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« De toute façon, on a chargé le car de Jupiler »

Par Joachim Barbier, à Lyon
4 minutes
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Depuis les incidents de Marseille, le ministère de l'Intérieur a décidé d'interdire la vente d'alcool à emporter les jours de match. Une mesure prise ce lundi matin à Lyon par le préfet, à quelques heures du sommet du groupe E. Reportage autour de la place Bellecour avec les supporters belges pour qui la mesure ne gâchera pas la fête, ni l'envie de trinquer avec les Italiens, loin des débats sur l'alcoolisation excessive des supporters de cet Euro.

Sur la place Antonin Poncet, les quelques policiers présents ne savent pas trop. En tout cas, il n’a pas la réponse. Alors, il demande à sa capitaine : « Il a été pris l’arrêté préfectoral ? » Sa gradée est bien emmerdée : « De toute façon, avec les 3000 Belges dehors, c’est impossible à faire respecter. » Depuis ce lundi matin, le préfet du Rhône a pris la décision d’interdire la vente d’alcool à emporter les veilles et les jours de match. Une mesure prise dans l’urgence par le ministère de l’Intérieur pour éviter les scènes de bataille rangée observées dans les heures qui ont précédé le désormais sinistre Angleterre-Russie de Marseille. Le genre de fausse bonne idée difficilement applicable et qui risque de flinguer l’ambiance déjà peu festive de cet Euro qui assiste, de façon anachronique, au retour des violences des années 90. Une mesure aussi symbolique qu’obsolète, à l’image de la manière dont s’est disculpée la division nationale de lutte contre le hooliganisme après les violences de Marseille. « Le problème, c’est la sur-alcoolisation » avait ainsi justifié son patron, Antoine Boutonnet, qui a considéré qu’il n’y avait pas eu d’échec du dispositif de sécurité publique à Marseille.

La déclaration a, semble-t-il, bien fait rire ses homologues des pays véritablement confrontés au hooliganisme dans les années 80 (Angleterre, Allemagne, Pays-Bas) et qui s’en sont débarrassés depuis en menant une politique inverse de la France. Alcool = violence ? Autour d’un pack de Kro posé sur un banc, Fabian, un supporter belge originaire de Charleroi, n’y croit pas : « C’est pas un problème d’alcool. Et on met toujours tout sur le compte des Anglais, alors qu’ils sont corrects. Dans leur stade, il n’y a pas de barrière de protection et il ne se passe rien. » À ses côtés, Michel, qui « n’a bu que deux verres de vin parce qu’il conduit au retour » , estime que les Russes, qui sont venus chercher les Anglais, « auraient dû être filtrés à la frontière » . De toute façon, « nous, on n’est pas des bagarreurs, sur notre drapeau, il est écrit fair-play et on ne veut pas gâcher la fête, ça fait 16 ans qu’on attend ce moment, une qualification pour une phase finale de l’Euro. »

« Ils veulent nous éloigner »

Après quelques conversations dans le talkie-walkie, il semble que la police nationale soit bien obligée de faire respecter cet arrêté impossible à appliquer. Ils délogent une bande de supporters belges du parc, en leur demandant d’aller boire aux terrasses. Pour Fabien : « Tu vois, ça, c’est de la provocation, on ne fait rien, on casse les couilles à personne. » Les supporters belges le prennent bien. Ils demandent une photo avec la capitaine de police, toute contente. « On a du succès. » Puis tentent de glisser une canette dans la poche arrière de son collègue de la police nationale en chantant « pas capable, pas capable !!! » Celui-ci fait la réclame pour sa ville et ses plaisirs. « Vous devriez allez à côté de Gerland dans un bar qui propose les bières brassées à Lyon. Les Belges, vous êtes des amateurs. » « Ouais, il veut nous éloigner. »

Passe Michel Lecomte, le présentateur et directeur des sports de la RTBF. Les supporters, canette à la main, lui sautent dessus pour une photo avant de le laisser partir en gueulant « Merci Jacky et Michel ! » Ils ont l’air tout surpris de cette interdiction de vente d’alcool. « On a tout acheté au Monop d’à côté » répond l’un d’eux. « De toute façon, on est chargés » , rassure Olivier, venu de Binche, à mi-chemin de Charleroi et de Mons. « On est venus à 95 en car, et on l’a rempli de Jupiler, alors on s’en fout de cet arrêté. » Les supporters belges finissent par s’engouffrer dans la rue des Marronniers où se succèdent terrasses de restaurant et bars. Devant des pintes de bière servies dans des gobelets, ils entonnent le « Dale Cavese » , un classique des supporters européens né dans les tribunes du stade de la petite ville de Campanie. Les Italiens ont l’air touché par l’attention et trinquent avec les Belges. Même communion entre supporters des deux pays autour de la place Bellecour et le long de la rue de la République, la principale artère du centre lyonnais. Au Monop’, la police vient demander au gérant de fermer son rayon de bières. « C’est pas une question d’alcoolisation, c’est le contenant, les bouteilles en verre » , précise-t-il au moment où le supermarché gratifie les supporters qui font la queue aux caisses des paroles du Bouba de Chantal Goya. Dans les rues de Lyon, Belges et Italiens sont des petits oursons. Même avec une canette à la main.

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