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Boca refroidit le Monumental

Par Léo Ruiz au Monumental de Buenos Aires
Boca refroidit le Monumental

Mené 2 à 0 dans le Superclásico, Boca Juniors est finalement allé chercher le match nul dans les arrêts de jeu contre le River Plate de Trezeguet, éteignant un stade Monumental en totale fusion pendant toute la rencontre. Le tout devant Éric Cantona.

River Plate 2-2 Boca JuniorsButs : Ponzio (2e) et Mora (71e) pour River ; Santiago Silva (75e, sp) et Erviti (91e) pour Boca

Comme tous les samedis soirs, la rue Honduras est un défilé de jeunes gens en quête d’un lieu de sortie. Dans le cœur de Palermo Hollywood, quartier branché de Buenos Aires, les bars et boliches se succèdent et se remplissent progressivement, trois heures du matin étant l’heure de pointe nocturne locale. Sauf que ce samedi n’est pas une soirée normale. C’est la veille du Superclásico, le grand moment sportif de l’année en Argentine. « Pendant deux heures, le pays s’arrête complètement » , raconte-on. Au milieu des mecs en chemise et des meufs assez dévêtues (la chaleur a commencé à Buenos Aires), des voitures de supporters font donc leur tour de préchauffe. Klaxons, chants, couleurs du club. Il est important de marquer le territoire. Ce dimanche, il y a une fierté à défendre.

Oh, ah, Cantona

L’enjeu sportif de ce River-Boca est assez faible. Les deux équipes ne traversent pas leur meilleure période, loin de là. L’enjeu émotionnel, en revanche, est immense. En ces temps difficiles (plus pour River que pour Boca, c’est vrai), battre l’ennemi est, pour les supporters des deux clubs les plus populaires du pays, suffisant pour sauver une saison moyenne. « Pour beaucoup de chez nous, battre Boca est plus important que terminer champion » , assure un fan du Millonario au stade plus de deux heures avant le coup d’envoi. Ce Superclásico a une saveur particulière, puisqu’il est le premier depuis le retour de River Plate en première division. La première fois que Boca Juniors refoule la pelouse du Monumental depuis deux ans. Évidemment, le stade est comble. Voire plus. Comme d’habitude, les billets se sont vendus à plus de 150 euros. La légende dit que certaines personnes viennent de très loin pour assister au spectacle. Une autre légende la confirme, Éric Cantona. Harcelé par les médias locaux, le King finit par se caler dans son fauteuil, profitant d’un moment de répit pour prendre quelques clichés. Parfaite, sa barbe.

Trezeguet tout en déviation

Le match opposant les deux équipes réserves se termine et le stade devient fou. Les 4000 fans de Boca branchent les locaux sur leur récent voyage à l’étage d’en dessous, mais sont vite étouffés par les presque 70 000 excités rouge et blanc. L’entrée des deux équipes est un grand frisson. Une hystérie. Des loges aux tribunes populaires, les spectateurs crient tout ce qu’ils ont dans le ventre, sautent, balancent les papelitos, agitent drapeaux et ballons gonflables. Et pleurent, pour certains. Tous ont quitté leur état normal pour entrer en transe, dans une harmonie étonnante. La fête peut commencer. Et de quelle manière ! À peine deux minutes de jeu et le coup franc excentré de Ponzio, touché par personne, finit au fond des filets. Les supporters du Millonario eux-mêmes n’y croient pas. Poussés par leur hinchada, les locaux sont euphoriques. Devant, Trezeguet est en jambes. Rentré trois jours plus tôt de Monaco, le capitaine de River est très disponible dans l’axe, ses déviations en une touche aérant le jeu des ouailles d’Almeyda. C’est plus compliqué en revanche pour Ramiro Funes Mori et Aguirre, qui quittent le terrain sur blessure dès le quart d’heure de jeu. Boca cherche à réagir, mais n’enchaîne pas trois passes. Premiers dans les duels et plus précis, las gallinas (les poules, surnom de River) dominent les débats, sans se créer pour autant d’occasions franches. Sur la seule opportunité des visiteurs, Sánchez Miño, le grand espoir de Boca, rate son contrôle et la balle d’égalisation.

Erviti éteint le Monumental

La deuxième période tarde à reprendre parce qu’un immense cochon gonflable aux couleurs de Boca se balade dans la tribune. Bien marrant. Julio Falcioni, l’entraîneur xeneize en difficulté avec les supporters, tente d’inverser la tendance en faisant entrer Acosta, attaquant, pour Clemente Rodríguez, l’arrière gauche de la sélection. Boca Juniors joue bien plus haut, mais n’a personne pour construire le jeu. C’est un peu le problème depuis le départ de Riquelme, que le petit Chávez n’arrive évidemment pas à remplacer. Román, c’est Román, putain ! L’équipe à la bande rouge ne touche plus trop le ballon, à l’image de Trezeguet, qui s’agace sérieusement quand Sánchez se précipite et envoie sa volée dans les tribunes au lieu de lever la tête. Le ciel se couvre, et la soirée de Boca avec. Trezegol fait la différence et sert Sánchez, qui offre à Mora le deuxième but de River. Idéal pour libérer un Monumental sous pression. Tout le stade se dirige vers le petit groupe jaune et bleu et lui déclare son amour, dans un vacarme pas possible. Pas de chance, Santiago Silva réduit le score dans la foulée. Sur pénalty. L’angoisse reprend le dessus. Il va falloir tenir un quart d’heure. River l’a fait, mais a oublié le temps additionnel. Sur une frappe contrée de Trezeguet, Boca remonte le ballon à toute vitesse et Erviti assène le coup de massue. En partie éteint l’essentiel du match, le parcage visiteur explose et fait la fête avec ses héros, qui vivent ce nul miraculeux comme une victoire. Allez, encore une semaine de débats, et le pays pourra passer à autre chose.

Par Léo Ruiz au Monumental de Buenos Aires

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