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C’est fait : Toulouse est promu en Ligue 1 !

Par Tom Binet et Raphaël Brosse
C’est fait : Toulouse est promu en Ligue 1 !

Leader incontesté de Ligue 2 pendant la majeure partie de la saison, Toulouse a - sans surprise - fini par valider sa montée à l’étage supérieur ce lundi soir. Une juste récompense pour le club de la Ville rose qui, après de longues années empreintes de morosité, a su profiter d’une relégation devenue inéluctable pour opérer un changement radical de stratégie, redécouvrir le goût de la victoire et reconquérir son public. Analyse d’une métamorphose.

Cela faisait déjà plusieurs semaines qu’il n’y avait plus beaucoup de suspense. Il n’y en a plus du tout, désormais : après avoir dompté les Chamois niortais dans une ambiance des très grands soirs, Toulouse est mathématiquement assuré de retrouver la Ligue 1 la saison prochaine. Les Haut-Garonnais sont d’ailleurs très bien partis pour s’offrir le titre de champion de Ligue 2, ce qui viendrait embellir encore davantage un exercice 2021-2022 en tous points éblouissant. Meilleure attaque de l’histoire de la D2 depuis la poule unique (80 buts après 35 journées), la bande de Philippe Montanier a survolé la concurrence et enchanté un public qui ne demandait qu’à s’enflammer de nouveau. En avril 2020, le TFC était relégué dans l’indifférence générale, après s’être trop longtemps complu dans la médiocrité et avoir dégoûté certains de ses plus fervents supporters. Deux ans plus tard, c’est un club de la Ville rose revigoré que les suiveurs de l’élite s’apprêtent à retrouver. Le contraste est saisissant. Et il mérite d’être expliqué.

Contrairement à ce qu’il s’est passé à Bordeaux, les propriétaires ont compris qu’un club de foot ne se gère pas comme une entreprise. C’est pour ça qu’ils ont confié les rênes à quelqu’un qui connaît très bien le foot.

La méthode Comolli

Quand ils chutent en Ligue 2, les Violets sont au bout du rouleau (17 défaites sur les 18 derniers matchs de championnat). Ils peuvent d’ailleurs remercier la FFF et la LFP, qui ont acté leur relégation – et donc abrégé leurs souffrances – en décidant l’arrêt prématuré des championnats à cause de la pandémie de Covid-19. Si Olivier Sadran pose un recours pour la forme, quelque chose de bien plus important se joue alors : comment faire pour enclencher, au plus vite, un nouveau cycle et éviter que Toulouse ne s’enlise dans l’antichambre de l’élite ? « Le club avait besoin d’un renouveau, de sang frais, d’autres méthodes de travail, reprend aujourd’hui Dominique Arribagé, à la tête de la cellule de recrutement jusqu’à l’été 2020. On était entrés dans un fonctionnement qui ne marchait plus depuis plusieurs saisons, et ce, pour plein de raisons. »

Usé, lassé et moins impliqué qu’auparavant, Olivier Sadran veut vendre. Mais pas à n’importe qui et pas n’importe comment. Son choix se porte finalement sur RedBird Capital Partners, qui rachète le club en juillet 2020. Un fonds d’investissement américain, voilà qui n’inspire qu’un enthousiasme modéré, au moment où la stratégie de King Street est vivement contestée dans une autre cité garonnaise. « Mais contrairement à ce qu’il s’est passé à Bordeaux, les propriétaires ont compris qu’un club de foot ne se gère pas comme une entreprise, nuance Pantxi Sirieix, qui était team manager du TFC à l’époque. C’est pour ça qu’ils ont confié les rênes à quelqu’un qui connaît très bien le foot. »

Ce nouveau président, c’est Damien Comolli. Une figure bien connue dans le paysage footballistique hexagonal, avec « beaucoup d’expérience et un gros réseau dans le milieu », dixit Sirieix. Le Biterrois de naissance a beau avoir un CV bluffant (scout à Arsenal, manager général à Tottenham, directeur sportif à Saint-Étienne et Liverpool…), il reste sur une expérience mitigée à Fenerbahçe et s’est rarement inscrit dans la durée. Sa méthode de recrutement, qui accorde une grande place à la data, en laisse également plus d’un sceptique. Pendant l’été et jusqu’au début de l’automne, les supporters toulousains voient des joueurs débarquer en provenance de Belgique, de Bulgarie, de D2 néerlandaise ou encore de League One. Ils s’appellent Rhys Healey, Deiver Machado, Stijn Spierings, Brecht Dejaegere, Branco van den Boomen. Personne ne les connaît, ou presque. Et on se demande bien comment cet effectif cosmopolite va pouvoir trouver des accointances et permettre au club occitan de se relever.

