Le 22 janvier dernier, en seizième de finale de la Coupe de France contre Saint-Étienne, tu t’es distingué en transformant ton penalty d’une panenka face à Stéphane Ruffier. Il t’est passé quoi par la tête au moment de tenter ce geste ?
Sur le moment, c’était très long. Léo Schwechlen s’était blessé sur l’action qui amène le penalty et il y a eu un gros moment d’attente. En face de moi, j’ai Stéphane Ruffier qui est un gardien imposant avec une grande envergure. Dès que j’ai posé le ballon, je savais ce que j’allais faire. J’étais bien dans mon match, c’était le moment ou jamais de tenter un tel geste. Et c’est rentré.
En tant qu’ancien Lyonnais, y avait-il pour toi un derby dans le match que tu voulais remporter pour ton club formateur ?
Jouer contre Saint-Étienne est toujours un match particulier. Ce soir-là, je voulais peut-être plus que jamais remporter la partie et que l’on se qualifie. Malheureusement, on était bien dans le coup, mais ça n’a pas suffi.
Justement, après être revenu à 3-3, Tours s’incline (5-3 après la prolongation). Qu’a-t-il manqué à ton équipe pour remporter ce genre de rencontres ?
Des détails qui font toute la différence. On a manqué principalement d’expérience et d’agressivité dans les seize derniers mètres. Offensivement, on a fait un gros match, mais on a trop souffert sur les coups de pied arrêtés pour espérer mieux. On s’est trop laissé faire et c’est dommage, parce qu’avant de rentrer sur le terrain, on s’était promis de ne surtout pas avoir de regrets après le match.
Sur le plan personnel, cette saison tu as inscrit six buts et tu sembles assumer un rôle de leader sur et en dehors du terrain. Quel est ton discours auprès de tes coéquipiers ?
J’ai toujours assumé plus ou moins un rôle de leader, de cadre. À 32 ans, j’essaye maintenant de transmettre mon expérience. Je le vis très bien, je ne me prends pas la tête et c’est une situation que j’apprécie surtout dans l’encadrement des jeunes du club.
En te regardant jouer en France, on a l’impression de retrouver un gars qu’on avait un peu perdu de vue. Pourquoi avoir décidé de revenir jouer dans le championnat français ?
Lorsque j’ai été prêté à Châteauroux en janvier 2011, je restais sur six mois sans jouer à Lecce. Je voulais revenir pour montrer que j’avais encore des qualités, que je pouvais encore apporter quelque chose. Mon but était d’apporter mon expérience engrangée lors de mes passages à l’étranger. J’ai beaucoup appris que ce soit à Lecce sur le plan tactique ou même à Nicosie. Il fallait que je me confronte à un groupe désormais plus jeune pour transmettre cet apprentissage.
Tu parles souvent de transmission. Il y a quelques années, lors d’une interview à OL TV, tu évoquais l’envie de devenir entraîneur après ta carrière de joueur. C’est toujours une idée que tu as dans la tête ?
Bien sûr, et de plus en plus ! Aujourd’hui, c’est compliqué de passer les diplômes, voire impossible lorsque l’on est encore en activité, mais j’ai toujours cette envie. J’aime le football offensif, porté sur le jeu de passes et l’ambition de toujours aller de l’avant. C’est ma conception du jeu et je travaille encore ce projet. Il me reste encore du temps pour y penser.
Que reste-t-il du Bryan Bergougnoux qui faisait ses débuts en Ligue 1 à 18 ans en juillet 2001 sur la pelouse de Bollaert ?
La passion du football. Aujourd’hui, j’ai 32 ans, mais je suis toujours amoureux de ce sport. Sur le terrain, je n’ai plus les mêmes capacités qu’à mes débuts, mais j’ai énormément progressé techniquement. Je ne joue plus au foot de la même manière, mais je prends toujours autant de plaisir.
Quels souvenirs gardes-tu de ta formation à Lyon ?
