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Brest, la difficile découverte d’un nouveau monde

Par Thomas Morlec
7 minutes

Qualifié pour la première fois de son histoire en Ligue des champions, le Stade brestois va entrer dans la cour des grands dans quelques jours. Avant cette grande fête, le club breton a tenté de se préparer pour la découverte de ce nouveau monde. Avec plus ou moins de réussite.

Brest, la difficile découverte d’un nouveau monde

Real Madrid, Barcelone, Bayer Leverkusen, Shakhtar Donetsk, PSV, Leipzig, Sparta Prague et Sturm Graz. Voici la liste des huit adversaires que le Stade brestois affrontera en saison régulière de la nouvelle Ligue des champions. Un rêve éveillé pour un modeste club, auteur d’une saison exceptionnelle l’année dernière en terminant à la 3e place, dont la principale préoccupation est habituellement de se battre pour rester dans l’élite du football français. Mais les préparatifs de cet événement historique ont été un énorme casse-tête pour les Ty-Zefs.

Couacs en pagaille

« La Coupe des clubs champions ?C’est le mont Blanc, c’est tout ce que l’on pouvait espérer de mieux », exultait le président du SB29, Denis Le Saint, qui se définit lui-même comme un « vendeur de patate », à l’issue du tirage au sort de la C1 à Monaco le 29 août dernier. Seul problème, elle ne se jouera pas à Brest, la faute à un stade Francis-Le Blé pas aux normes de l’UEFA. Le club étant informé de cette mauvaise nouvelle dès le mois d’avril, plusieurs options étaient sur la table des dirigeants bretons : jouer à La Beaujoire (Nantes), au Roazhon Park (Rennes) ou au stade de Roudourou (Guingamp). Si les deux premières éventualités ont été rapidement écartées, ce n’est que le 28 août dernier que le club de la cité du Ponant a officialisé la délocalisation des rencontres européennes à Guingamp, ville de 7 000 âmes et rival historique. Premier coup dur pour les supporters brestois, très attachés à leur enceinte, tout comme le SB29, obligé de répondre un lourd cahier des charges de l’UEFA tout en s’accordant constamment avec l’entité guingampaise, dont l’écrin ne pourra accueillir que 16 000 chanceux. Mais ce n’est pas le dernier.

Face à l’opportunité de voir Brest disputer – sûrement pour la seule fois de son histoire – la plus grande des compétitions européennes, de nombreux aficionados sont partis à la quête du ticket d’or. Le club, qui avait anticipé cette forte demande, a mis en place une grille tarifaire avec des prix allant de 120 à 300 euros pour les fidèles avec plus d’un an d’ancienneté, mais plusieurs couacs sont venus émailler la mise en vente des packs de 4 matchs uniquement réservés pour les 10 500 abonnés avant même l’ouverture. Alors que l’accès à la billetterie était initialement programmé pour lundi à 13 heures, certaines personnes sont parvenues à acheter les précieux sésames dès le milieu de la matinée.

Il va falloir que tous ces problèmes pour les abonnés soient réglés avant samedi et l’ouverture au grand public, parce que sinon, ça va être un bordel incroyable.

Fanch, supporter brestois

Même chose pour les matchs de Youth League, qui se joueront à Le Blé. Pour ne rien arranger, les salariés, affairés sur le dossier depuis des semaines et déterminés à contenter tout le monde, n’ont pas été aidés par un problème de logiciel, qui n’est pas le même entre Brest et Guingamp : « Quand je me suis connecté sur mon espace membre pour réserver mon pack, rien n’apparaissait. Je ne pouvais prendre que des matchs de Ligue 1, ce qui ne me sert à rien, alors que ma femme avait déjà pu prendre sa place. J’ai vite compris que j’étais loin d’être le seul dans cette situation, que c’était un bordel généralisé, témoigne l’un des membres du podcast Brest On Air. Sur notre compte Twitter, on a fait un sondage et à ce jour, plus de 40% des participants ont eu un problème… »

Dans la même veine, plusieurs fidèles n’ont pas pu prendre de places pour enfants ou amis, en raison d’une histoire d’adresses e-mails non associées. « Il va falloir que tous ces problèmes pour les abonnés soient réglés avant samedi et l’ouverture au grand public, parce que sinon, ça va être un bordel incroyable, peste Fanch. Si ce n’est pas le cas, ils ne vont pas avoir d’autre choix que de décaler la vente. » Pour tenter d’endiguer le problème, le club a mis en place des permanences à Francis-Le Blé depuis plusieurs jours, avec seulement trois guichets ouverts, et a garanti dans une publication que « tous les abonnés pourront assister aux rencontres de Ligue des champions à domicile ».

