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Comment défendre sur Diego Costa, par Maxime Chanot

Propos recueillis par Matthieu Pécot
Comment défendre sur Diego Costa, par Maxime Chanot

Maxime Chanot est le dernier défenseur central à avoir croisé la route de Diego Costa. C'était il y a deux semaines lors d'un Luxembourg-Espagne (0-4) où l'attaquant de Chelsea a marqué son premier but avec la Roja. Mais a aussi été sérieusement bougé par le joueur de Courtrai.

Puisque la lumière n’est pas toujours focalisée sur ceux qui le méritent le plus, Maxime Chanot sévit aujourd’hui dans la confidence, sur les pelouses de Jupiler League. Formé à Nancy et à Reims, le solide défenseur de Courtrai, d’où il envisage de partir cet hiver, explose sereinement à 24 ans. Ses 186 centimètres et 84 kilos de muscle ne devraient pas manquer d’attirer le regard de quelques clubs européens au prochain mercato. Car si les bonnes performances en Belgique ne suffisent pas toujours pour taper dans l’œil des recruteurs, celles réalisées avec le Luxembourg ont du mal à passer inaperçues. Le Français, qui a obtenu la nationalité luxembourgeoise l’année dernière, a assouvi en juin dernier un fantasme ultime pour tout footballeur qui se respecte : marquer un but à Gianluigi Buffon (1-1). Contre l’Espagne, son défi était de regarder Diego Costa dans les yeux. Verdict : le meilleur buteur de Premier League n’a pas gagné cette baston de regards.

Tu t’en es très bien sorti dans ton duel avec Diego Costa. Quels conseils peux-tu donner aux défenseurs de Premier League qui le marqueront cette année ?

Je ne peux pas me permettre de donner de conseils à des mecs qui jouent en Premier League et sont à un niveau au-dessus du mien. Mais je peux quand même parler de ce que j’ai vu. Ce qui m’a surpris, ce sont ses déplacements. J’ai tendance à dire que les meilleurs attaquants ne se mettent jamais dans ton champ de vision. Dès les premières minutes, j’ai eu le malheur de tourner la tête et il était déjà dans mon dos. On le résume souvent à son physique, mais moi, j’ai aussi vu un fin tacticien.

Tu lui as pris presque tous les ballons de la tête. Est-ce la clé pour ne pas perdre son duel contre lui ?

Le jeu aérien, c’est aussi mon point fort ! Quand tu es défenseur central, tu as intérêt à aimer ça. Si c’est le cas, avec lui, tu es gâté. Après, il faut faire la différence entre le Diego Costa qui joue pour l’Espagne et celui de Chelsea. En Angleterre, il a entre vingt et trente duels à gagner. Avec sa sélection, il en a quoi ? Dix ? Piqué a pas mal joué long, mais je n’apprends rien à personne en disant que l’Espagne joue surtout au sol. En Angleterre, Diego Costa a des tours de 2m en face de lui et on lui demande de les bouger. En sélection, la plupart des ballons lui arrivent dans les pieds. J’ai quand même pu observer qu’il jouait bien avec ses bras, qu’il passe l’épaule…

Puisque tu parles de son jeu de bras, c’est aussi un joueur qui a la réputation de donner des coups. As-tu eu l’occasion de voir ce côté vicelard ?

Pas vraiment, sauf sur une action. Je le tacle sur le côté – un tacle inutile, je l’avoue – et en retombant, je me prends sa main sur le visage. J’ai revu la vidéo du match après et il essaye vraiment de me mettre un coup. C’est la patte des mecs du haut niveau ! Les très bons footballeurs sont tous des bons vicelards. Trois jours avant de nous jouer, il y avait eu une histoire avec Škrtel (un gros tampon dans le dos du Slovaque sur une action anodine, ndlr). Bref, contre nous, à part ce tacle où il me répond par un coup, il n’y a rien eu de bizarre, ça a l’air d’être un mec sympa. Et puis peut-être qu’il était un peu tendu. Car il ne faut pas oublier que ce coup qu’il me donne a lieu quelques minutes avant son but. Et jusque-là, il n’avait pas marqué avec l’Espagne et était attendu au tournant.

José Mourinho dit qu’il a récupéré un joueur blessé. As-tu eu le sentiment de jouer contre quelqu’un d’amoindri ?

Je vais cogiter si tu me dis qu’il n’était qu’à 40% de sa forme ! Non, franchement, il était à fond, ça lui tenait à cœur de marquer son premier but et j’ai vu un gars concentré sur son sujet. Del Bosque ne se serait pas amusé à le faire jouer s’il n’en avait pas été capable.

Le but qu’il vous met est assez laid…

Ce n’est sûrement pas son plus beau, mais ça restera pour toujours son premier but avec l’Espagne !

Y a-t-il une place pour Diego Costa dans cette équipe ?

Je reste persuadé que le jeu de Diego Costa n’est pas fait pour l’Espagne. Après, ça ne leur fait pas de mal de devoir faire avec un joueur comme ça, ça va apporter un peu de variété à un jeu qui devenait de plus en plus prévisible. Dans le même style, il y a Llorente de la Juve qui peut apporter cette variété. Si j’étais Del Bosque, est-ce que je ferais jouer Diego Costa ? Difficile à dire. Il n’est pas complètement adapté à cette équipe, c’est une évidence. Ça va être intéressant de le voir s’épanouir à Chelsea, où on lui demande des choses dans lesquelles il excelle naturellement, puis de revenir avec l’Espagne…

Cette année, tu as aussi joué contre Lukaku (défaite 5-1 en Belgique) et Balotelli (1-1 en Italie). Parmi ces trois attaquants de Premier League, lequel t’a le plus impressionné ?

Les trois sont des balèzes. Balotelli est quelqu’un de très bien, un mec ouvert, super sympa. On a parlé avant le match, il savait que je jouais en Belgique, tu voyais qu’il préparait son match avec sérieux et que la caricature qu’on fait de lui n’est pas forcément juste. Côté terrain, il était assez nonchalant et pas très impressionnant. Sur deux ou trois accélérations, on a quand même pu apercevoir l’étendue de son talent. Lukaku, physiquement, c’est un client. C’est lui qui utilise le mieux son corps. Il nous avait mis un triplé. C’est lui que j’ai senti le plus à l’aise dans son équipe. Je sais que c’est paradoxal de dire ça parce qu’aujourd’hui, il a un peu perdu sa place avec la Belgique. Je vais dire quelque chose de bizarre, mais en fait, celui qui m’a le plus impressionné, c’est Divock Origi. Je ne lui laisse pas longtemps avant de devenir l’un des meilleurs attaquants du monde. Dans trois-quatre ans, quand il sera bien installé à Liverpool, il risque de faire très mal. Je n’ai pas été étonné de le voir se révéler au Mondial. J’ai joué contre Pirlo, Verratti et Iniesta, des mecs très forts, mais oui, c’est Origi qui m’a le plus bluffé.

Propos recueillis par Matthieu Pécot

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