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Barcelone, des trous dans la tête

Par Adrien Candau
4 minutes
Barcelone, des trous dans la tête

Carbonisé par Liverpool ce mardi en demi-finale retour de la Ligue des champions (4-0), Barcelone a achevé de confirmer les doutes relatifs à la pauvreté de son projet, comme de son identité de jeu. Des maux jusqu'ici habilement dissimulés par le génie de Lionel Messi, qui ne peut plus masquer à lui seul un triste constat : le Barça d'Ernesto Valverde n'a jamais eu grand-chose dans la tête.

La sanction est donc tombée aux alentours de 23 heures, ce mardi. Luis Suárez regarde ses chaussettes, Lionel Messi tripote nerveusement sa barbe et le regard de Busquets, hagard, est comme perdu au milieu des travées d’un Anfield incandescent. Liverpool vient de coller quatre bastos dans la tronche du FC Barcelone, et les Catalans, vainqueurs 3-0 à l’aller, peuvent dire adios à une finale de Ligue des champions qui leur tendait les bras. Extraordinaire ? Oui. Surprenant ? Pas tellement. Car voilà des années que Barcelone a des airs de colosse aux pieds d’argile. Un colosse sûr de sa force, qui a décidé d’arrêter de réfléchir. Mauvaise idée.

Naufrage mental

Les Catalans ne pourront pourtant pas dire qu’il n’y avait pas eu de signe avant-coureur. L’année dernière, le Barça sombrait 3-0 en Italie face à la Roma, dans un match que les Blaugrana auront joué comme des petits enfants apeurés par une punition qu’ils savaient inévitable. Comme face à Liverpool cette année, les Catalans avaient d’ailleurs remporté la rencontre aller sur leur terre sur un score confortable (4-1), mais qui n’avait en rien reflété la physionomie d’une rencontre plus équilibrée. Même cause, même effet, un an plus tard : en se reposant trop sur les acquis d’un match aller dont le score était une donnée illusoire, Barcelone s’est miniaturisé mentalement.

Les Catalans se sont d’abord lovés dans une forme de suffisance, symbolisée par ce crochet de trop de Messi à la 16e minute, qui choisissait alors de tenter un dribble supplémentaire, plutôt que d’armer sa frappe, alors qu’il était en position idéale pour marquer. Peut-être le tournant éphémère d’une rencontre au cours de laquelle les Reds ne menaient encore que 1-0, avant que la sérénité de façade de Barcelone ne se mue en peur panique en seconde mi-temps. Liverpool n’avait dès lors plus qu’à se nourrir de la terreur adverse pour dessiner son exploit. « Nous devons faire notre autocritique, déclarait Luis Suárez après le match. Nous ne pouvons pas commettre la même erreur deux années de suite. Nous sommes des adultes et nous devons nous dire les choses… Sur le quatrième but, nous avions l’air d’enfants. »

En panne d’idées

L’approche mentale du match est évidemment en cause, mais, à l’origine du mal, il y a sûrement aussi toute une réflexion sur le jeu, l’approche collective, qu’Ernesto Valverde et le FC Barcelone semblent avoir abandonnée en cours de route. Quel nom ressortir de la campagne de C1 2018-2019 du FC Barcelone ? Lionel Messi. Et ensuite ? Rien, ou alors si peu. Il ne reste plus grand-chose de la merveilleuse division des tâches opérée par le trio Suárez-Neymar-Messi, qui avait emmené le Barça au sommet de la C1 en 2015. Iniesta et Xavi ne sont plus là pour réguler la mécanique au milieu de terrain, un entrejeu souvent cité comme la clé de l’hégémonie barcelonaise du temps de Guardiola, alors que les techniciens comme Ivan Rakitić ne parviennent plus à faire la liaison avec une ligne d’attaque déconnectée du restant du bloc équipe. Le match de Suárez et Coutinho (deux anciens de Liverpool, drôle), paumés de bout en bout mardi soir face aux Reds, en fut une illustration édifiante. Dès lors, alors que Barcelone coulait aussi derrière, il ne restait plus que Messi.

Le dangereux syndrome argentin

Le club catalan, qui s’éloigne année après année de l’emphase sur le collectif et le mouvement qui ont fait tant de fois son succès et sa gloire par le passé, a misé all in sur l’Argentin. Un type qui avait déjà à lui tout seul torpillé Liverpool, pourtant supérieur dans le jeu, à l’aller. Un syndrome du sauveur tentateur, mais dangereux, dans lequel s’est justement enfermée l’équipe d’Argentine, et qui aboutissait notamment au mondial désastreux de l’Albiceleste en 2018. Messi, du haut de ses douze buts en C1 cette saison, aura bien essayé, multipliant les échappées fantastiques dans l’axe, mais il était à chaque fois rattrapé par un tibia, une jambe qui traînait et, cette fois-ci, le miracle ne devait pas s’accomplir.

Parce qu’on n’a jamais vu un type remporter à lui seul une Ligue des champions. Et que Jürgen Klopp a achevé de prouver qu’avec de bonnes idées et des tripes bien accrochées, on pouvait atteindre une finale de C1 avec Divock Origi en pointe et Xherdan Shaqiri sur l’aile droite. À méditer, pour un Barça qui a plus que jamais besoin de se remettre à phosphorer, s’il ne veut pas paumer une bonne fois pour toutes son identité en cours de route.

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Par Adrien Candau

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