Que des bons moments. J’ai dû faire énormément de sacrifices, mais à chaque fois, j’avais conscience que c’était pour mon bien. J’étais dans un club qui gagnait presque tout avec des mecs formidables. L’équipe jouait bien, avec un style offensif qui me correspondait. À l’époque, je ne me rendais pas compte de la chance que j’avais. Lyon avait une génération extraordinaire, Paul Le Guen donnait leur chance aux jeunes du centre de formation. Pour nous, intégrer l’équipe première était une suite logique, mais avec du recul, c’était une chance extraordinaire.
Il y aussi ce but contre le Sparta Prague en Ligue des champions, un 8 décembre 2004, jour de la fête des Lumières à Lyon…
C’est peut-être le plus beau souvenir de ma carrière. On avait fait un match parfait et on s’impose (5-0) ce qui permet au club de terminer en tête de sa poule. On était déjà qualifiés avant le match, donc Paul Le Guen avait aligné pas mal de jeunes. J’avais fait un bon match, et Sylvain Idangar avait marqué le but du 4-0 à huit minutes de la fin. Moi aussi, je voulais marquer mon but. C’était un peu égoïste, mais c’était un peu logique. Dans les arrêts de jeu, Anthony Réveillère me donne un super ballon et je marque. J’avais des crampes, mais une fois que le ballon est rentré, je ne sentais plus rien. J’ai enlevé mon maillot et fait le tour du stade. Un grand moment.
Et en 2005, Gérard Houllier arrive à Lyon. Très rapidement, tu comprends que, pour jouer, il va falloir partir. Quel sentiment t’anime à ce moment-là ?
Dans un premier temps, j’étais super déçu que Paul Le Guen parte. C’était le coach idéal et il y avait une ambiance extraordinaire dans le groupe. Il part à Glasgow et je doutais de ma capacité à m’imposer durablement à Lyon dans un tel effectif surtout que je savais que le club allait recruter. Houllier n’avait en plus pas la réputation de faire confiance aux jeunes, donc j’ai souhaité partir. Avec du recul, j’ai des regrets. Ce n’était pas une bonne idée, surtout quand j’ai vu que Jérémy (Clément) ou François (Clerc) avaient du temps de jeu.
Après une 3e saison compliquée à Toulouse, je suis allé voir Casanova. J’étais déprimé, au bord des larmes. Il a alors tout remis à zéro. Il a changé ma carrière.
Surtout que tu sortais d’un tournoi de Toulon 2004 où tu avais terminé meilleur buteur avec une génération prometteuse (Sinama-Pongolle, Anthony Le Tallec, Mourad Meghni, Jérémie Aliadière…). Comment tu expliques que cette promotion n’a pas eu la carrière qu’on lui promettait ?
Il y avait du talent, c’est certain. Le truc, c’est qu’on est arrivés à une époque où passer ce cap nécessaire était très compliqué compte tenu de la concurrence qu’il y avait chez les A. On se sentait bloqués par la génération au-dessus, et ça nous a freinés dans notre progression. Quand à cela s’ajoute des mauvais choix, c’est difficile.
Tu atterris alors à Toulouse où tu resteras quatre ans. Que retiens-tu de ton passage dans ce club ?
J’ai vécu quatre années complètement différentes. Mes deux premières saisons à Toulouse étaient pleines, j’avais du temps de jeu, et la troisième a été catastrophique pour moi. J’ai ma part de responsabilité dans cet échec. Je me suis fait opérer de l’épaule. Elle se déboîtait toute seule, et il s’est avéré qu’elle était cassée depuis un an et personne n’avait décelé le problème. Ça m’a compliqué la vie, et je me suis disputé avec Élie Baup. Je n’ai pas joué pendant six mois, ça a été très compliqué. Même si le club sortait d’une saison exceptionnelle (3e, qualifié pour le tour préliminaire de la Ligue des champions), c’était difficile sur le plan sportif et humain. C’est le seul point noir de mon passage à Toulouse.
