FCNA-HAC : Autopsie d’un futur match de L1
Nantes. Un lundi, au soleil. Vingt-huit mille âmes se réunissent à La Beaujoire pour assister au big match : les Canaris, leaders invaincus à domicile, reçoivent des dauphins havrais qui cognent presque tout le monde à l'extérieur, sept victoires en dix déplacements. Nous ne sommes qu'en février et tout le monde le sait déjà, ces deux-là rejoindront l'élite la saison prochaine. Bienvenue en L1 bis.
Pourquoi le HAC ? Pourquoi le FCNA ?
Nantes-Le Havre, déjà, c’est le retour de Nicolas Gillet chez son club formateur. Avec le brassard de capitaine (s’il vous plaît!), le vainqueur de la Coupe des Confédérations 2001 (génération Frédéric Née) est vite devenu une légende dans la ville portuaire.
Véritable patron de la défense, le Gillet de sauvetage a retrouvé le sourire cette année après une parenthèse lensoise sans et hors.
Dans la cage, Revault et ses 35 berges n’ont peut-être pas le talent de Steve Mandanda. Mais à des endroits où le néo-Marseillais péchait, le vétéran donne de la voix quand il le faut et n’hésite pas à prendre une minute chrono pour tirer ses six mètres.
Au Havre, il y a aussi Guillaume Hoarau, cette grande tige qui se faisait siffler par Deschaseaux il y a deux ans et qui amoche sérieusement les compteurs cette saison. Seize pions en vingt matchs, un avenir parisien imminent, et toujours pas de signe de mépris ou de vengeance à l’égard de ses anciens détracteurs.
Lorsque Jean-Michel Lesage a fait son come-back cet hiver, les mauvaises langues n’avaient pas hésité à souligner que l’explosion du Réunionnais avait coïncidé avec le départ du duo Lesage-Traoré. Une victoire à Brest plus tard (0-2, buts de Lesage et Hoarau) a permis d’évacuer les dernières vagues de scepticisme.
Mais le HAC version 2007-2008, c’est surtout Jamel Aït Ben Idir. Avec l’ancien Montpelliérain Valéry Mezague, il forme la paire de milieux déf’ la plus sexy de Ligue 2. Râteaux, petits ponts, passes courtes, transversales millimétrées, il représente à 24 ans la parfaite transition entre la baby-class responsabilisée et le trentenaire lifté bien dans sa peau.
Pour peaufiner la griffe havraise, le président Louvel a confié cet été les clés de la boutique à Jean-Marc Nobilo, ancien directeur de la formation au sein du HAC. Prenant le relais de Thierry « Raisin » Uvenard, JMN a favorisé l’éclosion des jeunes pousses issues de la Cavée Verte, comme en atteste ce chiffre hallucinant : sur les 30 pros appartenant au club doyen, 21 sont des purs
produits havrais…
Au petit jeu de la formation, le FCNA n’est pas mal non plus. A vrai dire, la Jonelière reste un grand nom aux yeux de la France du foot. Un nom, c’est tout. Cette année, la révolution Der Zakarian a chamboulé les priorités. Certes, les nostalgiques de la grande époque nantaise (et Jean-Luc Arribart) peuvent voir des similitudes entre le jeune Serbe Stefan Babovic et feu Reynald Pedros, mais les comparaisons s’arrêtent là.
Seul aux manettes depuis cet été, le coach arménien a apporté sa touche en composant une équipe de briscards, anciens joueurs (mal)honnêtes de L1 (Da Rocha, Thomas, Heurtebis, Goussé, Bagayoko…) ou joueurs chevronnés de l’échelon inférieur (De Freitas et « Badminton » Shereni).
Pendant que la jeune garde nantaise pionce à l’avant-dernière place de son groupe de CFA, les seize joueurs les plus utilisés par Der Zak’ cette saison présentent une moyenne d’âge de 27,9 piges. Un chiffre qui fait office de maison de retraite aux yeux des 23,7 printemps de l’effectif ciel et marine.
Mais comme disait sans doute Eddie Barclay, « l’âge on s’en fout » . Les Canaris ont fêté Noël avec un costume de leader mérité, qui s’explique également par la fidélité du public : 24198 spectateurs en moyenne sur les onze matchs disputés à La Beaujoire.
On ne change pas une équipe qui gagne, alors Der Zakarian reste aux commandes malgré plusieurs brouilles avec le président Waldemar Kita, et personne ne bronche.
Hier, les Haut-Normands ont dominé un FCNA discret, voire transparent. Le milieu en losange des Nantais s’est vite transformé en entonnoir, et le Canari a vite été gavé par un milieu de terrain havrais qui ne s’est pas fait prier pour lui donner le tournis par l’intermédiaire des vrais héros du jour : Davidas, Aït Ben Idir, Mezague et Anin. Dominateur de la tête, des épaules et du pied droit de Jean-Michel Lesage (pétard de 25 mètres, lucarne), le HAC a officiellement posé un neuvième orteil en Ligue 1 et pourra se vanter d’avoir pris cette saison six points face à l’épouvantail du championnat.
Manteau marron, capuche en fourrure, écharpe bordeaux et cheveu sur la langue, Pascal Praud a passé une sale soirée.
De l’autre côté des projecteurs, l’ancien Manceau Olivier Thomas a également connu des moments difficiles. Auteur de six fautes roolesques lors des dix-huit premières minutes de jeu, le chauve à la semelle facile a été accompagné à sa sortie du terrain (78′) par un public nantais qui le chahutait à l’unisson.
L’info : Christophe Revault aurait pu jouer sans gants.
La rumeur : Marek Heinz serait rentré sur le terrain à la 65′.
Au classement, le Havre passe en tête avec un point d’avance sur son adversaire du jour malgré un match en moins (réception de Clermont jeudi). Les Hacmen comptent en outre huit points d’avance sur Bastia, 4ème.
Matthieu Pécot
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