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Entretien croisé avec Maxime Leverbe et Valentin Gendrey, deux Français qui flambent en Serie B

Propos recueillis par Andrea Chazy
Entretien croisé avec Maxime Leverbe et Valentin Gendrey, deux Français qui flambent en Serie B

Ce samedi, Pise reçoit Lecce pour un choc au sommet entre le leader et son dauphin en Serie B. L'occasion pour deux joueurs français qui ne se connaissaient pas, Maxime Leverbe et Valentin Gendrey, de s'affronter pour la première fois sur le terrain, mais également de parler de leur quotidien dans l'antichambre de l'élite italienne à base de Massimo Coda ou des toboggans de Pordenone.

Casting :

Maxime Leverbe (24 ans) : Défenseur central de Pise, passé par la Sampdoria, Cagliari et le Chievo.

Valentin Gendrey (21 ans) : Latéral droit de Lecce, formé et passé par l’Amiens SC.


Remettons un peu de contexte. Pise, leader, reçoit Lecce, son dauphin, ce samedi (16h15) en Serie B. Maxime, quel accueil allez-vous réserver à Valentin et ses partenaires ?Maxime : Je crois que le stade est plein, et nos supporters sont chauds. On ne s’attendait pas à être leaders, donc ce sera un match comme un autre. Il n’y a pas de pression particulière.Valentin : Nous aussi, on va là-bas sans pression. C’est serré dans le haut du tableau, mais on va venir pour gagner. Après, j’ai vu des articles passer comme quoi nos supporters ne pouvaient pas venir ?Maxime : J’ai vu que vous n’étiez pas contents effectivement, car nos supporters avaient pris des billets également dans le secteur visiteur.Valentin : Ouais, si j’ai compris, il n’y a que les supporters de Lecce résidant dans les Pouilles qui peuvent venir.

C’est sûr qu’être leader après 16 matchs, ce n’est pas anodin. Si on arrive à le faire sur 16 matchs, pourquoi pas sur 38 ?

C’est une motivation supplémentaire de jouer l’un contre l’autre ? Ça va jouer des coudes sur corner ?Maxime : Je ne sais pas s’il monte sur corner, déjà… (Rires.) Valentin : Moi, je ne monte pas ! Mais toi, en revanche… En plus, ils adorent me mettre au marquage des défenseurs centraux adverses. Le problème, c’est que nos agents me charrient. Je recevais des messages en début de saison où ils me disaient : « Maxime est devant toi au classement, il prend de l’avance », vu que notre départ n’était pas fameux. Maxime : De notre côté, on s’attendait à ce que Lecce joue les premiers rôles. C’est comme Benevento ou Monza, ces clubs-là sont faits pour remonter rapidement au classement. Après, c’est sûr qu’être leader après 16 matchs, ce n’est pas anodin. Si on arrive à le faire sur 16 matchs, pourquoi pas sur 38 ?

Vous avez commencé la vidéo pour préparer la rencontre. Qu’est-ce que vous redoutez de votre adversaire ?Maxime : On a vu qu’ils attaquaient en nombre, que leurs ailiers rentraient beaucoup à l’intérieur, que cela crée de la densité. Lecce est une équipe qui attaque bien, mais on ne craint personne. Bon, et puis, on est très contents que Massimo Coda (le buteur de Lecce, NDLR) soit absent face à nous… Valentin : Effectivement, on a une grosse attaque. Coda est blessé, et c’est vrai qu’il va beaucoup nous manquer. Quand j’étais en France, je ne connaissais pas du tout la Serie B et je le découvre semaine après semaine.Maxime : C’est le genre de joueur qui va te planter 20 buts en Serie B. Valentin : Il en a planté 22 l’année dernière, il a fini meilleur buteur du championnat ! Pour faire une comparaison avec ma précédente expérience à Amiens, tu avais des attaquants qui allaient douter s’ils ne marquaient pas à tous les matchs. Lui, il peut rester muet pendant un ou deux matchs, il est toujours serein. Dans le bus sur le retour, il est tranquille, car il sait qu’il peut en marquer deux au match suivant.Maxime : Même s’il y a d’autres équipes qui ont de bons attaquants, lui, il n’a pas besoin de trente occasions pour planter. Valentin : Pour en revenir à la question, Pise a une grosse défense, leur bloc équipe est vraiment compact sur les matchs que j’ai pu voir. Ils arrivent à contrer pas mal de systèmes pour ensuite bien attaquer derrière. Il va falloir que l’on se méfie.

Vous êtes tous les deux arrivés cet été dans vos clubs respectifs. C’est même la première expérience pour toi Valentin en Italie. Qu’est-ce qui vous a motivés dans ces challenges ?Maxime : Bah moi, vu que le Chievo a disparu, j’étais bien obligé de partir. Mais Pise me suivait depuis un moment, et Claudio Chiellini, le nouveau directeur sportif, m’a expliqué que c’était un club avec beaucoup d’ambition, qu’ils mettaient les moyens pour accéder à la Serie A dans un futur proche tant au niveau du sportif que des infrastructures. Forcément, ça m’a motivé. Valentin : Pour moi, c’était une opportunité à ne pas rater. À Amiens, j’ai joué beaucoup de matchs comme défenseur central et quand j’ai su que Lecce me proposait de rejouer à mon poste, je n’ai pas hésité. J’appréhendais de partir à l’étranger, car je n’avais connu qu’un seul club, je ne parle que le français. Mais Lecce, c’était un autre monde.

