jusqu’en Enfer. Ce qu’ils feront, à moins que les Celtes jouent héroïquement à 11 derrière.
Logiquement, l’Ecosse ne DEVRAIT pas aller à l’Euro, donc. L’Ecosse, nation sinistrée du foot européen, est absente des grands rendez-vous internationaux depuis la Coupe du Monde 98 : aucun Euro et aucun Mondial depuis. L’Ecosse se reconstruit petit à petit à travers sa sélection et surtout à travers ses deux protagonistes du Old Firm : le Celtic et les Rangers. Sur fonds de haines ancestrales archi connues, les Gers et les Bhoys maintiennent le foot écossais à flots, notamment en pourvoyant la sélection. Rappelons quand même aussi que les frères ennemis sont qualifiés pour la C1 cette saison, c’est qui est un exploit pour ce petit pays. Malgré le fait qu’ils emploient encore beaucoup de footballeurs étrangers, ils permettent encore à certains jeunes joueurs du crû de pouvoir entamer une carrière professionnelle. Même si la vedette actuelle des Rangers, c’est quand même JC Darcheville, c’est dire…
Alors, comment en est-on arrivé à cet état de presque déliquescence du foot écossais, autrefois plus verni ? Plusieurs raisons. Dans les années 90, les recettes des nouveaux droits TV ont engendré une course aux armements avec transferts inconsidérés à la clef. Initiée par les Big Two de Glasgow, l’escalade dangereuse a été bêtement suivie par les autres équipes. Piégés par la soudaine récession (droits TV revus à la baisse au début des années 2000), tous les clubs endettés se sont retrouvés dans les pires difficultés financières : le Celtic et les Rangers apurent aujourd’hui encore de grosses dettes et des clubs comme Motherwell, Hearts of Middlothian ou Hibernians ont carrément failli mourir. Dans le même temps, la Scottish Premier League (ou SPL, sorte de D1 écossaise composée de dix clubs) a abrité des joueurs étrangers de seconde classe qui ont poussé les jeunes Scots à s’expatrier en Grande Bretagne où ils ne sont que remplaçants. Privé d’argent et de talents, le foot écossais s’est mis à végéter, à tel point qu’on est allé chercher un sélectionneur étranger, l’Allemand Berti Vogts, pour remettre de l’ordre dans la maison (2002-2004).
Alors que dans le passé, on trouvait dans les grands clubs d’Albion un paquet de joueurs écossais, réputés pour leur technique « latine » , supérieure aux Anglais (avec des stars comme Dennis Law, Bremner, Gemmil, Gray, Dalglish, Souness, Strachan ou d’autres plus anonymes), ils ont aujourd’hui carrément disparu de la Premiership. Zéro Ecossais dans les clubs qui comptent : Arsenal, Chelsea et surtout Liverpool, l’ex-patrie anglaise des Scots (Hansen, Souness, Dalglish, Gary Mc Allistair). MU sauve à peine l’honneur avec David Gray (19 ans) et Darren Fletcher.
Il faut dire que les Ecossais, tout comme les Irlandais et les Gallois, ont longtemps été les bénéficiaires d’un championnat anglais « protectionniste » qui n’accueillait en guise d’étrangers que ses « mercenaires celtiques » réputés pour leur bravoure. Dans un championnat longtemps à 22 clubs (!), l’Angleterre offrait des débouchés naturels aux talents de ces pays. Le grand Leeds des années 70, c’était en gros la moitié de la grande Ecosse de l’époque, systématiquement présente aux Coupes du monde (74, 78, 82, etc.). En Ecosse et surtout en Angleterre, les jeunes Ecossais se sont faits progressivement griller par les nouveaux venus : Français, Africains et Sud-Américains, bien meilleurs.
Le foot écossais a aussi raté le grand tournant du foot moderne. Question diététique d’abord : trop de houblon, trop de graisses, demandez à Paul Le Guen. Et puis, tactiquement, le championnat écossais s’est appauvri en maintenant trop longtemps avec des joueurs moyens un kick and rush que les Anglais ont essayé d’abandonner progressivement.
Plus précisément : la domination, autrefois plus chahutée, du Celtic et des Rangers, a conduit ces deux équipes phares dans l’impasse en championnat local. Devant la faiblesse des autres clubs, les Big Two jouaient toujours à fond pendant une bonne heure, le temps d’en planter au moins trois, et ensuite de pouvoir « tourner en roue libre » . C’est ce qui explique pourquoi les Rangers et le Celtic étaient redoutables en Ligue des Champions dans la première heure de leurs matches, quelque soit l’adversaire. Mais, généralement, les dernières 30 minutes (voire prolongations) leur étaient toujours fatales. C’est pourquoi, il a été question à un moment pour les Bhoys et les Gers qu’ils envisagent de rejoindre le championnat anglais au détriment de la SPL, beaucoup trop faible. Projet qui a avorté à cause du problème de la participation à la C1, au cas où les Big Two écossais n’accéderaient pas aux places qualificatives de la Premiership (en gros, être dans les 4 premiers) alors qu’en SPL, l’accès est quasi direct (3ème tour préliminaire : il suffit de finir aux deux premières places).
Enfin, reste le problème du public écossais. La Tartan Army, le meilleur public du monde ! John Collins, l’ex-grand de Monaco, du Celtic et de la sélection, expliquait en 98 que le formidable soutien du public, hyper bouillant, constituait en fait un handicap tactique. Impossible pour les joueurs écossais de construire patiemment du jeu, de garder le ballon, de le faire tourner quand on mène à la marque : le public pousse sans arrêt à aller de l’avant, à attaquer, à balancer devant, à porter le danger, comme en rugby. Highlander style, avec grondements quand le jeu n’est pas assez « dynamique » . Hypothèse intéressante. Et vérifiable : en 2002, les Bleus s’étaient régalés (5-0) au SdF contre des Ecossais partis fleur au fusil à l’assaut des buts français. Et le « fantastique » public écossais qui en redemandait encore, malgré l’avalanche.
Bon, voilà. Foot écossais très moyen mais en progrès. La France vaincra sauvagement. Domenech est grand. Et Anelka aussi.
Chérif Ghemmour
PS qui n’a rien à voir : on tient à saluer chaleureusement la mémoire de Jean-François Bizot, parti là-haut samedi dernier. Grand bonhomme, généreux et curieux. Directement ou indirectement, So Foot lui doit beaucoup.
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