Euro 2008 : faîtes vos jeux !

Groupe A : Suisse, République tchèque, Portugal, Turquie

Le Portugal part favori parce que Cristiano Ronaldo. Problème, le Portugal a fini 2ème en éliminatoires derrière la Pologne en soufflant en fin de parcours des alcootests normalement rédhibitoires (1-1 en Arménie). Mais, bon…en principe, ça passe.

Que vaut la Suisse ? Qualifiée d’office, elle a échappé en éliminatoires aux vrais cadors, aux Balkans piégeux, aux îles lointaines et aux écarts thermiques. Une impression de solidité au Mondial 2006 (0-0 contre les Bleus), éliminés en 8èmes par l’Ukraine aux tirs au but (3-0 !), un exercice qu’il faut juste bosser à la maison. Retrouvailles avec la Turquie : souvenir d’une rencontre aux poings à Istanbul, où les Suisses couillus s’étaient qualifiés en barrages de Coupe du Monde 2006…En plus, la Nati joue à domicile, avec les tribunes remplies de cloches à vaches !

La Turquie, justement. OK, deuxième derrière la Grèce en éliminatoires. Sauf que les Turcs ont battu les Grecs 4-1 à Athènes et la Norvège 2-1 à Oslo. Côté clubs, ça se maintient pas trop mal. Du coup, on leur signerait direct un CDI pour les quarts. Problème : deux grands trous dans le CV (Euro 2004 et Coupe du Monde 2006) depuis leur brillant Mondial 2002. Aux Turcs de prouver qu’ils valent mieux qu’un vulgaire CPE.

La Tchéquie ? Bof…Première en éliminatoires devant l’Allemagne (une vraie défaite 1-2 à dom et une victoire pour du beurre 3-0 en Teutonnie). Du trompe l’œil. Son vrai niveau se situe plus autour des deux tôles 0-2 subies contre l’Italie et le Ghana au Mondial 2006. N’achetez pas !

Pronostic : Portugal et Suisse

Groupe B : Autriche, Croatie, Allemagne, Pologne

Allemagne favorite parce que borgne au royaume des aveugles (Autriche faible, Pologne déjà tapée 1-0 au Mondial 2006, ça fait 6 points). Ce sera moins évident pour cette Germanie surévaluée à partir des quarts : ses deux grands matches références de ces dernières années, c’est une tôle 1-4 contre l’Italie à Florence et une victoire indue et miraculeuse en coupe du Monde aux TAB contre l’Argentine la plus stupide de l’Histoire du foot…Plutôt moyen. La dynamique de 2006 devrait lui donner l’avantage sur la Croatie et la Pologne.

La Croatie de Bilic : première de son groupe, avec une victoire trop facile à Wembley (3-2), elle laisse une impression mitigée. Le bilan catastrophique en Coupe du Monde 2006 (0-1 contre le Brésil, 0-0 contre le Japon et le 2-2 éliminatoire contre l’Australie !) modère le succès en qualifs de l’Euro. Restent les individualités comme les frères Kovac, Kranjcar ou Eduardo.

La Pologne. Jeter un œil sur l’équipe-type, c’est passer directement à la case “entraîneur” : ce bon vieux Léo Beenhakker ! C’est lui la star de la sélection polonaise, c’est tout dire. Quoi ? La Pologne a fini première du groupe A devant le Portugal ? Preuve qu’elle a confirmé ses progrès récents. Mais pas plus.

L’Autriche est la seule équipe à pouvoir créer LA surprise de cet Euro, c’est-à-dire finir troisième de son groupe. Les mafias asiatiques des paris en salivent d’avance.

