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Chamakh, ce n’est qu’un au revoir
Marouane Chamakh s'apprête à dire adieu à Bordeaux, son club de toujours. Il jouera contre Sochaux, son dernier match à Chaban-Delmas sous le maillot Marine et Blanc. 74 réalisations pour 299 matches, le bilan provisoire est plutôt flatteur pour un joueur qui n'est plus le même depuis son arrivée en Gironde. Retour sur ses huit années au club en cinq dates clés.
Eté 2000 : Sa naissance chez les Girondins
Marc Zanotti, Christophe Sanchez, Lilian Laslandes, les attaquants des Girondins made in 2000 ne sont plus tous jeunes. Pour faire face à ce déclin de joueurs offensifs, les responsables du centre de formation se chargent de recruter de jeunes pouces. Marouane Chamakh est alors repéré à Marmande. Après être passé par Nérac, le natif d’Aiguillon est contacté par les Girondins et décide de tenter l’aventure Marine et Blanc. Mais pas question de laisser tomber études et amis. Le déjà imposant gabarit (1m 85 aujourd’hui) arrive au Haillan avec cartable et potes d’enfance. Pris en charge par Guy Hillion, Marouane Chamakh est directement surclassé chez les jeunes et atteint très rapidement le niveau CFA2. Bien acclimaté à la vie bordelaise, le Franco-Marocain trouve son bonheur avec quelques uns de sa génération. Entre Rio Mavuba et Juan Pablo Francia, Marouane est comme un poisson dans l’eau. Il ne lui manque plus que la confiance du coach de l’équipe première.
19 janvier 2003 : Dépucelage chez les pros
Après une année chez les jeunes et une saison en réserve, Chamakh séduit Michel Pavon. Le coachcherche à injecter du sang frais dans une attaque en manque de puissance physique. Ça tombe bien pour Marouane, les matches de Coupe Nationale sont faits pour ça. L’entraîneur bordelais décide d’intégrer le jeune girondin dans le groupe qui va affronter Metz pour une alléchante rencontre de Coupe de la Ligue. La tige maghrébine rentre en cours de match pour aider les Bordelais à revenir au score. Bilan : une défaite 1-0 à Saint-Symphorien et quelques minutes en pro. Le week-end suivant, quelques jours après ses 19 ans, Chamakh est titulaire en Coupe de France aux côtés du célèbre Pauleta. S’en suit 10 premiers matches en Ligue 1 où le jeune marocain inscrit son premier but face à Nice. La carrière du – sans doute – futur Gunner est lancée.
Juin 2005 : Première tentation d’adultère
Eté 2005, Chamakh est devenu international marocain, titulaire girondin et fer de lance du club Marine et Blanc. Il est marié à Bordeaux depuis maintenant cinq ans. Son potentiel physique attise les convoitises de l’ogre Lyonnais de l’époque. En bon président qu’il est, Jean-Michel Aulas annonce vouloir mettre plus de 10 millions d’euros sur la table pour acheter le lion de l’Atlas. Priorité de l’OL, Marouane ne cache pas ses envies d’ailleurs, estimant que « jouer la Ligue des champions, c’est un rêve depuis que je suis gamin » . Mais Triaud a justement un projet de Coupe d’Europe. Et il sait qu’il n’y arrivera qu’en gardant l’attaquant marocain. Le président des Girondins déclare Chamakh intransférable, avec qui il aura d’ailleurs une franche discussion. La conclusion ? Marouane reste à Bordeaux et Triaud décide de recruter des joueurs d’expériences capables d’encadrer des jeunes dans l’optique de futurs titres. Une idée qui va s’avérer payante.
2 août 2008 : Chamakh découvre les joies du plaisir solitaire
Performant sans être étincelant, Chamakh mène une carrière assez tranquille. « C’est un bon joueur de Ligue 1 » , disent certains. « Il lui manque ce petit plus qui peut l’envoyer plus haut » , affirment d’autres. Ce supplément qualitatif, Laurent Blanc va lui apporter : « Il faut que tu sois plus tueur devant le but » . L’ex-défenseur des Bleus arrive à Bordeaux en 2007, son premier poste en tant qu’entraîneur. Blanc met en place un 4-4-2 pour sa première saison. Le numéro 29 devient le parfait complément de Fernando Cavenaghi mais manque encore d’efficacité devant le but (4 réalisations en 2007-2008). Ce rendement offensif, Marouane l’obtient enfin en 2008-2009. Tout part du Trophée des Champions 2008 que Bordeaux gagne aux tirs aux buts. Malgré le résultat nul du score final (0-0), Marouane est élu homme du match. Blanc redécouvre alors un joueur capable de tenir l’attaque à lui tout seul. Acclamé par Chaban-Delmas, Chamakh va découvrir un nouveau système de jeu taillé pour ses caractéristiques. Un 4-5-1 avec Gourcuff en soutien du Marocain. Chamakh explose et devient l’attaquant redouté par tous les défenseurs de Ligue 1.
Août 2009 : Le divorce repoussé, la rupture consommée
Partira, partira pas ? C’est le feuilleton de l’été 2009. Après le titre de Champion de France conquis avec brio, Chamakh pense avoir fait le tour de la question avec les Girondins. Le constat est simple : il reste une année de contrat au Marocain qui souhaite partir en Angleterre et renflouer les caisses des Girondins. Problème : Blanc adule son attaquant et ne voit pas la saison qui suit sans Chamakh. Jean-Louis Triaud met alors un plan en place : l’international ne partira pas en dessous de 15 millions d’euros. Arsenal ne veut pas mettre autant d’argent, Sunderland est prêt à s’aligner. Marouane fait la gueule, Triaud aussi : ils savent tous que les clubs de seconde zone ne seront pas sa future destination. Chamakh se résigne alors à rester à Bordeaux et honore sa dernière année de contrat. Bingo ! Il réalise sa meilleur saison sous le maillot du scapulaire. Il donne son accord à Arsenal pour la saison prochaine, le temps de bien se faire connaître Outre-Manche. Et il postule même au trophée de meilleur joueur de Ligue 1 UNFP.
Romain Poujaud
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