La solution ? La création manuelle d’un compte pour chaque acheteur de la part du service billetterie, sans la garantie de pouvoir placer les malchanceux à côté de leurs proches. Un travail de fourmi avec un staff d’une cinquantaine de personnes, resté identique à celui de la saison dernière, par volonté de ne pas se voir trop beau et pour éviter de répéter des erreurs commises par d’autres clubs de l’Hexagone dans le passé. Pour satisfaire le plus grand nombre, un système de navettes devrait être mis en place pour simplifier les déplacements des Brestois dans les Côtes-d’Armor, et l’idée d’une fan zone à la Brest Arena a été évoquée début septembre par le maire de Brest, François Cuillandre.

Un mercato à flux tendu

Avec cette qualification européenne, la crainte était de voir le Stade brestois se faire piller au mercato estival. Si cela n’a pas été le cas, plusieurs cadres de l’équipe ont mis les voiles, comme Lilian Brassier (OM) et Steve Mounié (Augsbourg) sans compter les départs de Jérémy Le Douaron et Martín Satriano. L’autre mission pour Grégory Lorenzi, le directeur sportif des Ty-Zefs, était de renforcer l’effectif et de le densifier. Encore une fois, le SB29 s’est heurté à des obstacles. « On a eu la difficulté d’être un club en Ligue des champions, sans histoire européenne et sans avoir les moyens d’un club européen. Quand on a voulu prendre un joueur de niveau supérieur, on s’est aperçus que ce n’était pas possible financièrement », détaille ce dernier, longtemps pressenti à Rennes cet été, dans une interview pour L’Équipe.

Quand on a voulu prendre un joueur de niveau supérieur, on s’est aperçu que ce n’était pas possible financièrement.

Grégory Lorenzi

Outre le manque d’attractivité, le problème majeur a été la masse salariale, avec la possibilité d’offrir un salaire mensuel à six chiffres à certains éléments – en restant à des années-lumière de clubs comme l’OL ou l’OM –, mais aussi l’obligation de se dire que cette exception ne pourrait sans doute pas durer plus d’une saison. Une histoire de pérennité du club. Beaucoup de profils expérimentés, qui auraient fait un bien fou à Brest dans cette campagne européenne – surtout au poste de latéral gauche avec la rupture totale du tendon d’Achille de Bradley Locko qui ratera la Ligue des champions – n’ont même pas daigné répondre aux sollicitations brestoises, et tout s’est décanté dans les dernières heures du mercato avec sept mouvements le dernier jour (5 arrivées, 2 départs).

Malgré tout, la satisfaction règne chez Éric Roy et les supporters. « Dans le fond, ça me semble plutôt cohérent par rapport aux besoins et surtout la nécessité d’avoir du nombre, puis recruter Kamory Doumbia et Mama Baldé, ça me semble être plutôt une bonne idée. Ajorque est une bonne pioche. Mais dans la forme, on a tout fait le dernier jour, rejoue l’animateur de Brest On Air. Et moi, ça m’énerve un peu, ce manque d’anticipation. Grégory Lorenzi va dire, parce qu’il fait souvent des bons coups, que le mercato est compliqué, mais quand je vois des mecs comme (Ibrahim) Salah, qu’est-ce qui a changé dans son statut entre le 1er juillet et le 31 ? C’est juste au niveau du timing, je trouve qu’on patiente trop et c’est ce qui m’embête, sans parler de la volonté de ne pas internationaliser le vestiaire que je ne comprends pas. »

Comme à son habitude, le club breton a fait à sa sauce en multipliant les prêts (6 au total), a tenté le pari de faire revenir Romain Faivre, tout en achetant tout de même trois joueurs : Mama Baldé (4,5 millions d’euros), Kamory Doumbia (4 millions d’euros) et Julien Lecardinal (1,7 million d’euros). Est-ce que cela suffira ? L’essentiel reste et restera le maintien dans l’élite. Quoi qu’il en soit, disputer pour la première fois de son histoire une compétition européenne avec la nouvelle formule de Ligue des champions et dans un autre stade est un sacré défi. Le maillot pour la C1 vient de sortir du four, mais tout est loin d’être parfait. Espérons au moins que la fête soit belle.

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Big Bizot !
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Par Thomas Morlec

Tous propos recueillis par TM

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