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Défense de perdre
«Une finale avant l'heure», comme le dit Ciro Ferrara. Ce match, entre deux ex-vainqueurs de la compétition, est décisif pour la Juve comme le Bayern. Pour avoir le droit de se faire éliminer plus tard dans la compétition, les Allemands doivent l'emporter ; les Italiens, eux, peuvent se contenter du nul. Ce qui leur va très bien.
« Ce match est décisif pour l’un comme pour l’autre, et, au final, une seule des deux équipes sortira gagnante. Le nul nous suffit, mais une grande équipe ne doit pas penser à cela. Le Bayern devra lui absolument gagner, mais je ne crois pas que les allemands perdront leur équilibre, ils essayeront de convertir au mieux leurs occasions » . Derrière cette déclaration en apparence un peu banale, Ciro Ferrara, l’entraineur de la Vieille Dame, a synthétisé ce que sera cette rencontre: un match à ne pas perdre plus qu’à gagner. Simple, si la Juve préserve le score tel qu’il est au coup d’envoi, elle est qualifiée pour les huitièmes de finale de Ligue des Champions édition 2009/10.
Un Bayern fragilisé
L’essentiel est donc de défendre, la mission de ne pas prendre de but. Cela sans Chiellini, absent pour blessure et probablement remplacé par ce bon vieux Nicola Leggrotagglie. Mais même ainsi, la défense de la Juve offre de sérieuses garanties. Buffon, Cannavaro, Grosso, Chiellini : c’est avec cette ossature que se présentera la sélection italienne de Marcello Lippi lors de la prochaine Coupe du Monde, quand il s’agira donc de défendre son titre comme il se doit. Comme la prunelle de ses yeux. On peut légitimement s’attendre à la même chose de la part de ces joueurs turinois contre le Bayern.
Un Bayern, qui, comme si cela ne suffisait pas, n’est pas au mieux en ce moment, et se retrouve quatrième du championnat allemand. Un Bayern qui n’a pas encore tout à fait digéré l’arrivée de Luis Van Gaal. Un Bayern qui lutte en Ligue des Champions et qui ferait bien de se qualifier pour la suite de la compétition. Pour ce faire, sans Ribéry toujours blessé, la formation teutonne comptera du coup sur Robben, s’il ne se blesse pas dans l’après-midi qui précède le match, sur Klose, sur Toni, sur Van Buyten aussi, de retour de blessure. Sur qui ils veulent en fait, le seul objectif qui vaille étant de marquer un but à cette satanée Vieille Dame.
La clé Diego ?
Car la Juve ne doit donc pas prendre de but, et sait y faire. Surtout avec le retour du rombo, organisation aussi rugueuse en phase défensive que fine en phase offensive. Avec un meneur de jeu protégé par trois milieux axiaux, l’équipe met certes moins de buts qu’en 4231, mais elle défend bien mieux. Ainsi rassurée, elle peut davantage jouer comme elle l’entend, tout en organisation, réalisme et force tranquille. L’Inter vient de s’en rendre compte lors d’un derby d’Italie remporté dans la souffrance et l’honneur. Où les joies du win ugly pour une Juve revenue aux fondamentaux: défense, défense, humilité, sérieux, défense, un milieu en acier (mention spéciale à un superbe Claudio Marchisio, si vous ne connaissez pas, c’est Gerrard en moins bon) et victoire à la clé. Aujourd’hui, cette rencontre contre le Bayern devrait définitivement asseoir l’identité de la Juventus pour le reste de la saison. Et l’identité de la Juve, qu’il vente, pleuve ou neige, est de jouer dur mais avec un dix soyeux, puisqu’il faut bien se divertir un peu.
Diego, puisque c’est de lui dont il s’agit, est quelque peu en dedans ces derniers temps. Non pas qu’il soit médiocre, mais ses performances ne sont pas aussi brillantes que le laisser envisager son merveilleux début de saison. Les blessures, changements de tactique et autres premiers matchs au sein d’un nouveau championnat ne l’ont pas aidé. Pourtant le génie brésilien a convaincu tout le monde. Le temps nécessaire lui sera laissé, car ce n’est, comme tout, qu’une question de temps: la Juve l’amènera comme ses prédécesseurs au Ballon d’Or. Ou pas très loin. D’ici là, il s’agit de ne pas perdre contre les allemands. Sinon, tout ne sera pas remis en cause, mais il faudra encore patienter.
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