Dans une interview, Pantxi Sirieix avait pourtant déclaré que s’il était président de club, tu serais sa première recrue.
Oui, c’est quelque chose qui me touche vraiment. Pantxi est un homme droit, fidèle à son club et surtout un très bon ami. Ça me fait plaisir même s’il n’était pas forcément objectif !
Alain Casanova t’avait aussi placé dans son onze type des joueurs qu’il avait eus sous ses ordres…
On s’est connus pendant quatre ans et plus principalement lors de ma dernière saison à Toulouse. Je sortais alors d’une troisième année compliquée et avant le début de la saison, j’étais allé le voir. J’étais déprimé, au bord des larmes. Je lui ai dit que s’il me donnait sa confiance, je donnerais tout pour lui. Casanova a alors tout remis à zéro et m’a donné la possibilité de m’exprimer de nouveau sur le terrain. C’est vraiment un entraîneur qui a changé ma carrière.
En 2009, tu files finalement à Lecce en Serie B, alors que Paul Le Guen pensait à toi pour venir en tant que doublure au PSG…
Si l’occasion s’était vraiment présentée pour Paris, je n’aurais pas hésité une seule seconde. Je sortais d’une belle saison et j’ai été très mal conseillé. Je suis parti à Lecce, en deuxième division en Italie. Je pense que je pouvais espérer mieux à ce moment-là. Avec du recul, j’ai assez mal géré ceux qui étaient agents dans ma carrière. En Italie, je suis arrivé assez tard dans une équipe qui tournait déjà bien. La première saison, j’étais régulièrement dans le groupe, c’était en plus l’année du titre dans un championnat très difficile avec un gros nombre de matchs. Finalement, on est montés en Serie A et je n’ai jamais eu ma chance. Comme je suis têtu, je suis resté. J’avais à cœur de prouver que j’avais le niveau.
Quels souvenirs gardes-tu de ce passage à Lecce ?
J’ai beaucoup appris sur le plan tactique en Italie. C’est un championnat difficile et très exigeant. La Serie B est, selon moi, bien au-dessus de la Ligue 2 en terme de niveau. Même si sur le plan sportif, ça a été compliqué, j’ai énormément appris.
Il y a aussi cette aventure exotique à Nicosie…
Je ne jouais pas beaucoup et j’avais encore des choses à prouver. Je suis parti à Châteauroux en prêt et ensuite quatre mois à Chypre pour jouer. Ça a été une aventure humaine fantastique, on a gagné la Coupe avec l’Omonia et on a terminé à trois points de l’Apoël en championnat. Je garde vraiment en souvenir la ferveur extraordinaire qu’il y a dans les stades, surtout lors des derbys. Sur le plan du football, je n’ai pas énormément évolué, mais cette expérience a été extrêmement enrichissante.
Et finalement en août 2012, tu signes à Tours. Pourquoi ce choix ?
Très simplement, un agent m’a appelé et m’a proposé ce challenge. J’avoue qu’au départ, je n’étais pas super emballé, je souhaitais retrouver un club de Ligue 1, mais pas grand monde me voulait. L’agent m’a alors dit que Tours était dernier et n’avait pas encore gagné un match. J’ai alors signé tout de suite. Banco ! Et la suite m’a donné raison puisqu’on a sauvé le club.
Avant de se quitter, on est obligé de te demander le pourquoi du comment de cette barbe que tu présentes sur le terrain depuis quelques semaines…
C’est parti d’un pari tout con. J’avais décidé de ne pas me raser tant qu’on n’irait pas au Stade de France. Finalement, je l’ai gardée. J’ai l’impression que ça me donne un côté guerrier et on en a besoin en ce moment. Ça me donne une âme supplémentaire pour le maintien qui est mon objectif principal pour la seconde partie de saison.
Chelsea n’a plus le Blues