On a demandé à des anciens ou à des collaborateurs ce que le Téfécé représentait pour eux. Ils voulaient une équipe engagée, audacieuse, avec de la chaleur dans le stade et sur le terrain. Ça tombe bien, c’était aussi ma culture foot.

Une identité à redéfinir

Malgré une entame de championnat chaotique, cet effectif new look trouve pourtant assez vite la bonne carburation sous la botte de Patrice Garande. Dans la foulée d’une victoire contre Auxerre (3-1) fin septembre 2020 – la première depuis près d’un an -, les Violets regardent à nouveau vers le haut. Sans oublier de se bâtir une nouvelle identité. « Je me suis dit qu’il fallait faire un travail de profondeur sur l’identité interne du club, détaille Damien Comolli dans le So Foot n°194. On a demandé à des anciens ou à des collaborateurs ce que le Téfécé représentait pour eux. Ils voulaient une équipe engagée, audacieuse, avec de la chaleur dans le stade et sur le terrain. Ça tombe bien, c’était aussi ma culture foot. » Les bons résultats s’enchaînent, les recrues s’intègrent parfaitement, et plusieurs jeunes se révèlent, à l’image d’un éblouissant Amine Adli (élu meilleur joueur de Ligue 2). « Cela a toujours été l’ADN du TFC que de promouvoir les jeunes de la formation, on a toujours eu beaucoup de résultats », insiste Arribagé. Une volonté prolongée dans ce nouveau projet, même si l’ancien coach des Violets prévient : attention à ne pas faire tapis. « À un moment, on avait tellement forcé sur la formation qu’on se retrouvait presque avec l’équipe la plus jeune d’Europe, se remémore-t-il avec le recul. Ce n’est pas un gage de réussite. C’est indispensable d’avoir des cadres pour encadrer l’évolution des jeunes. »

Dépassé par Clermont dans la dernière ligne droite, ce TFC sur la voie de la rédemption doit en passer par les barrages pour espérer remonter en Ligue 1 un an seulement après l’avoir quittée. Les abords du Stadium s’embrasent au soir du 27 mai à l’occasion du barrage aller face à Nantes. Malheureusement, il n’y aura pas de happy end, en tout cas pas cette fois. Battus sur leur pelouse par les Canaris (1-2), les Toulousains l’emportent à la Beaujoire (0-1), mais restent en Ligue 2 à cause de la règle du but à l’extérieur. Cruel. « Après le match, on est morts, l’équipe est morte, l’entraîneur est mort, j’étais mort, mais il faut un matelas pour pouvoir rebondir », déroule encore Damien Comolli à propos d’une soirée qui l’aura vu passer ses nerfs sur M. Bastien après le coup de sifflet final.

Le noyau dur est resté. Même si de grosses individualités sont parties à l’intersaison, l’équipe est devenue plus forte collectivement.

Et le Stadium se remit à chanter

Un coup d’arrêt pour le renouveau toulousain ? Juste un léger contretemps, en réalité. Seuls quatre titulaires de cette triste soirée nantaise sont encore dans l’effectif au moment d’attaquer la nouvelle saison. Mais encore une fois, le mercato est rondement mené. Mikkel Desler, Rasmus Nicolaisen, Ado Onaiwu, Denis Genreau ou encore Rafael Ratão sur le gong : voilà pour les recrues qui débarquent sur les bords de la Garonne. À leur tête se trouve désormais Philippe Montanier, qui a pour mission « de maintenir le club… à l’une des deux premières places », comme il se plaît à l’exposer lors de sa présentation à la presse. « Le projet présenté par le président était très attractif, novateur et cela m’intéresse dans mon métier. Le foot est en constante évolution et on doit s’adapter et innover », affirme l’ancien boss de Valenciennes lors de sa présentation. Voilà tout un club prêt à retourner au combat.

