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Collectif nantais : la fin d’une belle utopie

Par Ulysse Llamas
4 minutes

Il avait émergé en 2021 après une relégation évitée de justesse, puis avait fait germer un bel espoir chez les supporters nantais. Le Collectif nantais a acté sa fin, mais pas la fin des espoirs de voir un actionnariat populaire prendre en main le FC Nantes.

Collectif nantais : la fin d’une belle utopie

L’espoir était né d’une défaite contre Toulouse, d’un maintien obtenu en galérant et après avoir vu l’agent Mogi Bayat déterrer un faux cercueil « FC Kita 2007 – 2021 » inhumé au pied de la Beaujoire par les supporters. À l’aube de l’été 2021, un projet avait germé, puis fait rêver les supporters du FC Nantes. Le Collectif nantais, nom porteur de sens en Loire-Atlantique, naissait, et avec lui, une promesse : « Un grand club de football mérite une grande mobilisation de son territoire. » Le projet est aujourd’hui terminé, mais les espoirs suscités, eux, restent.

Un Collectif à Nantes, joli oxymore

La ville de Jules Verne avait proposé une nouvelle utopie : un club de football ancré localement, qui respecte ses supporters et son histoire. Le groupe avait lancé sa pétition et sa cagnotte en ligne. Les supporters adhéraient selon leurs besoins et leur envie. « L’enjeu n’est pas la somme, mais le nombre de souscripteurs, disait Philippe Plantive, une des têtes pensantes du projet. Nous voulons vérifier l’élan populaire derrière nous. On espère soulever un enthousiasme, qui sera du carburant pour le Collectif nantais, et qui pourrait déclencher un déclic chez des investisseurs hésitants aujourd’hui. » 2,5 millions d’euros avaient été récoltés dès le début de l’été.

Des anciens joueurs manifestaient leur soutien, de Mickaël Landreau, premier communiquant du projet, à Jocelyn Gourvennec, devenu par la suite entraîneur du club. D’autres jolis noms qui faisaient rêver. Les plus vieux pouvaient frissonner à l’écoute de Hugo Bargas ou Jean-Jacques Eydelie, quand les adultes rêvaient de Viorel Moldovan, Nicolas Ouédec ou Eddy Capron. Une dizaine d’associations de supporters, dont la Brigade Loire et Activ, avaient évidemment apporté leur soutien.

Rendre au territoire ce club qui a fait sa gloire.

Le Collectif Nantais

Le collectif avait constitué une SAS, présidée par Philippe Plantive, président de la société de services du numérique Proginov. Sa boîte qui raconte elle-même ne pas dépasser des grilles de salaires de 1 à 3. Marc Jegaden, un autre entrepreneur local, a pris sa suite, signe que plusieurs entreprises avaient manifesté leur intérêt, comme la fromagerie Beillevaire, LNA Santé, et d’autres. L’enjeu ? « Rendre au territoire ce club qui a fait sa gloire. » Tous allaient s’associer pour reprendre le club. C’était écrit, alors que Waldemar Kita assurait que le projet n’avait « aucune chance d’aboutir ».

1 800 souscripteurs avaient été recensés lors d’une des rares publications du Collectif, réalisée sans hasard un 14 février. Ils avaient choisi la discrétion, disent-ils pour respecter « l’institution FC Nantes », mais leur silence augmentait au fur et à mesure des interrogations. Ouest-France, Hit-Ouest et Presse-Océan continuaient de régulièrement donner de leurs nouvelles. Les supporters changeaient leurs photos de profils Twitter et attendaient la fin de Waldemar Kita.  « On n’y arrivera peut-être pas, mais on aura tenté »,  avait dit Philippe Plantive aux Échos dès le premier été.

« Soit on arrive à réunir l’argent pour discuter seuls, soit ce sera avec un acquéreur qui devra savoir que s’il arrive en terre nantaise, c’est une union sacrée qui l’attend », avertissait Plantive, signe que si un futur s’écrivait sans les Kita, il porterait le sceau du collectif. Au niveau sportif, c’était écrit : des gars comme Pierre Aristouy aurait eu du temps, l’accent allait être mis sur la formation, et le passé nantais allait flamboyer.

Mickael Landreau, gardien de l’institution ?
Mickael Landreau, gardien de l’institution ?

L’indéboulonnable M. Kita

Cette semaine, le collectif a acté sa fin. Le projet meurt donc sans avoir été réalisé. Il annonce avoir formulé une offre de rachat de 80 millions d’euros à Waldemar Kita en décembre 2023. Une belle somme, alors que le foot français commençait à s’enliser dans la crise. L’histoire raconte que ce genre de projets est difficile à mettre en place dans le football français sans l’accord du propriétaire. Il faut attendre, comme à Sochaux, Bastia ou Nîmes, qu’un club soit en état végétatif pour voir ce genre d’entreprises prendre.

Waldemar Kita, au club depuis 2007, n’est définitivement pas vendeur du FC Nantes. Christophe Chabot, chef d’entreprise vendéen, avait déjà proposé en 2012 de racheter le club contre 4 millions d’euros. L’homme d’affaires lui avait demandé 30 millions. Kita père « mourra propriétaire du FC Nantes », avait prévenu chez So Foot Saber Jendoubi, auteur de la biographie L’Insaisissable Monsieur K. C’est le triste paradoxe des Kita : garantir la survie du club, sans accord populaire. Les idées, en revanche, ne meurent jamais.

Le Collectif nantais, c’est terminé

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