CAN ’08 : Des chiffres de noblesse…
A quelques encablures de l’Equateur : 32 matchs, 16 équipes, 368 joueurs, quatre villes pour autant de stades.
Le Ohene Djan d’Accra contient 45 000 spectateurs (le club le plus fameux du pays Hearts of Oak y dispute ses rencontres) tout comme le Baba Yara stadium de Kumasi (la ville de Kofi Annan, l’ex-taulier de l’ONU) où l’Ashanti Kotoko, l’autre géant ghanéen, reçoit ses adversaires. Enfin, à Tamale au Nord, où se trouve l’enclave musulmane du pays, le Tamale Sport stadium peut accueillir 20 000 spectateurs tout comme son homologue du sud-ouest de l’Essipong sports à Sekondi-Takoradi où se tiendra pour l’essentiel le groupe de la mort (le B). Ironie : ces deux stades ont été conçus par des consortiums chinois.
Un gros millier de journalistes viendront constater de visu que les prix ont quadruplé en moyenne. Depuis un an, la télévision a installé un compte à rebours qui séparait l’instant présent du match d’ouverture, en l’occurrence Ghana-Guinée.
La phase de poules aura lieu du 20 au 31 janvier ; les quarts de finale les 3 et 4 février tandis que les demi-finales se dérouleront le 7. Les deux finales enfin se tenant le 9 et 10 février.
Sur les 368 joueurs, 215 n’évoluent pas au quotidien sur le continent noir. 58 jouent en France, 42 en Angleterre, 16 en Allemagne, 13 au Portugal, 12 en Suisse, 9 en Italie et en Espagne, 7 en Belgique et en Russie, 6 en Turquie, 5 en Suède, 4 en Ukraine, en Grèce et au Qatar, 3 aux Emirats et en Israël, 2 au Koweït, au Danemark et en Bulgarie, 1 aux Pays-Bas, en Finlande, aux Etats-Unis, au Mexique et à Bahreïn.
Deux joueurs enfin disputent cette CAN sans avoir de club : Lamine Diatta (Sénégal) qui portait pourtant le paletot de Besiktas en Ligue des champions cet automne et Kémoko Camara, le gardien titulaire du Sily national guinéen.
Sur les 58 joueurs français présents au Ghana, c’est Le Mans avec six joueurs (Romaric et Gervinho (Côte d’Ivoire), Adénon et Sessegnon (Bénin), Ben Frej (Tunisie) et Ibrahima Camara) qui détient le ruban bleu devant Nice avec 5 éléments (Kanté et Diakité (Mali), Apam (Nigeria), Bakary Koné (Côte d’Ivoire) et Job (Cameroun). Marseille et Nancy suivent avec 4 joueurs. La Namibie, l’Egypte, le Soudan et l’Afrique du Sud sont les seules formations à ne pas aligner de joueurs en provenance de clubs français.
En Angleterre, le pompon revient conjointement à Chelsea (Drogba, Kalou, Essien et Mikel), Portsmouth (Kanu, Utaka, Boupa Diop et le maestro ghanéen buteur du match d’ouverture, Sulley Ali Muntari) et Newcastle (Geremi, Beye, Diagne-Faye et Martins). Les Faucons du désert soudanais sont la seule équipe à n’aligner que des joueurs évoluant au pays. Mieux : tous leurs joueurs viennent de deux clubs, Al-Merreikh Omdurman (11) et AlHilal Omdurman (12)
L’Egypte tentera de conserver son titre, ce qu’elle n’a jamais fait depuis son doublé originel (1957/1959) et creuserait l’écart avec ses poursuivants avec un hypothétique sixième triomphe. Comme le Ghana, le Cameroun tentera de revenir à la hauteur de l’Egypte avec un cinquième sacre. En ratant les CAN 96 et 98 (pour des affaires de boycott puis de suspension), le Nigeria a raté l’occasion de compiler des couronnes avec ce que d’aucuns considèrent comme la plus grande équipe du continent, les Super Eagles (92/98).
Neuf fois demi-finalistes au moins depuis 1984, à chaque fois qu’ils ont participé à la CAN, les Super Eagles nigérians n’ont pourtant gagné l’épreuve qu’une fois dans l’intervalle (en 94). Leur coach Berti Vogts, vainqueur de l’Euro avec l’Allemagne (en 96), tentera d’imiter Roger Lemerre, seul vainqueur des tournois continentaux européen et africain. Les Maliens se sont qualifiés quatre fois pour une phase finale. Ils ont atteint les demi-finales…quatre fois.
