Euro 08 – Autriche : Terminus Vienne !
Quand deux pays organisent conjointement une compétition, c'est toujours un peu le bordel. Preuve en est, le slogan des Suisses est en fait celui de la Wunderteam. En disputant leurs trois matchs dans la capitale autrichienne, les co-hôtes comptent sur le soutien d'un public qui ne se fait guère d'illusions. Objectif avoué par le coach Josef Hickersberger : gagner au moins un match.
A la régulière, et en dépit de l’avantage du terrain, l’Autriche devrait morfler, pour plusieurs raisons. L’adversité semble à ce propos la source de problèmes la plus sérieuse. Calée dans un groupe où la bagarre aura lieu sur et hors des rectangles verts, les Autrichiens devraient être victimes de pas mal de choses. En vrac : lucarnes, coups de schlass, petits ponts, lynchage à grands coups de pompes, passements de jambes humiliants…
Entre des Croates joueurs et catins à la fois, des Polonais qui jouent avec les coudes et les hools, et une Mannschaft imbattable, l’Autriche s’apprête à effectuer un chemin de croix douloureux.
Considérée comme la plus faible depuis la création de la compétition, l’équipe autrichienne croit quand même en son étoile. En fait, si le sélectionneur ne se fait pas d’illusions, c’est qu’il a ses raisons. Les matchs de préparation ont confirmé les uns après les autres que le football n’était pas inscrit dans les gènes de cette génération de footballeurs autrichiens. Le sélectionneur Hickersberger l’a vite compris, et au dernier moment, a fait appel au vieux Ivica Vastic. Il y a une grosse décennie, ce milieu de terrain axial, qui évoluait au Sturm Graz, était réputé pour sa technique honorable et sa lenteur affligeante. Aujourd’hui, Vastic a 38 ans, comme en 1998.
Au rayon des rêveurs, le jeune attaquant Erwin Hoffer aimerait écrire une page de l’histoire autrichienne avec ses pieds. Le buteur du Rapid Vienne, surnommé “Jimmy”, pense que sa team peut créer la « surprise » dans ce groupe : « On peut jouer un bon football. Si on y parvient pendant les 90 premières minutes, on peut devenir la bonne surprise du tournoi » . Jeune et un peu fou-fou, dans son jeu comme dans ses déclarations, Jimmy avoue même : « Après, tout deviendra possible » .
Un bon premier match, sortir des poules, après on sait jamais. Sauf que… Avec une seule victoire (face à Malte) lors de ses 14 dernières rencontres, l’Autriche se présente en fait comme la seule équipe pour qui même un cataclysme ne suffirait pas à remporter l’Euro 2008.
Au vrai, Hoffer n’est pas le seul à croire au miracle autrichien. Parmi les quelque 8,2 millions de locaux, on ne sait pas si Martin Stranzl a été compté. Lui qui joue au Spartak Moscou depuis deux saisons a sans doute un regard un peu approximatif sur le niveau de sa sélection du fait de son éloignement géographique : « On sent la tension monter, nous sommes tous contents de commencer. Je suis optimiste. Ce serait formidable si on pouvait voir un ‘3′ sur le tableau demain » .
Au coup de sifflet final de son entrée en lice face à la Croatie, les derniers espoirs se seront déjà envolés. Concentration sur la seule source de potentielles satisfactions : distribuer les pains viennois aux adversaires en guise d’évacuation de la frustration.
Nan, sérieusement, danser le sirtaki en 2004 était un vrai supplice. Cette année, il faut laisser Suisses et Autrichiens (se faire) valser en paix.
Matthieu Pécot
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