Chelsea veut braquer Villa

Ça n’a l’air de rien mais il se passe quand même quelque chose à Chelsea. L’ancienne multinationale, froide recycleuse de stars surpayées, est devenue un club avec une âme. Si, si. Car à bien y regarder, les têtes de gondoles du club londonien, autrefois présentées comme de simples mercenaires de passage, se sont attachées aux lieux, à ce maillot et s’y épanouissent. Pas un hasard si Lampard, Terry, Drogba, Ashley Cole, tous convoités par d’autres grandes écuries, jouent les squatteurs à Stamford Bridge. Dernier lover en date, Florent Malouda qui ne cache pas, sur RMC, son envie de finir chez l’actuel leader de Premier League. Carrément ! « Ça se passe extrêmement bien. Depuis que je suis arrivé à Chelsea, j’ai connu cinq entraîneurs. Mais malgré les changements, l’équipe a toujours été performante. En tout cas, sur le plan personnel, le club m’a fait prolonger mon contrat de deux années jusqu’en 2013. Cela prouve que tout va bien. Grâce aux performances que j’ai réalisées au club ces deux dernières années, je suis devenu un joueur important. Je vais bientôt jouer mon 100e match à Chelsea. Carlo Ancelotti a insisté pour que je prolonge, de même que Peter Kenyon. Je pense être capable de jouer encore après 2013 ! Mais terminer à Chelsea, pourquoi pas ? Je m’épanouis ici. Ce que je vis me donne envie. Tant que j’aurai envie, je continuerai. J’ai encore de belles années devant moi. Chelsea, c’est l’endroit idéal pour continuer une belle carrière » . Tout chose le Flo, on vous dit. Et finalement, c’est peut-être dans cet attachement des cadres (parce qu’il faut se rendre à l’évidence, l’ancien Guingampais est devenu un pion majeur de l’escouade de Roman Abramovitch) qu’il faut chercher l’excellent début de saison.

Drogba-Anelka, qui dit mieux ?

« Chelsea a choisi la voie de la stabilité, reprend la Maloude. C’est peut-être ce qui explique notre bon début de saison. Pour l’instant, on est en tête de la Premier League et on espère finir devant Manchester United. Et sur la scène européenne, on se prépare pour aller au bout » . Ambitieux et réaliste le Flo. Car pour l’heure, c’est un quasi sans faute pour Drogba et les siens. Le raté de Wigan (1-3) a vite été effacé par la leçon tactique administrée à Liverpool (2-0). Évidemment, cette réussite porte un nom : Carlo Ancelotti. L’ancien mentor de l’AC (lassé ?) Milan n’a pas lambiné pour apprendre à rouler à gauche. Et tout le talent du coach italien est d’avoir su passer de son vécu rossonero à son effectif anglais. Comprenez : moins de classe désormais, plus de testostérone. Le 4-4-2 en diamant fait la part belle au duo Drogba-Anelka qui a quand même peu d’équivalents en Europe actuellement. « Drogba est selon moi le meilleur attaquant du monde, se paluche même John Terry. Et Anelka est de la même veine » . Mais le dispositif a fait une victime collatérale : Frank Lampard. Incapable de jouer à la pointe du diamant, juste derrière les deux attaquants, faute d’une vitesse gestuelle suffisante, Lamp a laissé cette tâche à Deco, plus fin techniquement, pour aller sur un flanc où l’Anglais paraît finalement tout aussi paumé. Et ces difficultés du vice-capitaine de Chelsea mettent en lumière une vraie limite dans le jeu des Blues : une absence quasi-totale d’occupation des côtés. Car ni Lampard ni Ballack n’ont la capacité à s’exiler. Du coup, l’ambition offensive pourrait se résumer ainsi : « On récupère et on balance direct sur Didier les gars ! » . Pour l’instant, l’Ivoirien paie sa tournée à chaque match ou presque avec six buts et six passes décisives en huit journées. Qui dit mieux ? Résultat, Chelsea frappe à chaque sortie et à la place d’Aston Villa, hôte de samedi, on ne serait pas rassuré.

Villa a le choix entre Heskey et Carew : tout est dit

Curieux ces Villans quand même et vachement difficiles à cerner. On résume la courbe pour le moins sinusoïdale : début de saison pourri (deux défaites en deux matches) puis série de six succès consécutifs toutes compétitions confondues avant un nouvel enchaînement malheureux (défaite à Blackburn, nul face à City). Allez comprendre ! Il faut dire que si Agbonlahor assure le beefsteak (4 buts déjà), ses partenaires offensifs sont plus inégaux. Milner reste limité, Young est loin de ses performances de ces deux dernières saisons et la pointe de l’attaque se joue entre Carew et Heskey et là, tout est dit. Sans compter que Villa n’a pas encore tout à fait démontré que dans son entrejeu, il y avait une vie après Gareth Barry. Oui, malgré sa septième place au classement (à huit points du leader mais à trois petites longueurs de la 4e place de City), on n’est pas forcément optimiste pour les hommes de Martin O’Neill à l’heure de recevoir Chelsea. D’autant que les Blues, pour la première de Guus Hiddink venu à la rescousse en février dernier, avaient totalement relancé leur saison en allant gagner à Villa Park pour la première fois depuis dix ans (1-0 but d’Anelka). Une rupture pour assurer la continuité ? On connaît des présidents qui ont fait leur beurre sur ce concept.