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Cette Fiorentina a une belle tête d’outsider
Le hasard du calendrier fait que les deux premiers du classement s'affrontent ce soir à San Siro. En effet, la Fiorentina se déplace à Milan en tant que dauphin de l'Inter, et pourrait même prétendre à plus les mois à venir.
17 ans que la Fiorentina ne débutait pas aussi bien une saison de Serie A, c’était celle de Trapattoni qui avait remporté ses quatre premiers matchs contre l’Empoli, Vicenza, le Milan et l’Udinese avant de chuter chez la Roma. C’était aussi la Fiorentina de Batistuta et Edmundo, longtemps leader du championnat, avant que le premier ne se blesse et le second ne rentre au Brésil pour participer au carnaval de Rio. Celle de Paulo Sousa est plus modeste, ça tombe bien, la Serie A également, alors on se dit qu’il y a un petit coup à jouer.
Un été qui en disait long
Et ce n’était pourtant pas gagné. Comme tout ancien juventino, le technicien portugais a dû faire avec la méfiance des Florentins qu’il a cependant rapidement convaincus par son sérieux. Ses deux saisons à Turin en tant que joueur ont été archivées grâce à une belle prépa’. Victoire 2-0 contre le Barça, succès 1-0 à Stamford Bridge contre Chelsea, des amicaux estivaux qui ont peu de légitimité dans l’optique d’une analyse à long terme, mais qu’on décrédibilise parfois trop hâtivement. Ces « exploits » ont en tout cas permis de détendre l’atmosphère après l’affaire Salah qui avait échaudé tout le monde, des dirigeants aux supporters. Mais si ces deux factions étaient unies dans la colère envers l’Égyptien, elles restent séparées par une série de désaccords concernant les ambitions du club. Un constat sévère de la part des tifosi, puisque la Fiorentina reste sur trois quatrièmes places consécutives, celle du con certes, car première non qualificative pour la Ligue des champions, mais tout à fait en adéquation avec le potentiel financier de ce club. Propriétaires du club, les frères Della Valle ne comprennent pas. À juste titre.
Une équipe encore en rodage
Avec le recul, on peut affirmer que l’ère Montella s’est conclue au bon moment. Sa Fiorentina produisait le plus beau jeu d’Italie, mais ne récoltait pas toujours ce qu’elle semait et le rapport avec dirigeants et supporters s’était détérioré. Son successeur a une approche différente, fini le tiki-taka, place à un milieu plus musclé avec deux purs défensifs qui protègent une défense qui a historiquement souffert durant le cycle précédent. Résultat, trois buts encaissés lors de la seule défaite chez le Torino. Mais l’héritage « montelliano » n’est pas renié. En effet, la Viola détient la meilleure possession de balle (59,6%) de la Botte après la Roma, tandis que ses joueurs sont les plus précis avec 87% de passes réussies. Encore en phase de rodage, le petit plus réside pour le moment dans ce pragmatisme qui lui faisait défaut les saisons précédentes. Tactiquement polyvalente avec du 4-3-3 ou du 3-4-2-1, et pouvant compter sur un collectif riche en joueurs multifonctions, cette Fiorentina doit encore se dessiner. Les premiers matchs indiquent qu’un trio de défenseurs centraux, un milieu solide et des ailiers incisifs sont la base sur laquelle travailler. Et quand les éléments offensifs tels que Bernadeschi, Kuba, Babacar, Rossi et Kalinić trouveront leur pleine mesure…
Tout miser sur le championnat ?
Marge de progression il y a, un peu comme l’Inter qui a fait le plein jusqu’à maintenant en l’emportant à chaque fois sur la plus petite des marges. En fait, en Italie, le début de saison a fait comprendre une chose : il n’y a pas d’équipes intouchables. La Juventus et la Roma avancent péniblement et doivent gérer les efforts de l’épuisante Ligue des champions, la Lazio alterne le bon et le médiocre, le Napoli doit assimiler les concepts tactiques de Sarri et le Milan ceux disciplinaires de Mihajlović. Une Serie A 2015/16 « anormale » qui pourrait laisser place à des surprises. Seulement voilà, la Fiorentina va devoir changer de stratégie, et abandonner celle qui consiste à jouer toutes les compétitions à fond. Une attitude louable qui lui a permis d’atteindre une finale et une demie de Coupe d’Italie, ainsi qu’un dernier carré de Ligue Europa, mais qui l’a sûrement privée d’un strapontin pour la Ligue des champions via le championnat ces dernières saisons. En attendant, ce choc face à l’Inter permettra d’en savoir plus sur cette Viola qui porte très bien le costume d’outsider. Et si elle est encore dans les hautes sphères du classement l’hiver prochain… ne restera juste qu’à espérer que ses joueurs ne fuient pas au carnaval de Viareggio.
Par Valentin Pauluzzi