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Coupe de France : magie à tout prix

Par Julien Faure

Depuis quelques mois, « la magie de la Coupe de France » est régulièrement entachée de polémiques concernant des politiques tarifaires de certains clubs. Des prix qui s’expliquent cependant par une augmentation des frais engagés et par la santé financière du football français.

Coupe de France : magie à tout prix

À l’heure où de nombreux clubs français vivent avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, en galère financière et au bord de l’agonie, la Coupe de France ressemble à une belle bouée de sauvetage pour les plus chanceux. Pourtant, le rêve peut vite se transformer en cauchemar. Entre des obligations fédérales renforcées tour par tour, la crainte de ne pas faire stade comble ou de ne pas faire recette, la peur du vide est bien présente. Le Fonds d’aide au football amateur (FAFA) par exemple, mis en place par la fédération, ne concerne pas la Coupe, et les clubs ne reçoivent pas d’aide de la part de celle-ci au fur et à mesure de leur avancée dans la compétition. Ils touchent toutefois des primes de victoire à chaque tour passé. Un succès en seizièmes ce week-end rapportera aux clubs concernés la somme de 133 000 euros, un montant non négligeable, surtout pour les plus petits.

Quitter son stade, sortir le porte-monnaie

Un tour auquel participera Bergerac, qui reçoit Lyon ce vendredi, à Limoges. Un déplacement de 190 kilomètres pour le club, obligé de délocaliser en raison du manque d’infrastructures aux normes dans la région. Son président, Christophe Fauvel, témoigne d’un déménagement dispendieux en énergie, mais surtout financièrement. « Ce n’est absolument pas pratique, et à organiser en 10 jours. » Pas de quoi entacher l’entrain de celui qui souhaite tout de même faire les choses en grand, sans faire exploser les coûts des consommateurs. Avec des prix entre 20 et 40 euros, 15 euros en parcage visiteurs, Bergerac a augmenté ses prix par rapport à un match de championnat classique, mais doit aussi gérer l’organisation de la rencontre sans que ça soit vraiment à domicile. Un travail colossal. « C’est immense à sécuriser, avance le président dordognais. Il y a les tribunes, les hospitalités, les pesages, et ce ne sont pas moins de 300 personnes qui vont travailler ce soir pour le match Bergerac-Lyon. » Une mise en place permise par l’aide et le travail conjoint « de la ville de Limoges, du district de la Haute-Vienne et de la Ligue de football de Nouvelle-Aquitaine qui se sont filées avec nous ».

Imaginez qu’on ait fait un bide, on aurait ces mêmes frais sans avoir le produit. Non seulement on ne gagnerait rien, mais en plus on passerait à la trappe, on serait déficitaires.

Christophe Fauvel, président de Bergerac avant la réception de l’OL

Si Bergerac doit faire face à une réalité économique compliquée – « aujourd’hui, on est un peu en difficulté financière » –, Fauvel souhaite tout de même que « tout soit irréprochable ». Il a donc investi dans une billetterie à distance, pour vendre plus large et assurer un stade plein. Condition sine qua non pour éviter la catastrophe financière. « Quand on attaque les réunions de sécurité avec la préfecture, avec les services de la protection civile, ils partent du principe que le stade va être plein et ils vous demandent, par avance, de vous engager sur un dispositif de sécurité comme si le stade allait être plein. » Le stade sera bien rempli ce soir, au grand soulagement du président. « Imaginez qu’on ait fait un bide, on aurait ces mêmes frais sans avoir le produit, rappelle-t-il. Non seulement on ne gagnerait rien, mais en plus on passerait à la trappe, on serait déficitaires. » Pour réduire ses coups et espérer un bilan positif, Fauvel mise aussi sur la part de recette des Lyonnais, tradition oblige, avec les trois divisions d’écart entre les deux formations. « Vu l’investissement que l’on a mis sur ce match, ça serait sympa, parce que le club est quand même en forte précarité aujourd’hui, et parce c’est important pour nous financièrement, c’est une véritable bouffée d’oxygène dans notre fonctionnement. »

