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Birger Meling : « Jouer le maintien, il faut y être préparé mentalement »

Propos recueillis par Andrea Chazy
9 minutes
Birger Meling : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Jouer le maintien, il faut y être préparé mentalement<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Quasiment condamné à la Ligue 2 au début de l’année civile, le Nîmes Olympique a pris quatorze points depuis la mi-février avant d’affronter Brest, ce dimanche (15h), et a plus que jamais la ferme intention de sauver sa peau dans l’élite. C’est en tout cas la philosophie de son latéral gauche Birger Meling, international norvégien de 26 ans arrivé cet été dans le Gard, qui raconte ses premiers mois en France, son enfance, et en place une sur l’organisation du Mondial 2022 au Qatar. Interview d’un homme venu grandir chez les Crocos.

Ce dimanche, tu retrouves Brest qui a été la première équipe que tu as affrontée en Ligue 1 avec les Crocos (victoire 4-0). Comment juges-tu cette première saison en Ligue 1 jusque-là ?Je crois qu’un peu à l’image de l’équipe, j’ai pu faire des prestations intéressantes et d’autres un peu moins abouties. Mais cela reste pour moi une belle opportunité que de pouvoir évoluer ici, à Nîmes dans le championnat de France, d’enchaîner les matchs à un niveau plus élevé.

Tu es titulaire en sélection et tu évoluais à Rosenborg, l’un des plus grands clubs historiquement en Norvège. Comment t’es-tu retrouvé à Nîmes ?Je sentais que j’avais fait le tour en Norvège d’une certaine manière : j’ai eu l’opportunité de gagner à deux reprises le championnat, une fois la Coupe, on a joué l’Europe, les tours préliminaires en Ligue des champions. Le moment était venu pour moi de découvrir autre chose, afin de continuer à développer mon jeu en évoluant à un niveau plus élevé au quotidien. L’opportunité d’arriver en Ligue 1, qui fait partie du top 5 des championnats européens, et qui plus est dans un club comme Nîmes, c’était une belle opportunité pour mon développement personnel.

Ce n’est pas toujours facile, tu vis des semaines où, parfois, tu dis : « Ah, que cette saison va être longue ! », mais je savais qu’en rejoignant Nîmes, cette possibilité de lutter pour le maintien existait.

Mais passer d’un club qui joue l’Europe et le titre dans son pays à un autre qui joue le maintien, même si c’est dans un championnat plus relevé, c’est une dimension à prendre en compte, non ?Bien sûr, et j’ai beaucoup réfléchi à cela avant de rejoindre le club, car je savais qu’en rejoignant Nîmes, je n’arriverais pas dans une équipe qui lutterait pour le titre et qu’il y aurait des périodes difficiles à gérer au niveau mental en cours de saison. C’est vrai qu’en Norvège, j’étais habitué à gagner des matchs et des titres ces dernières années. Même si, avant cette période-là, j’ai joué quelques saisons à Stabaek, dont une saison qui fut similaire à celle que l’on vit avec Nîmes cette année, à lutter pour le maintien. Ce n’est pas toujours facile, tu vis des semaines où, parfois, tu dis : « Ah, que cette saison va être longue ! », mais je l’ai déjà vécu et je savais qu’en rejoignant Nîmes, cette possibilité existait. Cette expérience passée m’aide beaucoup, car tu ne joues pas avec le même stress lorsque tu te bats pour les places du haut de classement et quand tu joues le maintien, il faut y être préparé mentalement. L’objectif pour moi était de jouer régulièrement à un niveau supérieur, et je reste convaincu qu’à la fin de la saison, on sera tous heureux au club du dénouement de celle-ci.

De l’extérieur, l’arrivée de Pascal Plancque à la tête de l’équipe a semblé redonner de l’allant à votre groupe. Qu’en est-il à l’intérieur ?Pascal fait du très bon travail depuis qu’il est là. Il arrive à se montrer très clair sur ce qu’il attend de nous, il a réussi à actionner certains leviers qui nous ont permis d’obtenir de meilleurs résultats récemment. Et sincèrement, tout le mérite lui revient.

Qu’est-ce qu’il attend de toi sur le terrain ?C’est compliqué d’aborder ce genre de choses en interview, mais il demande à l’ensemble de l’équipe de rester positif, d’attaquer le match avec un état d’esprit conquérant. Il veut qu’on reste très soudés tant au moment de défendre que d’attaquer, et je pense que ces dernières semaines, hormis le dernier match face à Saint-Étienne, on a vu un groupe compétitif et prêt à se battre pour sauver sa place en Ligue 1.

Tes coéquipiers te surnomment « Biggy » . Tu connais l’origine de ce surnom ?Tu parles du rappeur ? (Rires.) Non, en réalité, ça vient de Norvège ! On m’a toujours appelé comme ça là-bas depuis que je suis gamin, les surnoms sont très courants dans mon pays. Quand je suis arrivé en France, on m’a rapidement appelé « Biggy » au club, car j’imagine que c’est également le surnom le plus simple lié à mon prénom. Cela fait plaisir, forcément.

Quand j’étais plus jeune, j’étais finalement un peu comme aujourd’hui : un gars un peu plus petit que les autres. Et à cause de ça, tu dois parvenir à trouver une autre voie pour te montrer plus malin que ton adversaire et compenser ce manque physique.