Pronostic : Allemagne et Croatie

Groupe C : Pays-Bas, Italie, Roumanie, France

Groupe de l’amour. Roumains et Hollandais, comme Italiens et Français, ont flirté sec pendant les éliminatoires. Sauf que maintenant, va falloir conclure…C’est marrant, tout le monde a déjà évacué la Roumanie de Chivu et Mutu, à qui on a tendu les chandelles. Il est vrai que les Roumains accusent un manque d’expérience, vue leur absence dans les compètes internationales ces derniers temps. Mais, attention ! Le “retour” de la Roumanie, c’est l’une des vraies révélations de ces éliminatoires. Les Pays-Bas, par exemple, devraient se souvenir qu’en confrontations directes, ils sont en déficit carpatique (0-0 à dom, 0-1 à Bucarest), deuxièmes du Groupe G…Marco Van Basten avait annoncé que sa sélection, trop tendre au mondial 2006, était en fait calibrée pour l’Euro 2008. Malgré Van Nistelrooy, Robben, Sneijder, Van der Vart ou Van Persie (ouf !), on a des doutes…Confirmés par le parcours un peu trop Leader Price en éliminatoires.

Restent la France et l’Italie. A priori, les deux équipes sont au-dessus du lot. Deux équipes qu’on connaît par cœur, qui se valent et toujours animées par la même dynamique berlinoise depuis juillet 2006. La France est débarrassée de l’Ecosse et l’Italie veut achever le cycle de la génération dorée par un doublé Mondial 2006-Euro 2008. Petit bémol pour l’Italie : ses incorrigibles entrées en matière foireuses dans les grandes compétitions…A suivre, donc, l’examen d’entrée à réussir dès le premier match : France-Roumanie et Italie-Pays Bas, ça donnera le ton. Français et Italiens se rencontreront pour le dernier match de poule…

Pronostic : France et Italie

Groupe D : Grèce, Suède, Espagne, Russie

Ce coup-ci, c’est la bonne pour l’Espagne ?…Sauf si entre temps la Catalogne, le Pays Basque et l’Andalousie ne font pas sécession ! Sérieux, avec la France et l’Italie, l’Espagne est l’équipe qui possède le plus d’individualités (S.Ramos, Xavi, Iniesta, F.Torres, Fabregas, D.Villa…). Un parcours correct, après un début chaotique, avec une première place du groupe F. Avantage non négligeable, cette sélection semble avoir mûri depuis le Mondial 2006. En tous cas, mieux que l’autre “jeune équipe en devenir”, celle des Pays-Bas de Van Basten.

Ensuite viennent les deux “bâtons merdeux” du continent : la Suède et la Grèce. “Bâton merdeux”, c’est à la fois méchant et respectueux parce que pas faciles à jouer. La Suède, sans âme, sans saveur, sans épices, mais toujours là ! Vérifiez bien : avant chaque compète, tout le monde sous estime ces Suédois et presque tout le temps, non seulement ils se qualifient mais en plus ils passent quasiment toujours le premier tour et débarquent tranquilles en 8èmes. Ikéa style : vous venez juste acheter une commode et ils vous refourguent la mezzanine. Mais, bon, quand c’est Zlatan Ibrahimovic qui livre, on prend volontiers.

La Grèce 2007, c’est du marbre qui s’effrite mais c’est du marbre quand même. Première qualifiée à l’Euro à grands coups de 1-0 (contre Moldavie, Norvège, Malte et Turquie), comme à l’Euro 2004 qu’elle avait gagné. Une politique d’économies d’échelle et de réduction des coûts toujours basée sur la taylorisation articulée en 4-5-1. Otto Rehagel est toujours là, Nikopolidis aussi, Charisteas aussi, Karagounis aussi, Amanatidis aussi, Kapsis aussi. Le cauchemar pourrait donc continuer…A moins que le merveilleux Zlatan ne détraque les Spartiates robotiques !

La Russie ? Qualifiée miraculeuse, par défaillance de l’Angleterre (qui l’avait battue 3-0 sévère à Wembley !), avec Sytchev, une sous-star…La Russie vaudra plus le coup d’œil en tribunes. Avec ses “supporters” en Rolex et ses supportrices tarifées, en villégiature helvétique via San Rémo ou Monte Carlo…

Pronostic : Espagne et Suède.

Chérif Ghemmour