A l’autre bout du sceptre, Le Soudan, la Tunisie, la Côte d’Ivoire, l’Afrique du Sud et le Maroc seraient ravis de renouveler leur unique sacrement. Quant aux profanes…Tel un Ronaldo à la recherche du Graal des quatorze buts en coupe du monde, Samuel Eto’o (4 buts en 2000, 1 en 2002, 1 en 2004 et 5 en 2006) recherchera au Ghana à égaler voir à dépasser l’Ivoirien Laurent Pokou (14 buts en deux éditions 1968 et 1970).
Le Ghana détient le record des finales disputées avec sept (quatre gagnées) devant le Nigeria (deux de gagnées).
Le record de participations appartient à l’Egypte avec 21 phases finales (sur 26) devant la Côte d’Ivoire (17). Le Bénin et la Namibie concourent eux pour la deuxième fois pour un tournoi final.
On savait que le ranking FIFA marche sur la tête depuis longtemps mais quand on considère le classement des équipes, on tombe carrément des nues. Sur quels critères se basent donc les sbires de Blatter ?
1/ Nigeria (19e)
2/ Cameroun (25e)
3/ Guinée (33e)
4/ Egypte (35e)
5/ Côte d’Ivoire (38e)
6/ Maroc (39e)
7/ Sénégal (40)
8/ Ghana (43e)
9/ Tunisie (46)
10/ Mali (47e)
Trois équipes en 1957, quatre en 1962, six de 1963 à 1965, huit de 1968 à 1990, douze en 1992 et seize depuis 1994 (sans compter les quinze de 1996 suite au boycott du Nigeria en Afrique du Sud) : la périodicité et le nombre de participants des phases finales de coupes d’Afrique ont été pour le moins irréguliers.
Les Finales : en 1959 et en 1976, il n’y a pas eu de finale, juste des formules championnat.
En 1974, la dernière rencontre a été rejouée suite au match nul du premier match entre la Zambie et le Zaïre.
A partir de 1982, on a tiré les penalties en cas de match nul lors de l’ultime partie et presque une CAN sur deux s’est terminée ainsi. Le Ghana (face à la Lybie devant le colonel chez elle) en 82 donc, l’Egypte (face au Cameroun) en 86, la Côte d’Ivoire (dans une série à rallonge contre le Ghana 11/10) en 1992, le Cameroun (au Nigeria) en 2000 et devant le Sénégal (en 2002) et enfin l’Egypte (brisant les espoirs ivoiriens) en 2006.
Palmarès :
1957 : Egypte
1959 : Egypte
1962 : Ethiopie
1963 : Ghana
1965 : Ghana
1968 : RD Congo (à l’époque Congo-Kinshasa)
1970 : Soudan
1972 : Congo-Brazzaville
1974 : RD Congo (à l’époque Zaïre)
1976 : Maroc
1978 : Ghana
1980 : Nigeria
1982 : Ghana
1984 : Cameroun
1986 : Egypte
1988 : Cameroun
1990 : Algérie
1992 : Côte d’Ivoire
1994 : Nigeria
1996 : Afrique du Sud
1998 : Egypte
2000 : Cameroun
2002 : Cameroun
2004 : Tunisie
2006 : Egypte
Coïncidence troublante : en compulsant les archives de la CAF, on peut constater qu’en 1982, quelques mois avant la coupe du monde qui les verra se faire éliminer sans perdre (avec trois matchs nuls) par l’Italie (futur championne du monde) et la Pologne (3ème à la fin de l’épreuve), les Lions indomptables du Cameroun avaient connu la même mésaventure à la CAN libyenne où après trois scores de parité, ils durent laisser la qualification aux deux finalistes de l’épreuve, la Libye et le Ghana. Incroyable, isn’t it !!!
Too bad : en 1976, pour la seule fois de l’histoire (avec 1959 mais il n’y avait que 3 équipes), la CAN se déroulait selon deux tours formule championnat. A quatre minutes près, la Guinée aurait dansé sur le toit du continent mais une égalisation marocaine à la 86e minute donnait un premier titre aux Lions de l’Atlas. Un sacre que le Syli national attend encore…
Par Rico Rizzitellini
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