Sans forcément imaginer ce qui va suivre, à savoir une domination de – presque – tous les instants sur ce championnat. « Le match contre Auxerre a été un tournant. En mettant 6-0 à ton dauphin, tu frappes fort, tu fais peur à tes adversaires », insiste Sirieix, qui avait quitté le staff haut-garonnais à l’intersaison. Cinq semaines plus tard, c’est au tour de Sochaux de repartir de l’île du Ramier la tête basse, après un quadruplé de Rhys Healey (4-1). Une rencontre disputée devant plus de 15 000 personnes, dans un Stadium qui retrouve peu à peu une ferveur disparue au fil des saisons dans les bas-fonds de la Ligue 1. En point d’orgue ? Ce choc face au Paris FC (2-1) joué devant un stade plein comme un œuf, début avril, dans une ambiance plus connue dans la Ville rose depuis la remontée fantastique de 2016 guidée par Pascal Dupraz. Jusqu’à ces images d’un Stadium envahi par plusieurs milliers de supporters venus hurler leur bonheur au coup de sifflet final ce lundi soir, dans une magnifique communion avec tout leur club.

« Le noyau dur est resté. Même si de grosses individualités sont parties à l’intersaison, comme Amine Adli ou Manu Koné, l’équipe est devenue plus forte collectivement, se réjouit Pantxi Sirieix. Le trio du milieu de terrain a été conservé, Branco (Van den Boomen) a pris les rênes du jeu, et tout s’est bien mis en place. » Jusqu’à valider cette montée tant attendue haut la main, avec à la clé de nombreuses promesses qu’il faudra tenir.

Il va falloir que le recrutement soit très efficace tout de suite. Si on prend l’exemple de Van den Boomen, sa saison est trois fois meilleure que celle de l’année dernière. Si les joueurs que vous recrutez mettent un an à se mettre à un très bon niveau, ce sera peut-être trop tard.

En quête de stabilité

Dans un an, passage à dix-huit clubs oblige, ils seront quatre clubs à prendre place dans l’ascenseur. Et Toulouse n’a désormais qu’une chose en tête : ne pas faire partie du wagon des vaincus après une telle épopée. « Tout le monde va s’armer au début de la saison et mettre les moyens pour passer cette transition, craint déjà Arribagé. Maintenant que le job est fait, l’enjeu est dans les prochaines années. On verra vite où le club va se situer. » Alors, comment réussir à pérenniser le club en Ligue 1 ? Ne comptez pas sur Damien Comolli pour changer son fusil d’épaule concernant le mercato. « Quand on a recruté Desler, j’ai reçu des coups de fil de gens venant de Norvège ou du Danemark qui m’ont demandé pourquoi nous étions allés le chercher. « Il y en a plein qui sont meilleurs que lui, il ne va rien vous apporter… » Aujourd’hui, c’est le meilleur arrière droit de Ligue 2 », s’enorgueillit-il. « Il va falloir que le recrutement soit très efficace tout de suite, pointe encore Arribagé. Si on prend l’exemple de Van den Boomen, sa saison est trois fois meilleure que celle de l’année dernière. Si les joueurs que vous recrutez mettent un an à se mettre à un très bon niveau, ce sera peut-être trop tard. Il n’y aura pas tellement de marge pour un temps d’adaptation. » Sans compter qu’outre les arrivées, il faudra bien gérer les départs. Car on imagine mal Van den Boomen ou Healey, les deux joueurs-clés de cette cuvée 2021-2022, ne pas être ardemment sollicités par des formations aux arguments redoutables.

« C’est un club qu’il faut faire accéder en L1, et si on y arrive, il sera armé pour poursuivre sa progression, assurait encore Montanier à son arrivée. Le choix des hommes est important, le contact avec le président a été fort. Je me retrouve dans ce projet et j’ai besoin de cela pour m’épanouir. » Après avoir trouvé comment marcher sur la Ligue 2, l’ancien gardien va devoir trouver des solutions au niveau supérieur. Ce qui impliquera sans doute une évolution dans la manière de jouer. « Il va falloir apprendre à ne plus avoir le ballon. Bien sûr, Toulouse ne va pas tout le temps subir, mais on sait déjà qu’il y aura 7-8 équipes face auxquelles ce sera compliqué d’imposer son jeu, analyse Pantxi Sirieix, du haut de ses 260 matchs sous le maillot violet. Ça n’aura rien à voir avec le fait d’affronter des blocs bas, comme contre QRM. Il faudra s’adapter. » La renaissance a été amorcée avec succès. Elle demande maintenant à être confirmée.

Dans cet article :
Dans cet article :

Par Tom Binet et Raphaël Brosse

Propos de Pantxi Sirieix et Dominique Arribagé recueillis par TB et RB.

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