Les joueurs français expatriés de l’autre côté des Alpes rabâchent souvent que les entraînements sont plus rudes. C’est le cas ? Comment vous l’expliquez ? Maxime : Avant d’arriver en Italie, j’avais surtout entendu parler du mois de la reprise qui était vraiment difficile. Ça s’est vérifié. Au quotidien, au niveau de l’intensité, c’est vrai que la semaine, je suis KO en permanence. Il n’y a que les jours de match où je ne suis pas trop fatigué.Valentin : On m’a parlé de la reprise aussi, mais j’ai fait la préparation avec Amiens cet été, donc je n’ai pas encore pu la vivre. J’ai quand même senti la différence sur les premiers entraînements, car je suis arrivé à Lecce en août, il faisait 40 degrés. En France, généralement, après le match le samedi, tu as un jour de repos, puis tu reprends tranquillement le lundi. Ici, il n’y a pas de jour de repos.Maxime : L’an passé au Chievo, on avait fait un « 12×1000 » un jour lors de la prépa. Ça n’avait aucun sens, c’était un truc de malade. On courait le kilomètre en 3’40. Il faut absolument recommencer tout seul sérieusement une semaine ou dix jours avant, sinon c’est dur derrière.

Parler aussi, c’est difficile. Je galère à rouler les R, mais j’arrive à comprendre quand le coach parle.

Vivre en Italie, qu’est-ce que ça change ?Valentin : Pour moi, tout a changé, car j’étais avec ma copine en France. Elle cuisinait trop bien, quand je rentrais de l’entraînement, j’avais des plats de folie. Là, quand je rentre, je dois tout faire… Parler aussi, c’est difficile. Je galère à rouler les R, mais j’arrive à comprendre quand le coach parle. Maxime : C’est vrai que le vocabulaire du foot se comprend vite. Moi, je suis arrivé en Italie au moment où je commençais ma vie d’adulte : j’ai eu mon appart, j’ai appris à me faire à manger, à faire les courses. Avant, au centre de formation, c’était de la rigolade. Ça m’a appris à vivre tout seul, à faire à manger. Bon, encore aujourd’hui, je mange comme un Français.

Vous estimez que le niveau de la Serie B est sous-évalué en France ?Maxime : Carrément. Même si je n’ai jamais joué en Ligue 2, lorsque j’étais à Ajaccio, je regardais les matchs. Pour moi, cela n’a rien à voir : techniquement, la Serie B est au-dessus. Les dix premiers du championnat sont du niveau de Toulouse et du podium de notre deuxième division. En Ligue 2, je dirais qu’il y a surtout de bonnes individualités.Valentin : Pour ce qui est de la tactique et de l’intensité des entraînements, cela n’a rien à voir. Il y a des actions où je parviens à récupérer le ballon, mais je me prends une remarque du coach qui me dit que je devais être trois mètres plus à gauche ou à droite au départ de l’action.Maxime : C’est pas tant les gestes techniques, c’est davantage au niveau des contrôles, des passes…Valentin : Carrément. Après, je trouve que la Ligue 2 est plus physique.

Il y a un stade de Serie B où vous redoutez d’aller ?Maxime : C’est dans les petits clubs où tu n’as pas envie d’aller : Pordenone, Cittadella, Cosenza… Tu sais d’emblée que tu vas te prendre un gros pressing pendant 90 minutes. Même s’ils sont derniers, ils vont tout donner. Je préfère largement jouer Lecce, Benevento ou Monza.Valentin : C’est vrai que Cittadella nous est bien rentré dedans. Après, je suis là depuis trop peu de temps pour avoir tout vu.Maxime :À Cittadella, on a pris trois rouges cette année alors qu’on est une équipe propre. Finalement, on a fait trente minutes à huit contre onze. Sur le terrain, on rigolait parce que c’était absurde ! C’est peut-être le truc le plus fou qui me soit arrivé ici. Avec cette fois aussi à Pordenone, en plein Covid. Le stade était vide, mais au-dessus du terrain, il y a un parc aquatique, et tu avais des supporters postés sur les toboggans !Valentin : Je n’ai pas d’histoire aussi folle, mais heureusement qu’Alexis Blin est arrivé cet été avec moi à Lecce. Il se débrouille en anglais, il m’a pas mal aidé. Ici, c’est une sorte de grande famille. Même si je ne parlais pas la langue, tout le monde est venu vers moi pour m’intégrer. Il y a aussi eu Arturo Calabresi, qui joue au même poste que moi, qui m’a énormément apporté. Vu qu’il a joué à Amiens, il parlait un peu français. Pour les visites d’appartement, c’est lui qui appelait pour moi.

Comment est-ce que vous voyez votre fin de saison ?Maxime : On ne va pas se porter la guigne ! J’espère à titre personnel jouer tous les matchs, et ensuite, on prendra ce qu’il y a à prendre. Valentin : Si on m’avait dit que je jouerais autant en arrivant, je ne l’aurais pas cru ! Ce n’est pas comme les supporters : ici, ils sont trop chauds ! Ils t’arrêtent dans la rue, ils te disent : « Il faut monter en Serie A les gars ! » Maxime : Les Italiens, même si leur club est en Serie C ou D, ils vont être à fond ! Pise, ça doit être grand comme Bobigny, y a la moitié de la ville au stade ! Valentin : Dans la rue, ce sont des petits ou même des vieilles dames qui t’arrêtent ! J’aime bien aussi les autres sports, et vu que je suis seul, je m’étais renseigné pour savoir s’il n’y avait pas un club de basket à aller voir ou quoi. Ils m’ont dit : « Non, ici, c’est que le foot ! »

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