Euro 08 – Live from Austria
Bon voilà le statut d'un envoyé spécial à Vienne, c'est pas terrible. Obligé de se taper les retransmissions de l'ORF, la chaîne publique autrichienne, et un commentateur au nom imprononçable flanqué de son consultant.
Forcément, depuis le temps que l’Autriche n’a pas sorti un joueur décent, le consultant est vieux et sinistre. Pour cet Euro, c’est Hubert Prohaska qui s’y colle, sans les cheveux et la moustache de maréchal d’Empire qu’il arborait dans les albums Panini de la fin des années 70. C’était un beau joueur Prohaska pourtant. Donc on se sent un peu comme un étranger dans un pays étranger. Heureusement, depuis la France libre, les collègues des réseaux de résistance nous transmettent quelques bribes d’infos codées.
Par exemple, celle concernant les prestations d’Estelle Denis, meilleure VRP de son compagnon de sélectionneur, qui n’arrêtait pas de fustiger la chaleur de Zürich (rendez compte 23° au mois de juin ! Alain Gillot Pétré doit se retourner dans son hamac !) pour expliquer le match glauque de nos Bleus déjà en finale.
C’est bizarre, il en a pas parlé Hubert de ces conditions météo quasiment andalouses. Il a juste failli s’endormir le pépère. Il faisait 25° dans les studios de l’ORF à Vienne.
Heureusement, les hasards de la vie nous prouvent que les commentateurs de M6 ne sont pas que des branquignoles. Bref, qu’ils préparent leur Euro aussi sérieusement que n’importe quel envoyé spécial. Exemple, l’autre jour dans le bus de Roissy qui amènait les passagers vers l’avion et le vol à destination de Vienne. A ma droite, Franck L, champion du monde 1998, mais juste de la finale, consultant de, à ma gauche, Thierry R., maison de commentaire fondée en 1958. Résumé de la conversation secrète…sous le nom de code Estelle 23.
Des propos extrêmement privés sur les chances des uns et des autres à la veille de l’ouverture de l’Euro.
FL : Putain, qu’es-ce que tu lui as mis dans la gueule à Villeneuve ?
TR : Ah ouais et j’peux te dire que c’est pas fini ! C’est une immense merde ce mec, une immense merde ce mec…
FL : Ah ouais ?
TR: Ouais, une immense merde, tout façon il va pas passer l’hiver…
FL : J’ai vendu ma voiture à Boris Diaw (ndlr : oui, aucun rapport avec la phrase au-dessus, ça s’appelle sauter du coq à l’âne, sont comme ça les gens du show-biz).
TR : Ah ouais..
FL : Ouais, il voulait aller faire une virée à Las Vegas avec ses
frangins (ndlr: FL semble désormais résider en Californie).
TR : Tu lui a vendu quoi ?
FL : Un Infinity.
TR : Ah bon ? C’est quoi ? Un 4×4 ?
FL: C’est le haut de gamme de Nissan, 400 chevaux ! C’est même pas homologué en France! T’imagines ?
TR: Ah ouais…
FL: Moi je viens de m’acheter un Ford Bronco.
TR: Ah bon, combien ?
FL : 2500 dollars, rien du tout…pour l’instant je m’en sers juste pour aller promener mes chiennes…
TR: Ah ouais..
Par Joachim Barbier, envoyé spécial à Vienne
Par