Euro 08 – Ottomatik jusqu’à Vienne…
Encore raté. Une fois de plus, les Turcs ne triompheront pas à Vienne. Quelque part, c'était écrit : les Turcs n'ont jamais passé Vienne l'autrichienne. Autant dire qu'il ne fallait pas compter sur une demi-finale européenne face à l'Allemagne pour contredire l'Histoire.
1529. Kanûnî Sultan Süleyman, dit Soliman le Magnifique, est sur le trône depuis neuf ans déjà. Il est le dixième sultan de la dynastie ottomane et se plaît à consacrer son règne à assujettir le reste de l’Europe.
Emanuel Pogatetz et Joseph Fritzl ne sont pas encore nés : l’Autriche fait encore partie des grandes nations d’alors, celles dont on craint les armées et devant lesquelles on s’incline poliment.
Parce que fuir devant l’ennemi c’est lâche, Soliman décide de s’attaquer à la ville la plus importante du seul pays capable de rivaliser avec son empire : Vienne. Au printemps, il réunit une armée de 100 000 gugusses et 500 pièces d’artillerie. Le siège de Vienne commence en septembre. Un mois et quelques morts plus tard, Bachi-Bouzouks et Janissaires dégustent et battent en retraite. Ils reviendront 154 ans plus tard.
12 septembre 1683. Même terrain, même équipe. Mondialisation du football oblige, la Wunderteam autrichienne comprend quelques naturalisés dans son équipe. Allemands, Autrichiens, Polonais, la même passion, le même maillot. Objectif : défaire l’Empire Ottoman, parce que faut pas déconner, il s’agit pas de se faire emmerder bien longtemps par des mecs qui attaquent à cheval et à chameau.
En face, l’Empire Ottoman. Une partie de l’armée de ladite Ligue est commandée par Charles V de Lorraine, tandis que le Roi de Pologne Jean Sobieski est en retrait avec une armée de secours de 30 000 hommes.
De l’autre côté, le grand Vizir Kara Mustafa en dirige 140 000. A 4 heures du matin, la bataille débute. Le coup fatal sera porté à 15h lorsque quatre groupes de cavalerie chargent.
Depuis les toits, les Hussards présents participent à la charge. Moins de trois heures plus tard, les Turcs font demi-tour. La Bataille de Vienne entraîne la chute de l’Empire Ottoman et permet aux Habsbourgs de reconquérir leurs terres de Hongrie-Croatie. La menace ottomane en Europe centrale a vécu.
En 2008, un petit miracle de Vienne a eu lieu. La Turquie a battu in extremis la Croatie sur la pelouse du Hernst-Happel Stadion. Une égalisation à la dernière minute, une victoire aux tirs au but. C’en était déjà trop.
Contre l’Allemagne, le poids de l’histoire était trop lourd à porter. Une défaite 3-2, sans démériter. Une belle bataille, une ouverture du score improbable, une égalisation déroutante, un Philip Lahm qui passe par là. Une élimination en demies à Bâle, et c’est l’Allemagne qui gagne le droit de se lancer à la conquête de Vienne.
Jörg Haider rit, Jörg Haider chante : « Les Turcs peuvent gagner la finale à Vienne, mais les portes de l’Europe resteront fermées pour eux. Je ne crois pas qu’ils soient prêts à accepter les règles européennes et notre culture » . Jörg est content.
Lucas Duvernet-Coppola et Paul Bemer
Par