- C1
- 8e
- Barcelone/Arsenal
Ce serait fou si Arsenal…
Il y a trois semaines, on ne croyait pas une seule seconde aux chances d'Arsenal face à Barcelone. On n'y croit toujours pas. Et pourtant, au coup d'envoi, c'est bien le Barça qui sera éliminé. Alors... ?
Inquiets les Blaugranas ? La bonne blague. Le “Mes” a revêtu ses plus beaux atours pour recevoir les Gunners ce soir au Camp Nou. Une marque de respect forcément mais qui prend une autre tournure si l’on tient compte d’un élément, disons, culturel. L’an prochain, la tauromachie sera interdite en Catalogne, seulement la deuxième région d’Espagne à prendre une mesure aussi radicale après les Canaries. Alors forcément, Barcelone veut s’offrir une dernière corrida de légende. Avec Arsenal dans le rôle du bovin enragé tant qu’à faire. De la même façon, il y a deux façons d’interpréter la joie de Pep Guardiola à l’annonce de la venue de Robin Van Persie pour ce match retour alors que le Néerlandais, buteur à l’aller, était annoncé forfait : « C’est une bonne nouvelle pour tout le monde, je veux que les meilleurs joueurs d’Arsenal et de Barcelone soient là, pour le public, pour le football, pour le show » . La première au premier degré, la fête du foot et blablabla. Et puis la seconde, et on pense ne pas être loin du message réel du mentor catalan : « C’est ça, amenez tout le monde qu’on vous rince au complet, comme ça vous n’aurez aucune excuse » . Oui, Barcelone transpire la confiance à l’heure du match retour que toute l’Europe attend (même si, à notre humble avis, Tottenham-Milan porte en lui davantage de suspens et d’intensité, mais ça c’est une autre histoire).
Quand Messi joue pour sa gueule
Pourtant, Arsenal a une chance infime d’y croire. On dit infime pour ne pas dire infinitésimale mais compte tenu de la différence des forces en présence, du lourd passif face au Barça depuis cinq ans et du scénario du match aller, c’est déjà énorme. Car si on a beaucoup glosé sur la victoire des Canonniers à l’Emirates, il ne faut pas se voiler la face : il y avait une différence terrible entre les deux équipes. On avait écrit ici qu’on ne voyait pas comment les Londoniens pouvaient s’en sortir. Et pour être franc, on n’a pas vu. Si ce n’est qu’une donnée nous avait échappé puisque personne jusque-là n’en avait eu connaissance : Lionel Messi peut manger la feuille de match par mauvais choix. La précision est subtile mais a son importance. Plusieurs fois déjà, on a vu le génial Argentin manquer d’adresse ou de chance et personne ne saurait lui en vouloir. C’est même plus fréquent qu’on ne le pense, sauf que comme ça finit forcément par rentrer, eu égard à l’écrasante supériorité en Liga des doubles champions d’Espagne en titre, l’affaire ne se voit pas. Non, ce n’est pas tant par manque de précision ou de réussite que la Puce a failli à Londres mais bel et bien par de mauvaises décisions, parfois égoïstes quand elles n’étaient pas légèrement égocentriques. Ici, la petite feinte en trop devant Szcsesny, là l’oubli grossier de David Villa mieux placé. On exagère ? Pourtant, on a bien vu le buteur espagnol sérieusement houspiller le double Ballon d’Or, un scoop de la saison. Oui, pour la première fois de sa jeune mais déjà très riche carrière, Messi a joué pour sa pomme. Et ça, on ne l’avait effectivement pas prévu. Mais finalement, cela change-t-il tant que ça les données du problème avant le retour ? Oui et non.
Un but de retard et alors ?
D’un point de vue purement comptable, c’est indéniable. Là où le match aurait dû être plié dès l’heure de jeu il y a trois semaines, le Barça se retrouve avec un but à remonter. Loin d’être insurmontable en soi mais qui pose l’équation de départ différemment : Xavi et sa bande entameront cette seconde manche dans la position de l’équipe éliminée. Le hic pour Arsenal, c’est que face à toute autre équipe, cela aurait influencé l’approche dudit hôte en ballotage défavorable. Tout le monde sauf Barcelone. Il faudra attaquer et prendre le jeu à son compte pour remonter le handicap ? La belle affaire ! Retard à combler ou pas, Barcelone n’a de toute façon pas prévu de faire autre chose que confisquer la pelote et dérouler. C’était déjà le cas à l’Emirates, alors au Camp Nou… Mais à l’aller, la vitesse de Walcott et la précision de Van Persie avaient donné un petit aperçu de ce qui pouvait éventuellement poser des soucis aux Barcelonais en cas de défaillance ou de négligence de leur part, qui plus est avec une charnière Abidal-Busquets (Puyol blessé, Pique suspendu) et un Maxwell à gauche qui jure franchement dans l’orchestre bleu et grenat. Pas de bol pour Wenger, Walcott est out et Van Persie très diminué.
Reste Nasri, Arshavin et surtout Fabregas dont on attend le premier match seulement correct face à ses anciens frères de la Masia qu’il rêve de rejoindre tous les ans. Ça paraît très court, sans doute trop court. Mais attention, à l’aller Arsenal a montré ce qu’il pouvait faire avec des petits riens. En cela, n’en déplaise à Evra et quelques autres, les Arsénaux ont bien grandi. Mais tout à l’heure, ça ne sera pas suffisant : il faudra être immense. En priant pour qu’une nouvelle fois, une dernière fois, Messi soit petit.
Dave Appadoo
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