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C1, la loi des plus forts

Par Dave Apadoo
6 minutes
C1, la loi des plus forts

Lors des quatre premiers huitièmes de Ligue des champions, les favoris (Paris, Barcelone, le Bayern et l’Atlético) ont tout de suite pris une grosse option sur la qualif’, et sur pelouse adverse s’il vous plaît. Pour le suspense, faudra encore patienter. Tour d’horizon de ce qu’il faut en retenir.

Ah, y a pas à dire, ça fait du bien. Parce que la seule Ligue 1 et quelques obscurs matchs de coupes pour égayer les longues soirées d’hiver, ça commençait à faire short. Alors forcément, avec le retour de la Ligue des champions, il y avait comme un premier effluve de printemps. Oh, très léger hein. Car pour les furieuses joutes espérées, faudra attendre encore peu. Les autres huitièmes de finale la semaine prochaine ou, plus probablement, les quarts de finale en mars. Car l’enseignement majeur de cette reprise continentale est que les gros bras se sont d’entrée fait respecter. Avec une supériorité tellement nette dans l’ensemble qu’ils n’ont même pas fait semblant d’attendre la manche retour. Oui, les premiers de la phase de poules sont directement allés taper dans le frigo de leurs hôtes de la semaine pour continuer à se goinfrer de certitudes et assurer leur beefsteak.

Blaise à la lettre

Oui, on sait, Zlatan Ibrahimović y est allé de son doublé face à Leverkusen (4-0) et celui-ci résonne d’un écho particulier puisque le Suédois se voit à chaque fois intenter un procès sur son inefficacité européenne dans les matchs à enjeu. Certes. Mais, on ne va pas se mentir, c’est davantage contre de vrais caïds qu’on attendra le mammouth de Malmö car mardi, le Bayer ressemblait davantage à une vulgaire victime de L1 qu’à un dur à cuire de Bundesliga (on rappellera que Manchester United, qui ne bat pas grand-monde cette saison, en avait collé neuf sur deux matchs à Kießling et ses potes, en phase de groupes). Et franchement, jusqu’à son péno, le Zlatan n’avait quand même rien fait de probant (8 ballons perdus en première période, le cochon). Alors bien entendu, on pourrait se palucher sur sa minasse pleine lulu et on n’aurait pas tort car elle était jouissive.

Mais on préfèrera relever ici la performance majuscule de Blaise Matuidi. L’ancien Stéphanois a, à peu près, tout fait : gratter des wagons de ballons au pressing, se projeter vers l’avant à toute berzingue, ouvrir la marque alors que les Allemands étaient encore au vestiaire, et même filer une astucieuse passe dec’ vers Zlatan. Alors il paraît que ce bon Blaise est moins bon que la saison passée. Mouais… C’est quand même à se demander si le bougre ne cache pas son jeu. On lui reprochait de ne pas assez gérer ? Matuidi a peut-être entendu la remarque pour mieux monter en puissance à l’approche du money time. Utile aussi à l’heure de négocier sa prolongation de contrat, lui qui était convoité par Manchester City moyennant une prime à la signature avoisinant les dix patates. Mardi, on a compris pourquoi le Français était indispensable à Paris. Et pourquoi il ne ferait sans doute pas de mal à City…

Pellegrini a la lose

Ça pourrait presque passer pour de la publicité mensongère. En avant-match, Manuel Pellegrini l’avait promis : son Manchester City allait jouer son jeu face à Barcelone. Soit, si l’on se fie à ce que les Citizens affichent toutes les semaines en Premier League, un vrai volume de possession, des temps de jeu conséquents, des attaques savamment préparées à base de jeu vif et court, et tout et tout. Et alors ? Alors, on n’a rien vu. Mais alors rien du tout ! Quatre-vingt-dix minutes à regarder le Barça dérouler sa passe à mille, le tout arc-bouté devant les cages de Joe Hart, tel un Stoke City des basses œuvres. De quoi raser les murs ensuite et se faire tout petit. Oui… sauf que Pellegrini a préféré se payer une seconde humiliation en mettant la nette défaite sur le seul compte de l’arbitrage. Du mauvais Mourinho. C’est con car il y a quinze jours, Pellegrini avait pris une leçon tactique at home (encore !) par le Chelsea du « Special One » : il aurait dû en profiter pour aussi prendre une leçon de com’.