Durant ton enfance à Stavanger, tu as eu un problème de croissance à l’adolescence qui a affecté ton développement. Est-ce que cet épisode a participé à forger le joueur que tu es devenu ?Oui, quand j’étais plus jeune, j’étais finalement un peu comme aujourd’hui : un gars un peu plus petit que les autres. Et à cause de ça, tu dois parvenir à trouver une autre voie pour te montrer plus malin que ton adversaire et compenser ce manque physique. Tu dois appréhender une autre manière d’utiliser ton corps, d’anticiper, c’était également une motivation supplémentaire pour travailler sur des détails au niveau technique. Quand j’étais plus jeune, c’était dur forcément, mais je pense que j’ai réussi à intégrer cela de façon positive dans mon jeu aujourd’hui.

Le futsal était un espace de liberté. J’étais là, avec mes amis, mon équipe, et je jouais avec cette idée d’amusement et avec cet esprit sain de compétition. C’était également un endroit qui m’a permis de gagner en confiance dans un moment où j’en avais moins dans la voie plus standard du football.

Comme beaucoup de joueurs norvégiens, tu as fait du futsal quand tu était plus jeune. En quoi cela t’a été bénéfique ?Le futsal était un espace de liberté. J’étais là, avec mes amis, mon équipe, et je jouais avec cette idée d’amusement et avec cet esprit sain de compétition. C’était également un endroit qui m’a permis de gagner en confiance dans un moment où j’en avais moins. De 15 à 19 ans, on payait un droit d’entrée et on participait à une phase de poules avec mes potes. En y repensant, je suis forcément un peu nostalgique, car au-delà d’être avec mes meilleurs amis, on se débrouillait plutôt bien et on prenait du bon temps.

Tu expliquais que pour apprendre le français, tu regardais notamment Le Bureau des légendes ou Family Business. Tu es un vrai cinéphile ? (Rires.) On peut le dire dans le sens où, avec la période actuelle qui nous restreint tous beaucoup, je regarde du coup pas mal de films et de séries. En dehors du foot, j’aime bien rester avec ma famille, aller au restaurant ou me balader en montagne et skier en hiver. Mais ce qui me manque aujourd’hui, c’est un peu la même chose que pour n’importe qui : profiter avec des proches de moments tous ensemble.

Il y a des coins que tu aimerais visiter en France ?Oui, bien sûr. Il faut dire que depuis mon arrivée, je n’ai pas eu beaucoup de possibilités de bouger du fait de la période actuelle et des restrictions liées à celle-ci. J’espère que l’on aura tous plus de possibilités cet été et après pour bouger, et ainsi découvrir encore davantage Nîmes et ses alentours.

Avec la sélection norvégienne, vous avez décidé de porter des tee-shirts ornées d’une mention « Human Rights on and off the pitch » (droits humains sur et en dehors des terrains, NDLR) durant la trêve internationale pour protester contre le traitement des ouvriers sur les chantiers du Qatar liés à l’organisation du Mondial 2022. Peux-tu nous raconter comment cela s’est organisé entre vous ?Cela a commencé par une grosse discussion en Norvège sur l’organisation de la Coupe du monde au Qatar et la souffrance des ouvriers là-bas, au sujet de leurs conditions de travail et leurs conditions de vie. C’est un sujet qui est naturellement venu jusqu’à nous, l’équipe nationale, et nous sentions le besoin de dire « stop » à cela. Nous pensions qu’en agissant de la sorte, cela pourrait participer à faire changer les choses et mettre une forme de pression pour que les conditions de ces ouvriers s’améliorent au Qatar.

Je pense que plus on sera nombreux à mettre la pression sur les instances, le Qatar et la FIFA pour que cela change, plus il y aura de chance que quelque chose se produise.

On a vu qu’après vous, les Allemands en ont fait de même avant leur match contre l’Islande. Vous pensez que cela peut créer une émulation ? Je pense que plus on sera nombreux à mettre la pression sur les instances, le Qatar et la FIFA pour que cela change, plus il y aura de chance que quelque chose se produise. Cela fait plaisir de voir que d’autres équipes ont à leur tour fait quelque chose en ce sens, mais nous espérons surtout que les choses vont évoluer prochainement et également dans le futur. Car après le Mondial, il y aura toujours des routes, des hôtels et d’autres infrastructures qui seront construites au Qatar, et j’espère que d’ici là, les choses se seront améliorées.

Si vous vous qualifiez pour la Coupe du monde avec la Norvège, vous irez au Qatar ? On verra. En Norvège, la fédération suit un processus démocratique, et un vote aura lieu au mois de juin pour déterminer s’il y aura un boycott ou non. Si je dois répondre aujourd’hui à cette question, oui j’irai au Qatar pour jouer la Coupe du monde si la Norvège s’y qualifie. J’y ai beaucoup réfléchi et je me suis demandé ce que je voulais accomplir. Le plus important pour moi, c’est d’essayer d’améliorer les droits de l’homme et les questions liées au travail au Qatar. Même quand le pays ne sera plus sous le feu des projecteurs. Ce qui s’est passé ces dernières années au Qatar est horrible, et inacceptable. Mais malheureusement, je ne peux rien faire pour changer le passé… Je pense et j’espère qu’en étant présent, tout en mettant la pression sur les autorités et en parlant de la cause que nous défendons, cela pourrait changer la situation pour d’autres dans le futur. C’est pourquoi je pense que ma voix sera plus puissante dans les stades, avant et après le match, que si je reste assis chez moi à la maison. Nous continuerons à agir, sur le terrain et en dehors !

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