CAN ’08 : Le Nigeria du pauvre
Nigeria – Mali. Voilà l'un des chocs de ce premier tour du groupe B de la mort. D'un côté, des Aigles qui pouvaient se qualifier dès ce soir s'ils l'emportaient, et de l'autre des Super Aigles qui devaient à tout prix se relancer. Autant dire qu'on attendait du jeu, du spectacle, Kanouté, Martins, des buts de folie...bref un peu d'Afrique quoi ! 0-0...Ouais...bah on repassera...
Tout avait pourtant si bien commencé…La fanfare militaire massacrait l’hymne nigérian, Berti Vogts faisait la gueule sur son banc, Kanu était reparti en Angleterre soigner son genou, et Obi Mikel portait le numéro 10. Puis par curiosité, on lit les déclarations d’avant-match, celle du sélectionneur malien Jean-François Jodar par exemple. « Nous, même en cas de nul, on reste en bonne position. Il suffit qu’on ne perde plus et on passe. Mais ça ne veut pas dire qu’on ne va pas essayer de gagner… » . Et là très vite on comprend que ce Nigeria – Mali peut se transformer en une vaste couillonnade.
Comme de coutume depuis le début de cette CAN, les dix premières minutes de jeu ressemblent à une gigantesque partie de tennis-ballon, avec mention spéciale pour le latéral droit malien Souleymane Diamoutene from Lecce. Après deux ou trois frappes du duo d’attaque Martins/Yakubu, envoyées dans les tribunes pour récompenser “la communauté malienne au Togo” qui, tifos à l’appui, assure l’ambiance, plus de doute possible. Le Nigeria est bel et bien devenu une équipe quelconque. Pendant ce temps-là, Freddy s’emmerde…
Alors au bout d’un quart d’heure, on commence à poser le ballon au sol. Là où il doit être, là où il se sent bien…(quoique vue la gueule de la pelouse…). À ce petit jeu c’est le Mali qui domine. La double faucheuse Keita-Diarra ratisse et prend le dessus sur la charrette Obi Mikel-Olofinjana, mais oriente quasi à chaque fois sur le côté gauche, celui d’Amadou Sidibé, joueur du Djoliba AC de Bamako. Et autant dire qu’il y restera à Bamako. De toute façon sur l’autre aile, Jean François Jodar a choisi Momo Sissoko, qui lui a décidé de jouer tous ses ballons entre Keita et Diarra…Ouf, Taïwo respire ! Pendant ce temps-là, Freddy décroche…
Pas grand chose à se mettre sous la dent. Les rares (demi)occasions du match se soldent toutes dans les bras d’Ejide et de Sidibé. A noter tout de même, le numéro 10 malien, l’autre Traoré, Dramane (à ne pas confondre avec celui qui a passé sa soirée sur le banc…Un certain S.Traoré). Pas mauvais du tout ce Traoré, surtout que pendant le reste de l’année il joue au Lokomotiv Moscou. Par contre, le fameux latéral Dia »mout-mout »ene est décidément une belle chèvre. À la 35ème minute de jeu il adresse une sublime passe en retrait à son gardien, bien en galère sur ce coup-là devant Oba »au bal »Martins. Hormis ce léger incident, ce sont en fait deux bons blocs défensifs qui se neutralisent. Deux 4-4-2 des familles bien en place. Le Mali gère, le Nigeria subit. Pendant ce temps-là, Freddy raccroche…
Putain, enfin la mi-temps ! Christophe Jammot s’excite sur le classement du groupe. Du genre : « Bon à l’heure actuelle, c’est bon pour la Côte d’Ivoire qui est qualifiée et qui devrait faire jouer les coiffeurs contre le Mali, qui lui aura là une magnifique occasion de se qualifier sans trop forcer non plus, et puisque Vénus est entrée dans la face nord du 3ème décan de Jupiter, le Nigeria va se qualifier… » . Beaucoup trop chiant…Vivement que le jeu reprenne !
Il reste maintenant 45 minutes aux Super Eagles pour marquer. Berti Vogts le sait. Il sort Martins et Odemwingie, et rentre…John Utaka et Ikechukwu Uche. Décidément, ça s’annonce compliqué pour le Nigeria. Surtout que Keita (une première frappe des 20 mètres bien sortie par Ejide à la 46ème) et Kanouté (une frappe enroulée au ras du poteau à la 48ème) placent quelques belles banderilles. Le Mali joue bien, joue mieux. Les Aigles produisent quelques beaux mouvements mais les stérilisent une fois la surface de réparation à l’horizon. Pendant ce temps-là, l’autre Traoré place un viaduc sur Yobo et Freddy fait la roulette…
73ème minute : sortie de Traoré et entrée de Mamadou Diallo pour le Mali (l’ancien Nantais aujourd’hui au Qatar). Conséquence ou pas, le Nigeria s’énerve enfin. Le petit Uche fait parler sa vivacité et apporte ce jus qui manquait cruellement à l’attaque des Fela Boys. Les Super Eagles vont même inscrire un but à la 78ème sur un centre de mule de “Tatayet” Taiwo, détourné par Kanté, puis remis dans le paquet par Victor Nsofor Obinna, avant que Uche ne la talonne finalement pour Yakubu qui conclut à 30 centimètres de la ligne. HORS-JEU logique. D’ailleurs personne ne conteste. Et puis comme le Yak est décidément tout le temps hors-jeu, à quoi bon…
Les dernières minutes seront marquées par un attentat version “par derrière les deux pieds décollés” de Diarra sur la seule satisfaction offensive nigériane, Ike Uche. Djila ne prend qu’un carton jaune (pas cher payé du tout vu le tacle) mais manquera la prochaine rencontre face aux Éléphants de Côte d’Ivoire.
0-0, match bel et bien nul ! Mais une grosse impression tout de même de la charnière malienne Kanté-Coulibaly, illustration parfaite de la solidité défensive du Mali (qui a joué 90 minutes avec le frein à main). De son côté, le désert offensif nigérian se poursuit et Berti Vogts va devoir battre les surprenants écureuils béninois (c’est loin d’être gagné !), et surtout prier les dieux pachydermiques ivoiriens pour qualifier son équipe au second tour.
Dernier Round le 29 janvier à 18h00 : Côte d’Ivoire/Mali et Nigeria/Bénin.
Paul Bemer, envoyé spécial à Montreuil, capitale économique du Mali
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