Le cocu, c’est Giroud

En vrac, quelques mots-clé : une bimbo, un hôtel, un slibard et des photos. Oui, le « Giroudgate » rythme actuellement la vie d’Arsenal bien plus que son jeu collectif traditionnel. L’affaire a pris de telles proportions (le tweet d’excuses du joueur à son épouse reste un sommet du genre) que Wenger a choisi de laisser son avant-centre sur le banc. Pourquoi pas, si l’ex-Montpelliérain ne se sentait vraiment pas en état de jouer (pourquoi être sur le banc dès lors ?) mais sachant que le plan B se nommait Yaya Sanogo, on croit rêver. Ce n’est pas qu’on en veuille au champion du monde des U20. Brave comme une épée, le grand échalas s’est dépensé sans compter sur le front de l’attaque des Gunners, mais entre le suicide d’Özil et la réduction à dix des Londoniens après l’expulsion de Szczęsny, c’était injouable face à un Bayern pourtant diesel. Mais surtout, un môme tout juste revenu de blessure (une de plus, soit dit en passant), jamais titularisé en Premier League (une seule apparition) et encore moins en Ligue des champions (une entrée en barrages face à Fenerbahçe, quand l’affaire était pliée), soyons sérieux ! Résultat : outre la probable élimination des siens à Munich dans trois semaines, Giroud est peut-être en train de laisser filer sa chance aussi avec les Bleus. Car si cette « affair » devait continuer à ronger le natif de Chambéry, nul doute que ça en serait fini de ses chances d’être le titulaire en équipe de France face à Benzema qui, comble de misère, marche vraiment bien depuis quelques semaines. Ça pourrait faire vraiment cher le coup de rein.

Le cocufieur, c’est Simeone

Sincèrement, on a eu un peu de peine mercredi soir à San Siro. De la peine pour cette maison historique qu’est Milan. Bien sûr, on n’a pas découvert hier que ce n’était plus le grand Milan. Mais s’il y a la question du niveau, qui est une affaire entendue, il y a aussi la façon. Et là, l’impression est assez terrible. C’est fou comme, face à l’Atlético Madrid, les Rossoneri ont ressemblé à leurs challengers du bon vieux temps. On ne compte plus les matchs où des équipes se sont ébrouées dans tous les sens avec l’énergie du désespoir face à la machine rouge et noire… avant de se faire planter juste avant le buzzer. Mercredi, ce sont les Madrilènes qui l’ont jouée à l’ancienne. Et pour cause : à la tête de cette équipe, officie l’un des tenants de la grande Serie A des années 90. Oui, à l’heure où beaucoup ne jurent que par le beau jeu, l’Argentin assume parfaitement le win ugly, à l’image de la petite catin qu’il pouvait être en crampons. Et à Giuseppe Meazza, ses Colchoneros ont laissé venir, laissé espérer, mis quelques méchants tampons avant d’opérer le braquage sous la forme d’une tête de Diego Costa, autre expert du vice. Oui, autant de caractéristiques qui autrefois faisaient le beurre des Italiens et qui, aujourd’hui, sont perçues comme des injustices. Un réflexe de loser, en vérité. En face, Simeone a tout juste esquissé un sourire. Celui du type qui a simplement assisté à un plan parfaitement organisé. Et mis à nu le temps qui passe. Soit une Serie A dont le leader, la Juve, s’est fait dégager comme une malpropre d’un groupe où il y avait Galatasaray et Copenhague, et dont le plus grand vainqueur européen (sept C1 pour le Milan) s’apprête à se faire sortir par une équipe coachée par un homme qu’elle a biberonné de son savoir-faire. Celui de tout ce fichu temps où Milan était roi.

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Par Dave Apadoo

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