Carlos Queiroz : un optimiste
A l'heure où le Portugal joue déjà son billet pour l'Afrique du Sud en recevant la Suède, son sélectionneur cherche à maintenir le cap. Entre expérimentation et cabotage, Capitaine Queiroz nage pourtant dans le costume de Luis Felipe Scolari. C'est que les seconds ne sont pas toujours appeler à devenir les premiers.
En 1498, le Portugais Bartomeu Dias devenait le premier Européen à croiser le Cap de Bonne Espérance au large de l’actuelle Afrique du Sud. Près de 511 ans plus tard, son compatriote Carlos Queiroz risque, lui, de couler avant même d’avoir mis les voiles pour le Mondial 2010. Mais l’ancien second d’Alex Ferguson ne se fait pas de bile : « J’ai l’impression que 2009 sera notre année » , prophétise-t-il à quelques heures d’un match crucial contre la Suède, à Porto (21h45 heure française).
Il faut dire qu’entre Carlos et 2008, il y a eu comme froid. Encensé pour son travail à Manchester United, Queiroz est passé en quelques semaines d’une Ligue des Champions à un misérable 0-0 à domicile contre neuf Albanais défendant avec leur tripes et leur Cana. Ramassé 6-2 au Brésil comme le premier qualifié croisant la route de Nadal n’a rien arrangé. Encore un faux-pas dans ce groupe 1 et Cristiano Ronaldo pourrait déjà dire adieu au Ballon d’Or 2010 dans la foulée du 2009. Heureusement, en face, Zlatan a la bonne idée d’être suspendu.
Idole 90’s
Les critiques – nombreuses et nourries – Queiroz les admet du bout des lèvres mais rétorque toujours avenir, progression, construction, comme l’entraîneur des juniors qu’il n’a jamais cessé d’être. Avant se tailler une réputation justifiée de meilleur adjoint du circuit, Carlos Queiroz restait dans l’imagerie portugaise l’alchimiste de la génération dorée qu’il mena à deux titres mondiaux chez les jeunes en 89 et 91. Dans la suite de sa bio, l’intéressé met moins en avant son incapacité à qualifier les Figo, Rui Costa et Joao Pinto pour la Coupe du Monde 94.
Le costume de Batman serait-il trop grand pour Robin ? Celui de Scolari paraît déjà une taille trop large pour lui. A défaut de miracle, Queiroz arrive déjà à remettre sur pied un Deco annoncé pourtant perdu pour cette saison. Rénover et se qualifier, le sélectionneur a ainsi ouvert grandes les portes de son équipe, donnant sa chance à des garçons au pedigree incertain (Orlando Sa, Rolando, Edinho ou le dénommé Gonçalo Brandao égaré à Sienne). Queiroz compose surtout avec les limites de la production portugaise et du bureau de naturalisation de l’état civil.
« Le Portugal est bien plus qu’une sélection »
Sorti de sa demi-douzaine d’étoiles, le Portugal plonge dans le noir quand il s’agit d’enfin trouver ses joueurs d’appoint, qui lui font cruellement défaut. On parle quand même d’un gardien, d’un latéral gauche et d’un buteur, soit des denrées aussi rares que des descendeurs ou des biathlètes au pays d’Hugo Almeida. Alors, Queiroz essaye, prospecte et innove. Contre le Suède, Duda, habituel milieu à Malaga, a gagné le droit de vivre la vie – faite d’humiliation, brimade et insultes – de Paulo Ferreira. Moche. Histoire de muscler son entrejeu, Queiroz prévoit aussi de placer Pepe devant la défense. En pointe, “Le Professeur” se tâte entre Almeida (soit un Nuno Gomes tatoué) et Danny du Zénith Saint-Pétersbourg ; ce dernier a certes le mérite d’être footballeur mais mange de l’occasion avec un appétit digne de Rui Barros.
Alors que tout le pays fait de l’huile pour sa qualification, Queiroz continue d’affirmer que les occasions se feront but(s) un jour ou l’autre. Et puis ce n’est que du foot, comme il l’avait ainsi expliqué avec une certaine justesse en février dernier lors d’une interview télé en prime-time. « Le Portugal est bien plus qu’une sélection nationale, c’est d’abord une histoire, une culture. Il faut être plus prudent dans la façon dont le pays s’identifie à son football » , déplorait-il. « Le Portugal ne peut pas s’arrêter à une victoire ou une défaite de sa sélection » . Un sage ce Carlos. Comme sélectionneur, faut voir.
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