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Florent vs Bayern Munich
Florent ne joue ni en BuLi ni en Ligue des champions, mais a bien affronté le Bayern Munich au début du mois. Parce qu'il aime la bière. Et le Bayern aussi. Il raconte cette expérience unique, où il a dû passer par un long casting pour finir avec le maillot en sueur de Xabi Alonso.
Il est 18h35, ce 9 novembre. Florent sort du banc de touche de la Continental Arena de Regensburg, sur ordre de Waldemar « Waldi » Hartmann, « un peu le Gérard Holtz de l’Allemagne » dixit Florent, qui s’apprête à fouler la pelouse, encouragé par 35 de ses proches, son père et sa copine en tribunes. Son équipe est déjà menée 3-1. « En jouant avant-centre, j’ai débuté par 5 minutes de pressing sans effleurer le moindre ballon, souffle-t-il. De quoi me mettre dans le rouge tout de suite. » Et Florent s’en serait bien passé. Car depuis deux jours, ce Français a enquillé quatre entraînements. Un peu trop pour un joueur qui sèche les entraînements depuis deux ans : « Mes adducteurs ont souffert. Et comme pas mal de joueurs, j’etais déjà un peu cuit avant d’entrer sur le terrain. » Un peu trop pour un joueur qui a pour adversaire le… Bayern Munich.
Sélectionné parmi 41 000 participants par Breitner
Jusqu’à juin dernier, ce contrôleur de gestion de 34 ans n’avait véritablement qu’un seul point commun avec les joueurs du Bayern, dont il est fan : la Paulaner. Si Flo en avale au Kiez, son troquet parisien, les hommes de Pep ont pris l’habitude de poser à chaque début de saison, sur une estrade, en culotte bavaroise, pour une photo officielle sponsorisée par le brasseur de Bavière. Depuis ce 9 novembre, Florent a donc un deuxième point commun avec le Bayern : un même match. Pour cela, il s’est souvenu que le club et le brasseur bavarois organisent depuis 4 ans un match entre amateurs et joueurs du club, pour la Paulaner Cup. Florent se donne toutes les chances pour attirer l’attention et postule comme défenseur : « J’ai créé mon profil sur leur site, avec photos et vidéos à la gloire de la bière et du Bayern. » Pré-sélectionné au même titre que 39 autres candidats, dont un autre Français de l’ACBB, pour un test final le 22 août, à Munich, c’est aussi l’occasion pour le trentenaire de revenir dans la capitale bavaroise, où il a habité de 2005 à 2013. « Je n’avais d’ailleurs mis que 3-4 mois à choper le virus Bayern » , précise-t-il.
La tâche s’annonce compliquée. De 40, l’entonnoir du test ne gardera qu’une quinzaine de joueurs. « Et je sais qu’il y aura forcément 5-6 joueurs sélectionnés d’office. Un collègue allemand connaissant bien cette coupe me dit que les mecs choisis ont au moins le niveau d’une D5… » Ses 8 années en foot-loisir à Munich au sein du FC Tricolore, « champions du monde de la 3e mi-temps » , ne pèsent donc pas lourd, et Florent se met à courir à la fin de l’été. « 2-3 fois par semaine » , assure-t-il. Pour ce test, le contrôleur de gestion joue finalement attaquant, en raison de son « physique affûté » . L’opposition est plutôt costaud, cornaquée par Paul Breitner. « J’étais un peu à la ramasse techniquement, avoue Florent. Mes potes me promettent alors des tournées pour tout le week-end si jamais je suis sélectionné. Tout le reste de l’entraînement, j’ai couru en mode pressing tout terrain à la Cavani. Avec à la clef un but lors du match à 11 contre 11 ! » À la fin de la séance, Breitner débriefe chaque joueur. Il ne met pas en avant les talents de buteur de Flo, mais offre « quelques éloges » sur sa condition physique, son « état d’esprit collectif » aussi. Estimant d’abord « à 20% » ses chances de passer le cut, il voit son ratio descendre : « Nous étions 14 défenseurs et ils en prenaient max 5 ou 6. Je ne suis pas le premier appelé, ni le deuxième, ni le troisième, ni le quatrième… » Florent est finalement le cinquième appelé et fera partie de l’équipe qui affrontera le Bayern en novembre. « J’en profite pour claquer une bise à Breitner ainsi qu’aux deux « Paulas », les hôtesses à la taille d’un verre deWeissbier. »
Routine, courses dans le vide et transpi de Xabi
Le 7 novembre, Florent se retrouve donc à Munich, au sein d’une équipe, la Paulaner Dream Team, plutôt cosmopolite : 14 Allemands, 6 Chinois, 2 Américains – « dont le président du club de supporters du FC Bayern au Texas » -, 2 Autrichiens, 2 Italiens, 1 Suisse, 1 Croate, 1 Espagnol et Florent, le seul Français. « La mayonnaise a très bien pris ! se réjouit-il. Ça ressemblait vite à une colonie de vacances ! Le premier soir, à table, j’ai essayé, avec l’Autrichien, d’apprendre à 3 Chinois, qui ne parlaient pas un mot d’anglais ou d’allemand, l’hymne du Bayern (Stern des Südens). Une belle marrade… » Florent remarque surtout qu’il préfère tout de même son quotidien habituel : « Oui, je me suis senti l’espace de deux jours joueur pro. Mais finalement, je ne les envie pas avec ces journées qui se résument à des entraînements, du bus, des pâtes, du kiné et de l’hôtel… De quoi vite rentrer dans une routine. »
De routine, il en sera question pour les joueurs du Bayern sur la pelouse, le 9 novembre. L’équipe d’amateurs se fait guardioliser, comme une vachette à Intervilles, devant 12 200 personnes. « Sans surprise, le match s’est résumé à une attaque-défense, commence Florent. Le plus frappant, c’est la force du Bayern pour conserver le ballon et nous cuisiner à petit feu, alors qu’on courait dans le vide. » L’attaquant français ne courra pas bien longtemps de toute façon. Dix minutes exactement, handicapé par deux blessures au mollet et aux adducteurs. « Jouer le Bayern, c’est déjà compliqué. Alors sur une jambe… Mais j’ai serré les dents et j’ai participé à la fête » , se satisfait Florent. Dans ses moments de respiration, lors des arrêts de jeu, il aura aussi pu causer avec ses idoles, « à Lahm et Kimmich, pour leur dire de réduire le rythme » , avant de prendre quelques selfies avec les Espagnols Javi Martínez et Guardiola, l’Allemand Matthias Sammer et de faire signer son maillot de la Nationalmannschaft « floqué « Lahm » » par Lahm. En fin de match, le tableau d’affichage indique un score fleuve : 6-1. Une belle perf selon Florent : « Ce n’est arrivé qu’une fois sur les quatre dernières éditions. Nous avons presque fait aussi bien que Dortmund ou Arsenal, même si le Bayern n’a sans doute pas joué à fond. » Quoique. Ayant reçu à la mi-temps le maillot de Xabi Alonso, demandé « dans un mélange d’allemand-espagnol » , Florent pense en effet avoir de quoi reconsidérer son jugement : « Son maillot était humide, donc il a au moins transpiré face à nous. Ce qui était rassurant. » Avant de douter à nouveau : « Mais sa transpi ne pue pas… »
Par Ronan Boscher