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Bordeaux, les raisins de la galère
Blanc a récupéré l'équipe de France après Knysna, Gillot récupère les Girondins après Tigana. En constante perdition depuis le titre de champion de France acquis lors du règne du sélectionneur de l'équipe de France, les Bordelais sont en pleine reconstruction. A moins que ça ne soit de la démolition.
La septième place. La « place du con » de l’exercice 2010-2011 de l’élite du football hexagonal. Celle qui, l’éloignant du rêve européen, dégoûterait n’importe quelle écurie, de la plus brillante à la plus médiocre. Pourtant, à Bordeaux, personne ne s’en plaindra. Ce bonnet d’âne des cadors présumés, les Girondins le méritent et l’assument. Largement aidés par les talents d’entraîneur de Jean Tigana, les hommes de Jean-Louis Triaud ont définitivement quitté l’ère Blanc pour s’embourber mois après mois dans les eaux troubles de la Ligue 1. Le plus triste dans ce marasme bordelais reste sans doute l’aspect miraculeux de cette fameuse « place du con ». Dans un environnement souvent gangrené par la mauvaise foi, les pensionnaires du Haillan se sont distingués en soulignant avec insistance, tout au long de l’année, les difficultés qu’ils éprouvaient, tant dans le jeu que dans l’efficacité. Sauver le peu d’honneur qu’il restait en faisant preuve de franchise est une chose, se relever après avoir touché le fond en est une autre. En constante dégringolade depuis le titre de champion de France acquis en 2009, les Girondins vont s’en remettre aux talents de Francis Gillot pour redresser la barre. Auteur d’une magnifique saison sur le banc du FC Sochaux, l’ancien entraîneur du RC Lens récupère une équipe meurtrie. Un cadeau empoisonné ?
Gillot pare-balles
Poids de l’histoire dans le football oblige, poser ses fesses sur le banc des Girondins de Bordeaux demeure une chance pour un entraîneur. La réaction de Francis Gillot après son intronisation, dans les colonnes de L’Equipe, en témoigne assez largement : « J’avais l’opportunité de continuer à Sochaux mais Bordeaux m’a demandé et j’étais très fier qu’ils me fassent confiance, je les remercie. Je n’ai pas hésité, quand Bordeaux se présente, c’est difficile de refuser. C’est un club avec un gros potentiel et j’espère y donner ma pleine mesure. On va essayer, avec mon staff, de réveiller cette équipe » . « Incapable de faire plus avec Sochaux » alors que l’Europe lui tendait les bras, Gillot, avide d’un nouveau challenge, a tout de même admis « ne pas avoir choisi la facilité » .
Adepte d’un football offensif et léché dans le Doubs, Francis Gillot ne disposera ni de la jeunesse sochalienne, ni des qualités techniques des Martin, Boudebouz et Maurice-Belay. Privés de Coupe d’Europe pour la deuxième année consécutive, les Girondins sont dans l’expectative financière la plus totale. Un flou budgétaire qui implique inévitablement des incertitudes sur l’effectif et donc, sur les objectifs de pré-saison. Une situation assez déplaisante pour « J-Lo » : « Je ne peux pas vous parler d’objectif sportif aujourd’hui puisque je n’ai pas connaissance de l’effectif dont je disposerai en août » . Là aussi, la tendance n’est pas à l’optimisme.
La fuite des capitaux
« Nous allons vers une période difficile » . Les mots sont graves et sortent de la bouche de Jean-Louis Triaud. Le mercato à peine commencé que Bordeaux truste les unes de la presse spécialisée. Cet été, piliers de la Ligue 1 et ambitieux du monde entier s’apprêtent à récolter en Bordelais. Fernando a un pied et demi au Qatar, Plasil est suivi par le LOSC, Diarra et Trémoulinas sont annoncés à Marseille. Des départs probables qui amoindriraient lourdement un effectif qui, selon les dires du président, ne sera renforcé qu’avec parcimonie, faute de moyens. Pessimiste en ce qui concerne les cas Diarra et Fernando, Francis Gillot n’en demeure pas moins persuadé qu’il saura convaincre son arrière gauche de rester à quai : « J’ai déjà perdu Fernando et Diarra, lui, il reste. Je ne suis pas venu à Bordeaux pour jouer le maintien » .
Refuser l’Europe avec Sochaux pour jouer le maintien en Gironde effriterait l’égo des plus téméraires. Malheureusement pour Francis Gillot, les plus prudents, qui sont également souvent les plus réalistes, ne pourraient que l’inviter à la méfiance. Les nostalgiques regrettent l’ère Bez, les plus jeunes se demandent encore ce que sont devenus les millions récupérés suite à la vente de Yoann Gourcuff. Là encore, la réponse ne pousse pas à l’optimisme. Le talent de Gourcuff s’est transformé en un triste futur pour Bordeaux. Un avenir qui s’appelle Modeste, Diabaté ou Ben Khalfallah. Et avec un effectif pareil, la septième place s’apparenterait tout de suite à un objectif tout à fait raisonnable…
Swann Borsellino
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