Fini de jouer au con le Portugal !!!
Des éliminatoires pour une Coupe du Monde ou un Euro, c'est toujours de la sueur, des emmerdes, des terrains en jachère trop à l'Est et de la mauvaise pression. A peine plus fringuant que le voisin espagnol, le Portugal reçoit ce soir la Serbie dans un bon vieux match de la mort. Malchance, groupe piège et dilettantisme : l'heure est peut-être venue d'assurer l'essentiel pour Ronaldo et ses petits copains.
Il y a les groupes de la mort et les groupes à la con. Le groupe A dans lequel se dépêtrent les Portugais a tout de la seconde catégorie. Interminable comme des éliminatoires Amsud avec ses huit équipes, le groupe A propose des voyages aux confins de l’Europe et de l’Asie (un triptyque Azerbaïdjan/Arménie/Kazakhstan sur les traces du candidat Platini), des Finlandais toujours pénibles, des Polonais et des Serbes moins avenants qu’en phase finale.
Heureusement, il reste la Belgique, voyage court, bonne éducation et six points pour les hommes de Scolari. Troisièmes à deux points de la Finlande et quatre de la Pologne (les deux comptant un match en plus), les Portugais se trouvent dans une situation grave mais pas encore désespérée.
Samedi, face à la Pologne, les trois points étaient sabrés, quand sur une frappe anodine de dernière minute Ricardo plonge une plombe trop tard, mais raccord pour que le ballon rebondisse sur son dos après avoir heurté le poteau. Une Landreau époque nantaise, qui plonge le pays dans quatre jours d’angoisse avant la réception de Serbes, poussifs quatrièmes mais pas encore morts pour la qualif.
Dans la merde, les Lusitaniens s’y sont mis un peu tout seuls. Prenez par exemple ce déplacement de sortie de vacances en Arménie : manque de rythme et pelouse laissée volontairement à l’abandon par l’autochtone, bref le match piège expliqué aux nuls. Mais que voit-on ? Des enfants de la balle qui se bornent à porter le précieux, des centres en coup du foulard par Quaresma et la suffisance de ceux qui pensent que le talent paie toujours à la fin. Paulo Sousa, devenu Jean-Michel Larqué sur ses vieux jours, enrage au micro de RTP International. Enfant perdu de la génération dorée, il se rappelle que ce genre de conneries avait privé en 98 le Portugal d’une Coupe du Monde sur terrain ami, à Saint-Deniz dans le 93.
Le talent est une sale manie s’il passe l’été prochain devant la télé. Jamais le Portugal n’a ainsi semblé disposer d’une main-d’œuvre aussi qualifiée. Sur les ailes et dans l’entre-jeu, c’est Byzance puisque Scolari se permet de planquer Tiago, Nani, Quaresma et Moutinho sur le banc. Sauf qu’une grande sélection se juge aussi par ses maillons faibles.
L’Angleterre paye encore ses impasses au niveau des postes de gardien et de d’arrière droit, alors que l’Espagne se cherche une charnière de haut vol. Depuis la disgrâce de Nuno Valente, Scolari colmate au poste de latéral gauche avec les droitiers à sa disposition (Caneira, Paulo Ferreira ou Miguel). Mais le pays attend surtout son messie des surfaces adverses, celui qui le guidera vers un premier titre majeur, fera repartir la croissance et guérira les écrouelles.
Le problème est vieux comme Manoel de Oliveira et rien ne semble pourtant vraiment évoluer. Nuno Gomes rend des services, Postiga fait un bon attaquant de complément et l’avenir s’appelle Hugo Almeida, panzer remplaçant au Werder. Alors Scolari a osé ce que dix millions de Portugais n’osaient plus trop espérer. Samedi dernier, à un partout face à la Pologne, Gene Hackman sort Nuno Gomes pour Quaresma. Simao, Cristiano Ronado, Quaresma, cherchez la pointe, il n’y en a point. Guy Roux devant Direct 8 préfère éteindre pour ménager son p(e)acemaker, trois ailiers au pouvoir c’est Kovacs, Baticle et Laslande qu’on abandonne. En coup de vent, la star mancunienne occupe l’axe et permute avec Simao. D’une reprise tout en snake, il finira par donner l’avantage à son équipe. Son amour pour le poste reste néanmoins très mesuré et il ne le travaille pas spécifiquement à Manchester. Mais pour la patrie reconnaissante…
Ce soir, sauf surprise, Scolari reviendra donc logiquement à du classique en alignant Nuno Gomes. Pourtant, samedi pendant un quart d’heure, on a peut-être entrevu le Portugal de demain. Un Deco sur le retour alimentant un trident interchangeable sur toute la longueur du terrain, charge à eux de réinventer une attaque à trois, sans centre névralgique.
Juste pour ça, on a très envie de voir les Portugais passer l’été en Suisse et en Autriche.
Alexandre Pedro
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