Calcio : Borriello, le retour du banni
Ce dimanche, lors de Genoa-Juventus, le grand buteur en forme ne s'appellera pas Trezeguet, mais Borriello. Comme Marco Borrielllo, tout à fait. C'est que l'homme à femmes dopé de l'an dernier s'est racheté une conduite. Et n'en finit pas de surprendre.
Et c’est reparti pour une histoire de résurrection à l’italienne. Il y a encore 6 mois, Marco Borriello était donné pour mort dans le football italien. Pire qu’une vieille chaussette, un type ridicule. Viré du Milan AC, suspendu pour dopage, figure anonyme des feuilles de statistiques.
Marco Borriello, c’était le type pris en flag’ de dopage à la cortisone, et qui n’avait rien trouvé de mieux pour se justifier que de sortir une excuse digne d’un sketch de Toto, sur l’air de « C’est pas ma faute, c’est ma femme qui prend ce gel pour guérir ses mycoses » . A d’autres.
L’excuse n’avait d’ailleurs pas convaincu le pourtant clément comité olympique italien. Contrôlé positif après la rencontre Milan AC-AS Roma du 11 novembre 2006, Borriello avait écopé de trois mois de suspension, avant d’être prié par le club de Berlusconi de faire ses valises.
Cet été, Borriello avait 25 ans. Top vieux pour être considéré comme un espoir, et encore trop jeune pour prétendre endosser le rôle de l’ancien sur le retour. Pour faire court : un perdant.
Et pourtant. Le printemps 2008 arrive, et revoilà Marco Borriello. Il joue maintenant au Genoa, une équipe moyenne dans laquelle il n’a rien à espérer, mais pour laquelle il a déjà planté 16 pions en 22 matches. Des buts magnifiques et d’autres anodins. Des enchaînements contrôle de la poitrine-reprise-de-volée-dans-la-lucarne et des buts de renard. Des têtes vicieusement placées et des pénaltys marqués avec sang froid. Une machine à youtube. C’est bien simple, l’Italie n’avait pas connu pareille métamorphose depuis la transformation de Luca Toni en bomber fatal, il y a maintenant presque 4 ans.
De telle sorte que Borriello, l’ex-banni, emmerde méchamment la péninsule. Le premier embêté se nomme Carlo Ancellotti. Le chef de l’hospice milanais, qui l’avait viré sans ménagement la saison dernière, vient de passer au confessionnal et d’avouer qu’il avait « sous-évalué » à l’époque le bon Marco.
Il est vrai qu’entre un Inzaghi grabataire et un Gilardino en panne sèche, Borriello ferait du bien au Milan AC 2008. Du reste, le club rossonero pense à le rapatrier pour la prochaine saison.
Ensuite vient l’opinion publique. Jusqu’à sa récente avalanche de buts, Borriello, en Italie, c’était un mélange de Fabrice Fiorese et de Christian Vieri : on le détestait pour ses conneries, et il nous faisait marrer pour ses aventures érotiques avec Belen Rodiriguez, un top model qui mérite vraiment son nom.
Enfin, c’est Roberto Donadoni, le commissaire technique, qui en vient à s’arracher les cheveux. Il faut le comprendre, aussi : il a façonné un groupe chelou (Di Natale, Quagliarella, Toni, Gilardino en attaque), il se qualifie pour l’Euro in extremis alors que sa tête est mise à prix, et le voilà qui d’un coup doit composer avec la présence encombrante de ce capocanoniere en puissance.
Qu’en faire ? Pour l’instant, Donadoni temporise : il a convoqué Borriello le 6 février dernier en équipe nationale contre le Portugal, et l’a fait gambader sur la pelouse à la 70ème minute pour calmer les médias – toujours ça de gagné. Et après ? C’est l’inconnu. Mais vu le niveau du bonhomme, autant réviser ses fiches Panini en prévision de l’Euro.
Ennio Gnocchi
Par