Assumer une opportunité de marché

À Rouen, où les prix ont finalement été rabaissés après avoir été annoncés à des tarifs très élevés qui ont largement fait polémique, le fait de recevoir un « match de gala » justifie aussi l’augmentation des tarifs. Le président Charles Maarek assume le fait que « quand on joue Toulouse, ce n’est pas le même prix que lorsqu’on joue une équipe de National ». Ainsi, il considère que les tarifs qui oscillent entre 15 et 40 euros, « correspondent à ce qu’il faut mettre », alors qu’une place de match coûte habituellement 10 euros au FC Rouen 1899. Ici comme dans la majorité des clubs, la Coupe de France n’est pas incluse dans les budgets de début de saison, « ce n’est que du plus », mais les obligations de la FFF poussent le club à faire grimper les prix. « On essaye de maîtriser par rapport à nos entrées (financières, NDLR) pour ne pas avoir de problème », souffle Charles Maarek.

Peu ou prou la position soutenue par Patrick Triaud, le président d’Angoulême, qui ne s’était pas défilé au moment d’augmenter significativement le prix des billets pour la réception de Bordeaux. Pour RMC, le président n’avait pas caché être dans une « vraie démarche mercantile » et commercialiser un « événement avec un caractère qui est exceptionnel et qui est rare », pour un club qui compte 41 salariés et qui a une boutique à faire tourner, mais qui ne veut pas dépendre des aides publiques. Soulignant lui aussi qu’après avoir fait passer ses abonnés et partenaires en priorité et respecté les normes, coûteuses, de sécurité de la fédération, il ne lui restait plus que 250 places à vendre en tribune principale. De quoi justifier une mise à prix de 40 euros pour des places en tribune principale. Un mélange d’opportunisme et d’obligation, une fois devant un cahier des charges conséquent et qui touche directement au portefeuille des clubs.

Ce rêve a une réalité économique.

Patrick Gonzalez, président de Saint-Priest

Pas directement concerné par les craintes de ses homologues, puisque son club de Saint-Priest (N3) affronte Romorantin (N2), dans son stade Jacques-Joly habituel, le président Patrick Gonzalez va dans leur sens : « Ce rêve a une réalité économique. » Dans ce choc des « petits », les billets seront à 8 euros. Un prix très bas, permis par des coûts moins importants, liés au fait de ne pas délocaliser. « Les places n’auraient pas été au même prix sinon, avoue Gonzalez. Je les comprends aussi les clubs amateurs, je ne les blâme surtout pas. » La crainte d’un trou financier et du passage devant la DNCG étant dans tous les esprits.

Un phénomène qui ne se limite pas qu’au foot amateur

Difficile aussi de passer sous silence le cas de l’US Orléans. Pensionnaire de National, mais qui est encore détenteur de son statut professionnel, le club loirétain est actuellement dans une profonde impasse financière, qui a mené la DNCG à le sanctionner lourdement la semaine dernière. Rétrogradé à titre conservatoire, l’USO marche sur des œufs financièrement et doit trouver de quoi renflouer ses caisses d’ici à la fin de saison. Alors la poule aux œufs d’or s’appelle le Paris Saint-Germain, qu’Orléans affronte samedi soir au stade de la Source, à 20h45. Si le coach orléanais, Karim Mokeddem, évoquait au micro de RMC « une décision de raison, peut-être pour la survie du club », les tarifs pratiqués pour la rencontre ont interpellé bon nombre d’observateurs. Entre 60 et 100 euros, c’est le prix qu’il fallait en effet dépenser pour voir les stars parisiennes et la magie de la Coupe au plus près. Une décision à laquelle ont été loin de goûter les supporters parisiens et le CUP qui, malgré la prise en charge par le club de 50% du prix des billets en parcage, ont choisi de boycotter le déplacement, peu emballés par l’idée de « renflouer les caisses d’un club à la gestion hasardeuse ». Conscient que les prix ont atteint des cimes très élevées, le technicien regrette la situation, mais ne voit pas d’autre solution : « Il faut qu’on arrive à trouver des mannes financières. » Alors que la même rencontre avait eu lieu en Coupe de la Ligue il y a trois ans, les tarifs ont doublé. Mokeddem martèle cependant que « si le club allait bien financièrement, il n’y aurait jamais eu ces prix ». Réponse lors du prochain Orléans-PSG ?

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Par Julien Faure

Tous propos recueillis par JF, sauf mentions.

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